Chœur Vox Christi en concert : Sont-ils les nouveaux héritiers du Chant d’opéra au Faso ?
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Chœur Vox Christi en concert : Sont-ils les nouveaux héritiers du Chant d’opéra au Faso ?

Le Chœur Vox Christi avait mis sur le marché du disque son premier album « Y zaamè » en février dernier. Afin de marquer davantage leur présence, il a offert le 14 avril 2023 au CENASA, son premier concert où le public s’est régalé avec des prestations variées et fusionnelles.

 

Dès 16h ce vendredi du 14 avril, la salle du CENASA était déjà parée des couleurs et du décor de la soirée dédicace. Dans une stricte organisation sous la direction du chef d’orchestre Wendpuiré Narcisse Wermi, le back line, la régie technique (Lumière, Son et vidéos) et surtout la trentaine des choristes étaient fins prêts pour 20h.

Chœur Vox Christi a déjà cette réputation d’être célèbre grâce à leurs multiples apparitions tant sur des plateaux TV que sur des scènes rares comme au Brésil, où il avait été sacré Meilleure chorale. Réputé pour être un chœur qui utilise beaucoup les chants d’opéra et les bel canto, ce groupe maîtrise parfaitement l’art du chant lyrique. Ceux qui ont effectué massivement le déplacement savaient donc ce à quoi ils devraient s’y attendre.

Une fois bien installé dans la salle avec le dispositif protocolaire habituel pour de telle cérémonie (Parrain, invités d’honneur, représentant consulaires, artistes d’honneur, autorités confessionnelles etc.), le chef d’orchestre Wendpuiré Narcisse Wermi faisait son apparition avec sa flottille de professionnels de la voix, précédemment béni par un fidèle et annoncé par le MC de la soirée Serge Poda.

Vêtu tous en Faso Dan Fani, accoutrement désormais naturel et évident pour une telle cérémonie, c’est le cantique de Mozart (1774) dans le titre « Missa Brevis In D (KV 194) » qui ouvrira le bal. Toute suite, le public a immédiatement cerné avec beaucoup d’attention et de sérénité la technique de chant d’une musique classique qui se fonde principalement sur le timbre. Mêlant virtuosité vocale et utilisation d’ornements, de nuances et de vocalises sur une tessiture la plus étendue possible. On entrait alors là dans une introspection musicale où la moindre erreur pourrait être une abomination ou un blasphème aux oreilles et dans la salle.  Les tubes des auteurs J.M VINCENT et James Warrick Armaah ont suivi celui de Mozart pour enfin laisser place aux œuvres de Wendpuiré Wermi Narcisse qui, à l’unisson a entamé « l’Hymne de la réconciliation ».

L’entrée en lice de l’artiste slameur atypique musulman Abdallah

 

Subjugué par les prestations surtout des voix féminines, le public a pu distinctement apprécier, grâce aux prises de vues grandeurs natures dans la salle des différents groupes de voix subdivisés. Soprano, mezzo-soprano et contralto. Quant aux voix masculines, quatre groupes distincts s’illustraient parfaitement dans cet orchestre, notamment ; les contre-ténors, les ténors, les barytons et les basses.

Dans les envolés lyriques et sous la forme d’un gouvernail, le chef d’orchestre a tenu en haleine le chœur sur des cantiques sur la religion notamment la gloire au Seigneur, la paix et la cohésion sociale avant de faire intervenir la première grande articulation de la soirée. L’entrée en lice de l’artiste slameur atypique musulman Abdallah à travers son titre « Allah Akbar » en collaboration avec Chœur Vox Christi.  « Dieu est le plus grand » en français a été chanté en arabe et en français devant un public médusé. Dans ce « duo » légendaire, ils prônent la cohésion sociale et le dialogue inter-religieux au sein des populations.

Pendant l’interlude, Serge Poda a tenu en haleine pendant une vingtaine de minutes le public et a profité vendre et offrir l’œuvre « Y zaamè ». Dans un accent humoristique, certains invités se sont prêtés même aux concours de chants.

En observant la formation Chœur Vox Christi, il ressort indubitablement que le mot « chœur » est associé aujourd’hui à un ensemble de choristes professionnels. Ce qui est différent du mot « Chorale » qui conserve sa connotation d’amateurs bénévoles. Pour arriver à franchir cette étape importante, Il est très important de suivre une formation en solfège, en langues étrangères, notamment, la diction du français, de l’italien et de l’allemand. Car elles sont les trois langues de base de l’opéra. Apprendre quelques bases au piano peut être aussi très utile, ne serait-ce que pour déchiffrer seul ses morceaux.

Pamika en feat avec Vox Christi

 

Particulièrement, Chœur Vox Christi pour ce concert dédicace a opté pour trois grands pianos sur scène et quelques apparitions de saxophones et percussions. Un choix voulu par le chef d’orchestre. Ce qui a d’ailleurs permis aux artistes mondains de rehausser le niveau de la soirée lors de la seconde et dernière partie. C’est ainsi que le très célèbre G.F Handel avec les titres « Lift up your Heads, o ye gates » et « O Christ, Rois des Rois » parfaitement interprété par Chœur Vox Christi avec une autre tenue d’apparat (Tout de blanc vêtu), mettait davantage en exergue le timbre vocal de l’ensemble de l’équipe. Le chef d’orchestre logiquement omniprésent sur scène s’est donné à cœur joie en enchainant trois compositions du Chœur avant d’inviter majestueusement Pamika sur scène. Habillée d’une splendide rouge robe sexy, elle a progressivement donné de sa stridente voix dans le tube « Tond na Tongue » à partir des coulisses jusqu’à l’achever en octave avec Chœur Vox Christi sous un tonnerre d’ovation.

Tout portait déjà à croire que Floby devait faire une grande sensation ce soir

 

Le temps d’introduire le double détendeur du KUNDE d’Or et PCA, Floby sur scène, le chœur en a profité souffler avec le titre « Les saintes portent s’ouvrent » avec J. Haydn. Afin d’être en phase avec le code vestimentaire du groupe, Florent Belemnyegre dit FLOBY a subitement rompu le silence dans la salle quand sa voix savoureuse a retenti dans les coulisses. Tout portait déjà à croire que Floby devait faire une grande sensation ce soir. Car son premier producteur Ismael Papus Zongo dit Commandant Papus était posté debout dans la salle avec devant lui, un de ces « lieutenants » managers Sam Floband à qui, il avait confié son téléphone pour filmer la prestation de son poulain. Dans une dextérité unique, originale et teintée d’exclusivité première, FLOBY et Chœur Vox Christi ont décortiqué le tube d’anthologie « Viima looda » à la sauce Opéra ! Le public est resté stoïque dans la salle, se laissant bercer par cette mélodie qui transperçait leur épiderme en insufflant de fortes émotions. Avalanche d’applaudissement à la fin de la prestation pendant que le « Baba » regagnait subtilement et simplement les loges.

Quelques plages de musique tradimodernes teintées aux ingrédients Warba et Liwaga avec la présence de la percussion ont étayé les dernières prestations du Chœur Vox Christi avant de clore avec le grand classique de G.F Haendel « Alleluia »

Certes Chœur Vox Christi est nominé au KUNDE cette année dans la catégorie « KUNDE DU MEILLEUR ARTISTE DE MUSIQUE RELIGIEUSE », Wendpuiré Wermi Narcisse affirme que la date de leur concert dédicace n’est qu’une pure coïncidence. Le 14 février dernier lors de la présentation de l’album, il avait déjà été annoncé la tenue de ce concert aux médias.

Il est néanmoins à noter que le public a été moins participatif durant toute la soirée. Pourtant, connaissant la fouge et la pugnacité des fidèles chrétiens notamment catholiques, on s’attendait à une véritable euphorie du public dans la salle surtout à travers les ovations. Parfois Serge Poda était obligé de plastronner ou de stimuler les applaudissements pour réveiller la salle. Il ressort également que Chœur Vox Christi est plus habile dans les chants d’opéra et le bel canto que les chants religieux tradimodernes burkinabè. Ils ont utilisé moins d’instruments modernes et traditionnels. Seuls deux djembés et une castagnette servaient d’instruments traditionnels.

Ce concert dédicace de Chœur Vox Christi a surtout permis à ceux qui ont entendu beaucoup de biens d’eux, que ce n’était pas un leurre !

Hervé David HONLA

 

 

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