La sixième édition du Festival International BABA VILLAGE s’est achevée le 19 novembre 2023 au terrain des Léopards par une prestation monumentale de Floby. Un festival qui aura battu tous les records d’affluence.
Le monde d’aujourd’hui est construit de telle sorte que l’isolement total est impossible. La tenue d’un tel festival au Burkina Faso dans un tel contexte permet de renforcer la socialisation des compatriotes. C’est-à-dire que chacun, par interaction avec son mode de vie, va intégrer les modèles culturels qui l’entourent. Enfin, ce partage d’une culture commune permet une certaine cohésion sociale.
L’Etat burkinabè et les partenaires qui ont cru à ce projet de ce jeune artiste talentueux ont vu juste. Au lendemain de ce festival, tout le monde est unanime pour affirmer que le Festival International BABA VILLAGE fut un franc succès sur toute la ligne. Aucun incident majeur, aucun grabuge ni pugilat…c’est le plan rêvé de tous les directeurs de festivals. Arriver à clore une édition dans les conditions pareilles, c’est la cerise sur le gâteau.
Pendant quatre jours (du 16 au 19 novembre), les ouagalais convergeaient tous les jours du côté du terrain les Léopards pour bénéficier de toutes les offres offertes sur le site. Les produits d’assurance, les produits artisanaux, les vêtements et autres accessoires de mode, les gadgets et offres téléphoniques, la gastronomie et boissons…

A en croire les exposants et propriétaires de stands, ils n’ont pas eu besoin d’attendre les jours de pointe pour écouler leurs produits. Dès l’ouverture du festival, ils se faisaient de bons chiffres. Les tenanciers de stands gastro et boissons étaient débordés.

Le maillon le plus important de ce festival était les régies sono, lumière et tout le backline. Ce secteur était géré des mains de maître par Issouf Balima, qui avait rassuré les hommes de médias 48h avant, que ce volet ne souffrira d’aucune contestation. Deux podiums et deux scènes étaient érigés sur le site. L’un était réservé pour les artistes en herbe et les partenaires et le plus prestigieux et majestueux podium conçu par KK SOUNDS, surplombait tout le site. La régie son et lumière était fourni également par cette structure qui a le vent en poupe en ce moment. KK SOUNDS aura marqué des points en matière de couverture sonore dans un tel espace ouvert. L maîtrise des différentes cérémonies ont été parfaitement assurée par une bonne brochette des présentateurs non des moindres tels que Jacky El Feno, Freddy Lino, Soufiane Ouédraogo…

Le directeur du festival Aziz Abdoul TIEMTORE, la cheville ouvrière du festival a su contenir ses émotions face à la pression qu’il subissait tous les jours, tant avec les artistes, les prestataires et les exigences logistiques. C’est environ 4 000 festivaliers que le directeur a accueilli par jour, les trois premiers jours sur le site. Au quatrième et dernier jour, le nombre avait doublé et l’accès sur le site était impraticable. Tous les casiers de boissons étaient réquisitionnés pour servir de chaises ou de table. Des festivaliers sont même allés s’asseoir près des fourneaux de braise des restauratrices.

La planification artistique était assez étoffée avec une première partie réservée aux prestations playbacks qui commençaient tardivement autour de 21h et la grande scène qui accueillait environ 6 (six) vedettes de la chanson moderne et traditionnelle. Une journée a même été réservé au plateau féminin. Les performances de ses créateurs étaient pour la plupart à la hauteur avec des exploits des uns inattendus. Les noms qui reviennent comme des artistes qui ont illuminé ce festival, on peut sans hésiter citer ; Zougnazagmda, Sadjio Kodda, Kalam, Rama N’Goni, Barack La voix d’Or, Amzy, Sofiano, Ella Nikiéma, Pamika et Floby. Francky Degam et Tourou ont agréablement surpris le public grâce à leur éloquence artistique. Les déceptions sont mises au compte de Limachel, Mara et Elty qu’on attendait pourtant beaucoup dans ce festival. Ils sont passés à côté.

Le Festival International BABA VILLAGE aura eu le mérite d’offrir des plateaux alléchants à toutes les tendances d’artistes avec des styles musicaux différents. Des plus aguerris aux débutants, tout y était sans discrimination. L’autre satisfaction majeure est la sécurité. La police nationale a parfaitement rassuré les festivaliers. Ceci renforcé par la structure de sécurité CASD SECURITE. Une société privée experte en sécurité évènementielle.
En termes de perspectives et au regard de l’ampleur que prend ce festival, il serait judicieux que FLOBY (Noom-Naaba) et son comité d’organisation envisagent professionnaliser davantage ce festival.
- L’espace en l’occurrence le terrain des Léopards semble déjà exigu au regard de la forte affluence. Une délocalisation sur un site deux fois plus grand serait idéale. Cela facilitera le travail de la police, gendarmerie et sécurité. Et un déploiement logistique plus vaste permettra aux techniciens de mieux s’organiser, permettant par ricochet une fluidité dans la circulation des festivaliers. Le terrain des Léopards est très compact, la moindre échauffourée peut faire paniquer les festivaliers déjà confinés sur ce site. Le terrain Newton pourrait combler cette inquiétude.
- Il serait avantageux que la culture burkinabè ne se renferme pas sur elle-même. Passer chaque année à s’auto-glorifier ne pousse pas nos artistes et notre industrie du spectacle de grandir et surtout de mesurer ses performances face aux autres. Inviter les grosses pointures de la musique africaine au festival donnera plus de tonus et de crédit à l’évènement sur le plan international. Surtout, cela permettra à notre industrie musicale de prospérer vers d’autres cieux.
Même « perdu » en plein Sahel avec tous les stéréotypes qu’avance la communauté internationale sur le Burkina Faso, une culture doit toujours entrer en relation avec l’autre. La musique de nos jours ne vit pas en vase clos. La relation peut s’établir de manière insidieuse dans ce festival. Un artiste, un producteur ou un directeur de festival peuvent donner à l’autre et recevoir de l’autre sans le savoir.
Voilà pourquoi «la diversité culturelle » dont on parle tant aujourd’hui n’est pas seulement un effet de mode. Cette diversité pourrait signifier la non-domination d’une culture par rapport à une autre, la reconnaissance de chaque culture par la culture voisine ou lointaine ; le respect mutuel, l’acceptation du partage des biens et des valeurs culturels.
Hervé David HONLA
Leave feedback about this
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.