Débuté depuis février, le projet “Transfert de Compétences dans l’art de l’humour” se poursuit. Ce projet est porté par le Cercle des Arts Vivants (CAV) qui est une association culturelle qui a vu le jour en 2009 et qui est sous la présidence de son excellence Gérard Ouédraogo. D’un coût élevé à 41 417 200 F CFA, le projet a été subventionné par le FDCT à la hauteur de 35 204 620 F CFA. L’apport personnel du Cercle de Arts Vivants est de 5 280 693 F CFA
En effet, le projet consiste à former des humoristes professionnels qui vont à leur tour transmettre leur savoir faire à la jeune génération. La formation de formateurs en humour est assurée par 3 trois Experts en la matière, à savoir deux metteurs en scène et formateurs totalisant plus de 30 ans d’expérience dans le domaine des Arts Vivants et dans l’approche des techniques de l’humour et d’un enseignant- chercheur en Art et Culture. Ces 3 experts auront pour mission de transférer leurs compétences à 10 humoristes professionnels ayant plus de 10 ans de pratique.
« Ce matin je suis venu échanger avec des formateurs qui sont sensés former des humoristes de notre pays sur les questions d’éthique et de déontologie dans la pratique du métier d’humoriste. Nous aurons une autre séance qui va faire le point des valeurs positives partagées qui peuvent aider l’humoriste à améliorer son projet /sa création face à un public burkinabè qui est de plus en plus demandeur de valeurs et de culture de son territoire. L’idée ce matin c’était de discuter un peu de ce que nous pouvons faire, ce que nous ne pouvons pas faire en raison donc de nos valeurs. Également de ce que notre profession nous interdit ou nous autorise de faire. La déontologie, tout comme l’éthique sont des outils qui vont permettre à l’artiste humoriste sur scène et avant la scène de quoi écrire et comment pratiquer son art pour être un agent de développement. Nous avons revu la notion de l’éthique qui sont des principes moraux qui guident la pratique au quotidien d’un individu /un groupe. Comment se comporter face à une situation ? Quelles sont les valeurs qui me donne la force de dire oui ou non ? La déontologie c’est vraiment les principes les règles qui vont régir la profession de l’humoriste dans lesquelles face à n’importe quelle situation. La déontologie tout comme l’éthique qui se complètent mutuellement pour permettre à l’artiste d’être lui-même sur scène et de traduire un certain professionnalisme sur scène et d’être en phase avec ses valeurs, les règles et les normes de la société » explique Dr Jacob Yarassoula Yarabatioula– Enseignant chercheur à l’université de Ouagadougou

Ensuite il y a l’élaboration du guide pratique : pendant la formation des formateurs, un comité de rédaction composé de 3 trois membres, sera chargé de produire un guide pratique de formation en humour. Ce comité est composé d’une écrivaine, d’un journaliste spécialiste des questions de la Science et de la Culture et d’un enseignant- chercheur dans le domaine des Arts et de la Culture. Ces membres auront la mission d’élaborer un outil pratique de formation en humour.
« Nous avons bénéficié du soutien du Fonds de Développement Culturel et Touristique et de l’Union Européenne. Cette formation doit réunir dix humoristes professionnels ayant au moins dix ans d’expériences et seront formé par des experts. Pendant cette formation il y aura l’élaboration du guide pratique de formation en humour. Après cette étape les 10 humoristes iront à leur tour dans 5 régions du Burkina Faso pour aussi à leur tour transmettre leur savoir faire à 35 humoristes. Nous profiterons pour installer ce rendez-vous mensuel du rire dans chaque région pour permettre aux gens de venir voir des spectacles d’humour chaque mois et aussi créer un cadre pour que les humoristes puissent se retrouver. Notre comité de rédaction travaille individuellement avec les humoristes » affirme Gérard Kiswendsida Ouédraogo porteur du projet transfert de compétences dans l’art de l’humour et directeur du cercle des Arts vivant.

Le guide pratique ainsi élaboré servira aux 10 nouveaux humoristes- formateurs de former 35 humoristes dans 5 régions du Burkina à raison de 7 humoristes par région. Notons que ces 10 humoristes- formateurs seront regroupés en 5 binômes, et chaque binôme séjournera dans une région pour former les humoristes.
« L’objectif de cette formation est de pouvoir former des formateurs qui ont déjà une certaine expérience qui vont à leur tour transmettre. En un mois nous allons recevoir des formations de plusieurs professeurs et à notre tour, nous irons sur le terrain pour transmettre ce que nous avons appris à la jeune génération. Nous avons dans l’ensemble compris que l’éthique et la déontologie existent au niveau de l’humour et du rire. À partir de maintenant nous allons respecter les différentes valeurs que nous avons pour que le travail soit bien fait selon nos traditions et cultures » analyse Alassane Dakissaga, metteur en scène, réalisateur, comédien de théâtre et de cinéma, humoriste et bénéficiaire du projet.

La formation des humoristes dans les 5 régions débouchera sur la production et la diffusion de spectacle d’humour dénommés ; « Le rendez-vous mensuel du rire » dans chaque région.
Pour ce faire, les cinq espaces culturels ayant abrité les formations bénéficieront chacun d’une part, de la construction de scénographie mobile pour leurs spectacles et d’autres part, de la dotation en vidéoprojecteur pour l’animation des rencontres d’échanges et de partages entre humoristes.
Il y aura également la mise en place d’un circuit de diffusion de spectacle. Les cinq espaces culturels, ayant leurs capacités artistiques et organisationnelles renforcées, seront mis en réseau pour créer un circuit de diffusion de spectacles, mais aussi d’accueillir des spectacles d’autres humoristes du Burkina et même d’autres pays.
Ce projet s’inscrit dans le cadre du deuxième appel à projet d’appui aux industries créatives et à la Gouvernance de la Culture, cofinancé par le FDCT et l’UE.
N’DOUONMOU AÏDA