Il fait partie des artistes musiciens qui ont pris position aux côtés du Chef de l’Etat Ibrahim TRAORE dans la lutte contre le terrorisme. Menfils Balla Yaaba ne cache pas sa dévotion et son « amour » pour ce jeune capitaine. Et il le fait savoir grâce à son association « Le Collectif National des Artistes Musiciens Engagés » (le CONAME) et aux actions qu’il mène à son endroit en soutenant également ses idéaux. Il ne l’a d’ailleurs pas caché dans cette interview exclusive réalisée le 4 aout 2023 à Tampouy dans l’arrondissement 3.
Pourquoi avoir ostensiblement décidé de soutenir les idéaux du Président Ibrahim TRAORE ?
Je voudrais d’abord m’incliner sur la mémoire des fils et filles qui ont succombé depuis huit ans à cette guerre lugubre qui endeuille notre cher et beau pays. J’avoue que la première fois que j’ai écouté le capitaine Président Ibrahim TRAORE, c’était dans une chaine de la télévision AFRICA24 au lendemain du coup d’Etat. Il m’a paru déterminé et surtout révolté par son discours. J’ai vu en lui, un jeune qui voudrait nous inviter tous à prendre notre destin et notre pays en main. Sincèrement, ce discours m’a toute suite convaincue et j’ai spontanément décidé de suivre son engagement. J’estime et cela n’engage que moi, Dieu nous a donné un second Capitaine Thomas Sankara ! Je décrypte et je partage régulièrement ses opinions à travers des échanges, mes prestations musicales et mais actions d’éveil citoyen pour la reconquête de notre territoire nationale.
Comment concrètement tu mènes cette lutte pour la reconquête du territoire national en tant qu’artiste ?
J’ai d’abord commencé ce combat seul depuis le grand rond-point de l’arrondissement 3 à Tampouy. En effet, c’est depuis 2014 à travers mes prises de position pour une justice universelle à tous et un combat noble pour l’unité de notre Faso. J’ai commencé à approcher les artistes engagés, ceux qui luttent pour certains maux qui minent notre société, notre profession et notre liberté. C’est ainsi que plus tard, après l’avènement d’Ibrahim Traoré, nous avons créé un mouvement qui comporte une trentaine d’artistes musiciens engagés dénommé « Le Collectif National des Artistes Musiciens Engagés » le CONAME.
Avant de mettre ce collectif en place, nous avons approché le chansonnier célèbre Zounazagmda pour avoir ses bénédictions. Nous lui avons certifié que nous adhérons aux idéaux et à l’appel du Président Traoré notamment, sur la question patriotique de « L’effort de guerre ». Car nous estimons que c’est aussi à notre tour d’aider les FDS, les VDP. Il y a des localités aujourd’hui qui ne sont plus accessibles aux artistes pourtant ; c’était dans ces zones que bons nombres d’artistes sont devenus riches et gagnaient bien leur vie à travers des prestations. Aujourd’hui, ces villes et villages ne sont plus fréquentables. Par contre, il y a aussi beaucoup d’artistes qui, grâce à ces villages, ils se sont payés des 4 Runners, des Range Rover et autre Land Cruiser. Maintenant, ils refusent de s’engager pour soutenir ces populations parce que leurs villages ont été décimé. Mais nous, nous avons décidé de soutenir ces villes et cette population.
Ce n’est pas parce qu’ils ne peuvent plus nous inviter que nous devons les abandonner. Moi Menfils Balla, j’ai le devoir de les apporter autrement mon soutien ! Nous sommes tous les jeunes de ce pays et depuis plusieurs années, nous traversons des moments difficiles. Si les tricycles ont contribué à l’effort de guerre, les mécaniciens, les fonctionnaires etc. nous aussi qui avions longtemps gagné beaucoup d’argents dans ces localités, nous devons aussi à notre manière apporter notre soutien à cet effort de guerre.
Nous avons aujourd’hui de nombreux déplacés qui proviennent de ces villages. Nous devons aussi leur donner de l’espoir du soutien partout où ils se sont réfugiés. C’est pour cette raison, à travers le CONAME, nous avons organisé ce concert le 29 juillet dernier à la place de la Nation. Mais je vous avoue que cela n’a pas du tout été facile ! Nous avons certes eu le soutien en conseils de Sa Majesté le Moogho Naaba, celui de Sidnaba, de Nana Bibata et de bien d’autres…Mais fort est de constater que bons nombres d’artistes ne nous ont pas accompagné. Pourtant, notre objectif n’est que purement patriotique. C’est notre pays à tous et ce sont nos frères et sœurs qui meurent au combat tous les jours. J’ai vu certains qui nous ont demandé purement et simplement, d’enlever leur nom dans la liste et sur nos affiches. Il y a beaucoup de personnalités culturelles et d’acteurs du showbiz qui nous ont fermé les portes au nez. Même le simple fait de partager nos affiches qu’on leur a transmises, ils les ont effacés dans leurs messages ! Ce que le CONAME mène comme activité, c’est uniquement pour soutenir la transition et apporter notre réconfort aux PDI, FDS et VDP. Il n’y a pas de velléités pécuniaires dans ce projet ! Certains sont mêmes venus nous dire qu’ils avaient un projet pareil. Nous les avons répondus de venir afin qu’ensemble, on le réalise. Ils ont refusé. Néanmoins, nous avons fait notre activité et nous avons pu collecter exactement 183.405 FCFA avec une pièce ghanéenne. Nous avons mis l’argent dans une enveloppe fermée que nous avons remis au Ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme. Je salue surtout ce Ministre Rimtalba Jean Emmanuel OUEDRAOGO qui a accepté notre projet. Il nous a accompagné au nom du Gouvernement et nous n’avons pas de mots pour traduire nos remerciements.
D’aucuns affirment que votre collectif a été soutenu financièrement par le Capitaine Président Ibrahim TRAORE. Confirmez-vous cette rumeur ?
Lors de la tenue de la 8è édition de mon festival BAYIR REEM qui avait eu lieu du 15 au 19 mars, j’ai entendu sur tout le site et durant toute la période du festival que ; IB (Ibrahim TRAORE) m’a donné 10 millions ! Je n’ai jamais vu le Président, on ne s’est jamais appelé, il ne me connaît même peut être pas ! La première fois que j’ai vu le Président c’était devant la télé quand il tenait son mégaphone. Ce n’est que le Ministre de la Culture qui nous a rédigé une note afin qu’on puisse diffuser nos spots à la Télévision Nationale du Burkina. Nous n’avons eu aucune contribution financière du gouvernement encore moins du Président ! Je pense que la Transition a plus besoin de notre soutien que le contraire.
Ce que j’ai compris du message du Chef de l’Etat, je le prends avec ma petite connaissance en français ; le Burkina est un champ et le Président appelle tous les compatriotes à venir cultiver sur ce champ. Au moment de la récolte, chacun va récolter ce qu’il a semé. Et moi, c’est ma participation en tant qu’artiste. Je me suis enrôlé depuis, mais on ne m’a pas encore appelé. D’autres m’ont fait savoir que, certainement c’est par ce que je suis un artiste qu’on ne m’appelle pas. Sinon ce combat, je le mène avec mes propres moyens par le biais du Collectif. Dieu merci, je voudrais saluer le soutien financier d’un mécène du nom d’Amadé Maiga, Président du CLP (Collectif des Leaders Panafricains). C’est lui qui a pris toute la logistique du concert de la Place de la Nation en charge. Sidnaaba a donné également sa participation au niveau de la communication. Sans oublier aussi le soutien de la participation des artistes. Mais malheureusement, il y a d’autres dont je préfère taire le nom, qui nous ont sommé de retirer leur nom à la dernière minute.
Pour la suite de vos activités du CONAME, qu’est ce qui est encore prévu ?
Déjà le 20 aout nous serons à Koudougou pour la suite de concert de soutien, ensuite nous irons à Manga, puis à Ouahigouya et Bobo-Dioulasso. Les artistes de ces différentes régions figurent déjà dans notre collectif. Le CONAME n’est pas créé pour diviser, mais pour rassembler. Je lance donc un appel à tous les artistes, les acteurs culturels d’y adhérer à travers les idées et autres propositions car c’est notre façon à nous, d’apporter notre soutien à cet effort de guerre.
Hervé David HONLA