L’on peut aujourd’hui esquisser un sentiment de soupir en ces termes ! « Enfin les KUNDE ont eu lieu cette année ! »
Salfo SORE affligé ?
Pour bons nombres de burkinabè et même au-delà pensent que, la plus grande et prestigieuse cérémonie de distinctions des auteurs/compositeurs d’œuvres musicales du continent est en berne. Elle est en train de perdre ses lettres de noblesses. Sans véritablement l’affirmer, il y a néanmoins certains signes qui tentent de le confirmer. L’implication de son promoteur SORE Salfo dit Jah Press a littéralement baissé d’un cran. Ce n’est plus ce Jah Press très énergique, fougueux et très enthousiaste sur son KUNDE que nous avons vu cette année. Visiblement, et ce depuis la célébration des 20 ans de cet évènement, le Commissaire Général apparait très assagi, très évasif et surtout très pondéré quand on lui parle des KUNDE. Est-ce dû aux poids des responsabilités coutumières, administratives, familiales ou même le poids de l’âge ?
Toujours est-il qu’il apparaît de plus en plus que ce sont les mélomanes, l’opinion publique, les artistes auteurs compositeurs qui « provoquent » chaque année le débat, afin que les KUNDE puissent se tenir. C’est finalement comme si, le Commissariat général des KUNDE organise cet évènement aux forceps et sous la pression du public. Si cela ne dépendait que d’eux, ils allaient mettre la clé sous le paillasson. Surtout que lors d’une sortie de leur Commissariat Général, il avait évoqué à la 19è édition, un éventuel arrêt.
L’instabilité politique comme raison ?
Les évènements sociopolitiques et surtout sanitaires auraient précipité cet évènement à perdre espoir et surtout à se greffer dans une posture de victime collatérale de ses soubresauts. Pourtant, c’est le KUNDE qui devrait faire preuve de résilience. Pendant que d’autres évènements culturels naissent, des cérémonies de récompenses en Afrique fleurissent, les KUNDE semblent se désagréger. Le PRIMUD en république de Côte d’Ivoire, les CANAL D’OR au Cameroun et bien d’autres sont nés bien après les KUNDE et surtout, ils se sont greffés aux concepts de cet évènement. Aujourd’hui, ils rayonnent de la plus belle des manières en Afrique au détriment de l’évènement mère. Les KUNDE veulent-ils devenir comme le FESPACO ? Où certains évènements de l’industrie du cinéma en Afrique veulent « annihiler » cette biennale nourricière du cinéma ?
Les KUNDE doivent se ressaisir !
Dommage qu’un tel évènement après 20 ans d’existence, les partenaires rechignent à lui apporter un accompagnement consistant ! C’est malheureusement un mal profond pour le Burkina. Comparaison n’est pas raison ; mais, si les sponsors ne déposent pas moins de 20 à 30 milliards sur la table de Molar pour le PRIMUD et A’Salfo pour le FEMUA, le Burkina devrait au moins en donner la moitié. On parlera certainement de priorité, d’effort de guerre…pourtant, la résilience passe aussi par ça. Montrer à la face du monde qu’en dépit de l’ennemi qui veut saper la cohésion sociale, les activités culturelles phares doivent bénéficier d’un accompagnement substantiel à tous les niveaux.
La locomotive ralentie
Les KUNDE ne devraient pas aujourd’hui se dérouler au rabais, n’eut été la « guerre » que nous menons contre les forces du mal, cet évènement comme tant d’autres peine à s’épanouir depuis de nombreuses décennies. L’industrie du spectacle et du showbiz n’est pas encore véritablement rentrée dans nos mœurs. On encourage les évènements, mais les moyens financiers et infrastructurels ne suivent pas. Aucune salle de spectacle digne de ce nom n’est construite au Burkina. Pourtant, chaque année, environ quatre cinq (45) artistes internationaux de véritables stars panafricaines et mondiales foulent le sol burkinabè pour des spectacles géants. Seuls les promoteurs des festivals arrivent à les faire venir à vil prix en recollant les morceaux pour des prestations en plein air et ensuite dans les « maquis ».
Aujourd’hui les KUNDE se déroulent sur carton d’invitation. Pour la simple raison qu’il n’y a pas assez d’espace et de places pour accueillir le public. Les entreprises sponsors exigent un nombre exponentiel de cartons d’invitions, ce qui ne permet pas aux organisateurs de rentabiliser et de déployer une billetterie à la porte. L’économie des KUNDE en particulier et de certains évènements similaires au Burkina Faso, n’a véritablement jamais existé. La Culture est devenue du social. On organise pour faire plaisir aux gens en montrant que le pays va mieux, et non pour développer une véritable industrie culturelle. Quand un promoteur décide de multiplier les prix des pass, on crie à l’escroquerie ou à la filouterie. Le calcul est vite fait en fonction de prix d’entrée et du nombre de places, sans se soucier des charges. Certains estiment que le promoteur se fait un max de pognons, pourtant que dalle !
Unité d’actions
Dommage aujourd’hui que le KUNDE soit dans la même posture que certains évènements embryonnaires et similaires comme le sien. Raison donc de plus, qu’une synergie d’action doit être menée entre les directeurs de ces évènements, et non une concurrence déloyale. Plus ils sont unis, plus ils seront complémentaires et aptes à défendre leurs intérêts. Un calendrier annuel des évènements culturel doit être parfaitement bien établi et suivi à la lettre par tous les directeurs de spectacle professionnels.

Déployer l’évènement sur l’année
Au regard enfin de la nouvelle vision que le commissariat Général des KUNDE veut donner à cet évènement, il serait judicieux de revoir les activités de cette année. On ne peut pas crier sur tous les toits que c’est le manque d’oseille qui gangrène cet évènement et d’autres parts, multiplier d’autres activités connexes. Le Commissariat général doit avant tout se centraliser sur le Gala ! C’est la principale devise des KUNDE. Pour éviter des charges financières et logistiques inutiles dans une même période (72h), un déploiement sur l’année de ses activités serait idéal. Réaliser le KUNDE MUSIC EXPORT des mois ou semaines à l’avance et l’AFTER KUNDE des mois après le Gala. Toujours est-il que le public lors de la période du Gala, n’a d’yeux que pour cette soirée prestigieuse. L’évènement le plus oublié c’est l’AFTER KUNDE. Difficile de convier un mélomane et même un artiste dans une salle de spectacle organisée par le même promoteur au lendemain des KUNDE. Aucune exaltation ne sera de mise ; C’est dû soit à la fatigue ou à la déception de la veille pour certains. En organisant l’AFTER KUNDE trois ou quatre mois plus tard en guise d’évènementiel, ça permet de mieux le structurer.
L’édition 2023 qui vient de s’achever résume le climat dans lequel le commissariat général des KUNDE se trouve :La motivation de certains membres est en perdition. Ils n’apparaissent que timidement à quelques jours de l’évènement. Seul Almamy Becker OUEDRAOGO fait revivre l’évènement tout au long de l’année. Certains disparaissent dans la nature et ne réapparaissent que le jour de l’évènement ou lors des conférences de presse. Bref des prestations passives. Le commissariat général gagnerait à reprendre confiance en injectant du sang neuf !
Hervé David HONLA