Franz Schaible acteur social à Bielefeld : « Je suis ouvert à toute forme de collaboration »
Tapis Rouge

Franz Schaible acteur social à Bielefeld : « Je suis ouvert à toute forme de collaboration »

La pauvreté et la misère conduisent à l’exclusion sociale, à la réduction des possibilités d’éducation et des possibilités de participer à la vie sociale. C’est pour cela que, Franz Schaible en a fait son cheval de bataille toute sa vie. Cet allemand issu de la ville de Bielefeld a fondé la « Fondation Solidarité contre le chômage et la pauvreté » avec des citoyens engagés de Bielefeld. Également fondateur de la « Société pour l’emploi et la promotion professionnelles Bielefeld » (GAB), Franz dirige et fonde de nombreuses sociétés de solidarité à Bielefeld. Il créé depuis plus de 40 ans des structures pour lutter contre le chômage et la pauvreté.

Lors de notre séjour dans cette ville hospitalière, OXYGENE MAG a eu l’insigne honneur de le rencontrer. Il a bien voulu nous recevoir le 22 juin 2023 pour un entretien, dans son bureau modeste qu’il partage avec son assistance dans une ambiance conviviale.

 

 

Quand je vous dis BURKINA FASO. Qu’est-ce qui vous revient immédiatement à l’esprit ?

Ce pays me rappelle qu’il fut dans les années antérieures, nous avions envoyé des dons dans le domaine médical et plusieurs machines à coudre pour des associations. Ici, la Fondation accompagne les personnes sans emplois et c’est dans ce cadre que nous avions collectionnés plusieurs machines à coudre que nous avons envoyées au Burkina Faso dans le cadre des projets d’aide au développement.

Pourquoi vous êtes-vous consacré toute votre vie pour le social et l’assistance aux personnes pauvres ?

Je pourrai vous répondre que je fais une formation approfondie dans le social, mais c’est plus un engagement personnel et individuel. J’ai toujours et tous les jours de ma vie, remué mes méninges pour savoir comment pourrais-je faire pour aider les gens ? Quand je prends l’exemple des sans-emplois qui sont à torts stigmatisés, alors qu’ils sont des hommes et femmes comme nous, je me dis qu’il faut faire quelque chose. Ce fléau ne figure pas seulement ici en Allemagne, mais au Burkina, c’est encore plus palpable. Je pose régulièrement la question de comment pourrais-je justement accompagner ces personnes vers une vie active et épanouie ? La Fondation essaye donc de les aider financièrement et nous les accompagnons dans leur réinsertion.

“J’ai fait du social un engagement personnel” Franz Schaible

 

Parlant de réinsertion et d’accompagnement, comment selon vous les africains émigrés pourraient-ils s’intégrer ici ?

Notre objectif premier dans notre Fondation, ce sont les sans-emplois ici à Bielefeld, mais nous soutenons les populations des autres pays en rapport avec leurs communautés résidants ici. Je prends l’exemple des pays qui sont en conflits ; c’est avec les populations déplacées et les communautés qui résident ici que nous menons des activités en fonction de leurs besoins. Notre soutien est fonction des nécessités des populations sinistrées en rapport avec leur communauté qui résident ici à Bielefeld. La communauté nous approche pour des besoins particuliers, que nous collectons et acheminons plus tard.

Le Burkina Faso traverse depuis plus de sept années, une guerre asymétrique qui endeuille de nombreuses familles et des Forces de Défense et de Sécurité, entrainant des déplacements massifs vers les grandes métropoles. Votre Fondation s’intéresse-t-elle à ce genre de cas de figure ?

Nous avions soutenu certains pays en Afrique dans ce sens dans les années antérieures. Nous sommes en train de réfléchir sur d’autres formes d’assistances plus efficace. Nous ne pouvons pas nous engager spontanément. Il faut préparer, construire, orienter et suivre notre accompagnement avec bien sûr l’approbation des autorités et communautés locales. Aider au Burkina Faso, c’est possible. Nous en faisons en ce moment en Ukraine, car il y a des personnes déplacées en Ukraine qui vivent dans les centres de réfugiés. Nous les envoyons de l’aide à chaque occasion. A l’époque l’acheminement de l’aide se faisait sans complication, mais maintenant, il y a beaucoup de clauses et la distance est souvent longue. Pour le Burkina, il faudrait que nous trouvions la forme idéale d’aide afin quelqu’un puisse prendre le transport en charge. Ce qu’il faut surtout relever est que ; notre Fondation ne se déplace pas fortuitement dans un pays quelconque. Il faut toujours un partenaire local qui sert de relai. Si nous trouvons un bon partenaire, ensemble, nous réfléchirons sur les modalités. Mais le véritable dilemme reste la gestion idoine du transport.

” Pour le Burkina, il faudrait que nous trouvions la forme idéale d’aide afin quelqu’un puisse prendre le transport en charge.”

 

Si je reprends l’exemple de l’Ukraine, l’engagement social est multiforme et divers car tout le monde est au courant de leur situation. Cela suscite beaucoup de réactions de la part des pays. Pour le Burkina, je souhaite que ce problème soit aussi porté plus haut, afin que les acteurs du social et de l’aide au développement puissent apporter leur soutien sans aucune contrepartie. Car c’est uniquement la vie et l’émancipation des populations qui nous intéresse. Si nous allons organiser un appel à dons, il faudrait que la Fondation lance une vaste plateforme ici en Allemagne afin d’y communiquer de façon transparente. En un second temps, il va falloir exactement évaluer ce que les populations déplacées ou victimes veulent. Nous avons travaillé avec le Burkina il y a quarante ans et celui qui nous servait de relai est toujours ici. Mais les besoins aujourd’hui ne sont plus les mêmes. En bref, nous pouvons y réfléchir mais ce n’est pas aussi aisé que ça. Il faut trouver un partenaire local, évaluer les besoins imminents dans une perspective surtout de développement durable. Car il ne faut pas seulement intervenir une seule fois et puis disparaître.

“…Un volet social dans OWL AFROFESTIVAL peut être ouvert dans ce festival que d’ailleurs j’encourage et que je soutiendrai.” Dixit Franz

 

L’Association AFRIKA WAKATI organisera bientôt ici à Bielefeld la première édition de OWL AFROFESTIVAL. Quelle appréciation faites-vous de cette association qui regroupe l’ensemble des africains résidants à Bielefeld ?

Certes, je ne suis pas un expert de la Culture, mais en 2015, il y avait eu une vague de réfugiés syriens ici à Bielefeld. C’est ce qui nous avait amené à créer au sein de la ville, un festival de la culture dans le but de susciter une cohabitation entre le voisinage pour mieux se connaître. Notamment avec ces réfugiés où il y a eu des repas communautaires, des danses et musiques des différentes cultures. Je me rappelle également qu’il existait un festival dans une ville non loin d’ici qui consistait à recevoir des dons de matériels qu’on envoyait dans les pays africains. Un concept comme celui-là ; OWL AFROFESTIVAL devrait avoir également en son sein ce volet collecte et envoi de dons à destination de l’Afrique. Un volet social peut être ouvert dans ce festival que d’ailleurs j’encourage et que je soutiendrai.

Franz dirige et fonde de nombreuses sociétés de solidarité à Bielefeld

 

En conclusion, Monsieur Franz, quelle idée faites-vous du terme « cohésion sociale » ?

La cohésion sociale à mon humble avis, c’est d’abord le vivre ensemble. Et ce vivre ensemble, c’est la solidarité ! La solidarité dans le travail, dans le respect mutuel, dans le partage et la transmission. Ma Fondation s’appelle ; « Fondation pour la Solidarité contre le chômage et la pauvreté » et c’est que nous prônons. La Solidarité s’est aussi de pouvoir se parler à la même hauteur des yeux dans le respect mutuel. Celui qui travaille et celui qui cherche du travail doivent être dans la même dynamique. C’est l’amour du prochain qui grandit une Nation !

Un mot de fin ?

Je suis ouvert à toute forme de collaboration avec votre pays. Je ne sais pas par où commencer, mais je reste très ouvert pour tout projet social.

 Entretien réalisé à Bielefeld en Allemagne par Hervé DAVID HONLA

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