FIFF 2023 : Rencontre avec Jaco Van Dormael « Le succès d’un film, c’est comme un restaurant »
Tapis Rouge

FIFF 2023 : Rencontre avec Jaco Van Dormael « Le succès d’un film, c’est comme un restaurant »

Dans le cadre des rencontres avec les réalisateurs invités au FIFF, la journée de ce jeudi 5 octobre à la BOURSE à Namur était réservée au parrain de cette 38è édition, réalisateur belge Jaco Van Dormael.

 

C’est devant les étudiants en Arts du spectacle, des cinéastes, des professionnels de l’audiovisuels, des journalistes, des festivaliers ; que Jaco Van Dormael a dressé son parcours sous la forme d’un master class sans aucune forme de tabou. Répondant aux préoccupations de l’auditoire sans le moindre complexe.

Il s’est surtout fait découvert grâce à une comédie dramatique « Toto le héros » où il avait mis sur orbite, l’acteur Michel Bouquet qui incarnait le rôle d’un homme du troisième âge. Ce film a été récompensé au Festival de Cannes en 1991 dans la catégorie CAMERA D’OR. « Ce prix n’a fondamentalement rien apporté à ma carrière, bien que ça me fait plaisir » a-t-il déclaré. En effet, Jaco fait partie des réalisateurs qui font du cinéma par passion, mais sans véritable ligne conductrice ou attendre quelques bénefs en retour. Véritable anticonformiste, il est partagé entre le théâtre et le 7è Art. Raison pour laquelle, ce diplômé de l’Institut National des Arts et du Spectacle (INSAS) fait souvent des allers-retours entre ces deux filières. La preuve, malgré ses brillantes distinctions à la suite de son long métrage « Le Huitième jour » où il met toujours en scène un mongolien (une façon pour lui de rendre hommage à ses personnes en situation du handicap mental), il avait disparu du cinéma. Malgré que ce film ait eu un succès tant à Cannes 1996 qu’ailleurs, il fera un break pendant treize ans pour se consacrer au théâtre et la mise en scène. « Non, je ne jetais pas l’éponge, je voulais juste poursuivre dans l’art dramatique d’une autre façon. Mais je continuais à faire des petits films. Je préparais par la même occasion « Mr NOBODY » que les gens n’ont pas aimé. Mais par contre, ce film reste l’un de mes meilleurs. Le cinéma c’est comme dans un restaurant. Les gens vont manger dans les restaurants où il y a du monde. Pourtant, les autres font aussi de la bonne bouffe… Je ne regarde pas mes films. Je ne construis pas mes scénarios, c’est parfois ce qui me vient à l’esprit que je mets à l’écran. Il revient aux cinéphiles de porter un jugement sur mes films. Pas à moi !»  Poursuit-il.

 

Jaco Van Dormael (à gauche)

 

Commencé timidement, les échanges avec le public auront été au final, assez captivants. Ce qui a aussi permis de mieux découvrir certaines perceptions que le réalisateur se fait de la vie : « …Il y a tout un mystère qui tourne autour de la vie. Pourquoi je suis moi, et que tu es toi. Pourquoi on est ici et pas ailleurs. Si j’étais né en Afrique, qu’est-ce qui me serait arrivé, ou ailleurs, ou à une autre époque. Finalement, on se pose toujours les mêmes questions mais, on n’arrive jamais à avoir des réponses. » Conclut-il avec une lueur d’espoir à propos de cette jeunesse qui se lance de plus en plus dans l’industrie cinématographique. « …Ce n’est pas tous les jeunes qui font vite des films. Je connais beaucoup qui prennent des années avant de le faire. Ça viendra, dans les prochaines années, les jeunes vont nous surprendre… »

Notons enfin que Jaco est le Président d’honneur de l’ARRF, L’Association des Réalisateurs et Réalisatrices de Films Francophones. Il était également, Président d’honneur de la première cérémonie des « Magritte du Cinéma » qui se sont tenues en 2011 à Bruxelles. Aujourd’hui, il est le parrain du 38è FIFF.

Hervé David HONLA

 

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