La 4e édition du marché d’art contemporain de Ouagadougou, appelée Wékré, se déroulera du 6 au 12 novembre 2023 au Parc urbain de Bangr Weogo. Cet événement est organisé par le Collectif Wékré et revêt une grande importance pour la scène artistique du Burkina Faso, visant à renforcer sa visibilité en Afrique. Cette édition passionnante a pour thème “L’invention de la femme en Art” et réunira environ 70 artistes, nationaux et internationaux, ainsi que des professionnels de l’art. L’objectif principal reste de promouvoir la beauté du Burkina Faso à travers cet événement artistique annuel.
À cette occasion, OXYGENE MAG a eu l’opportunité de rencontrer Aboubakar Sanga, Secrétaire Exécutif du Collectif Wékré et Entrepreneur Culturel, qui est le moteur principal de ce projet artistique.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui a inspiré le thème “Regards femmes” pour la 4e édition de Wékré ?
Le thème principal de cette année concerne les femmes. Plus précisément, il s’agit de l’influence des femmes dans le domaine artistique. À travers ce thème, nous cherchons à recueillir l’opinion des femmes sur les arts visuels et les arts plastiques, ainsi que leurs réflexions sur la création artistique. Nous souhaitons également explorer les expériences des femmes travaillant dans ce domaine, y compris leurs contributions aux arts plastiques. C’est ce thème qui nous a poussés à poser ces questions.
Comment Wékré contribue-t-il à la promotion et au développement de l’art contemporain au Burkina Faso, tant au niveau national qu’international ?
Depuis l’arrivée de Wékré, nous avons constaté un renouveau dans le domaine des arts plastiques, à la fois au niveau national et international. Cela a entraîné la création d’événements artistiques et suscité un véritable engouement pour les arts plastiques au Burkina Faso. Les artistes plasticiens s’efforcent de rendre leurs œuvres plus accessibles au public burkinabè, et nous avons également travaillé pour rapprocher l’art du grand public en organisant des événements dans des lieux inhabituels mais adaptés à la présentation d’œuvres d’art. Nous avons également attiré l’attention des professionnels étrangers, comme en témoigne l’octroi de bourses d’études par l’Académie des beaux-arts de Kinshasa, que nous avons mises à disposition du ministère de la Culture pour soutenir la formation de deux artistes burkinabè sur une période de trois ans. Tout cela démontre notre impact positif sur la culture.
Pourriez-vous nous parler des objectifs spécifiques de Wékré 4 et des résultats que vous espérez obtenir grâce à cet événement ?
Nos objectifs spécifiques incluent la vente du maximum d’œuvres d’arts possible. Nous aspirons à devenir un marché de l’art prospère et souhaitons susciter l’intérêt des Burkinabè pour l’art, les incitant ainsi à acheter et à consommer des œuvres artistiques. Si nous parvenons à vendre une centaine d’œuvres exposées à Wékré cette année, nous prévoyons que le marché de l’art continuera à se développer. Deuxièmement, nous souhaitons mettre en lumière les femmes de Tiébélé, qui sont désormais inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Étant donné que l’accès à Tiébélé est difficile pour les Burkinabè et encore plus pour les touristes étrangers, nous cherchons à faire connaître ces femmes au niveau national et international, valorisant ainsi leur talent et soutenant leur travail. Enfin, notre troisième objectif est de mettre en lumière les femmes impliquées dans les arts plastiques, notamment les galeristes et les critiques d’art. Une innovation majeure consiste à repenser la scénographie du parc d’exposition en collaboration avec un scénographe.
Quel impact positif Wékré a-t-il eu sur la communauté artistique au Burkina Faso, en particulier en ce qui concerne la formation des jeunes talents ?
Nous avons déjà eu un impact significatif, car Wékré est devenu une sorte de famille. La plupart des artistes plasticiens burkinabè sont membres de Wékré, et nous sommes ouverts à tous les autres artistes. En tant que directeur, je m’efforce personnellement d’être présent à toutes les expositions. Aujourd’hui, les artistes en provenance de pays tels que ; le Mali, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo et la République Démocratique du Congo se sentent bienvenus à Wékré, et cela apporte de la joie non seulement à nous mais à toute l’Afrique. Nous formons également de jeunes étudiants passionnés par l’art, et nous constatons un intérêt croissant parmi les jeunes, qui publient des articles sur les œuvres d’art qu’ils découvrent.
Pourquoi est-il important d’inclure des activités pour les enfants dans le cadre de Wékré et comment cela peut-il influencer la prochaine génération d’artistes ?
Notre engagement envers l’éducation artistique se manifeste par l’intégration d’activités pour les enfants à Wékré. Les adultes peuvent parfois trouver difficile de s’engager pleinement dans les expositions en raison de l’effort que cela demande. Cependant, il est essentiel d’encourager les enfants à explorer le domaine artistique, même si cela ne signifie pas nécessairement qu’ils deviendront artistes. Certains d’entre eux pourraient devenir des collectionneurs d’art à l’avenir. Cette démarche vise également à élargir leur horizon et à favoriser leur ouverture d’esprit. Dans certaines écoles internationales au Burkina Faso, l’enseignement de l’art est une pratique courante, et nous cherchons à permettre à ces enfants de partager leur expérience avec ceux des écoles ordinaires. En utilisant l’art, nous pouvons contribuer à façonner la personnalité des enfants, les aidant ainsi à grandir avec une ouverture d’esprit. Chaque action entreprise à Wékré est le fruit d’une réflexion approfondie, et nous ne suivons pas simplement la tendance.
En quoi la participation des peintres de la Cour Royale de Tiébélé, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est-elle significative pour cette édition de Wékré et quel message souhaitez-vous transmettre en honorant cet héritage culturel ?
Les femmes de Tiébélé auront un impact considérable grâce à leur présence. Non seulement elles sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais elles ont également une portée mondiale. Bien que Wékré ne soit pas encore à ce niveau, nous suivons leurs traces. Cette rencontre permettra aux artistes peintres de présenter des travaux réalisés avec des matériaux différents de ceux utilisés par les femmes de Tiébélé, et cela pourrait donner naissance à de nouveaux projets. Il est essentiel d’organiser des activités et des événements pour promouvoir ces dames. Leur savoir-faire est transmis de génération en génération à Tiébélé, et en les invitant à Ouagadougou, nous permettons au public de découvrir leur travail. Elles sont nos invitées spéciales, nos personnalités honorées, nos mères et nos grands-mères qui possèdent un talent unique. J’invite chaleureusement les Burkinabè à venir en masse au parc et à participer à ces moments de peinture.
Les gens pourraient envisager d’offrir des tableaux en cadeau à leurs proches pour les fêtes de fin d’année, ce qui serait une initiative très intéressante. L’événement en fin d’année a été planifié dans le but de susciter cet intérêt. Je convie donc les Burkinabè à se joindre nombreux à cette célébration artistique.
N’douonmou Aïda