lnoussa DAO est un artisan designer burkinabè . Il utilise des matériaux de récupération : le bois, le fer et la calebasse. Il expose ses créations un peu partout en Afrique (Bénin, Ghana, au Sénégal,) en Europe France, en Hollande, aux USA… Depuis 2006, son talent est internationalement connu suite aux différents Salons Internationaux de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO). Cette année il n’a pas pris part à la biennale ; alors nous sommes allés le 26 janvier 2023, à sa rencontre dans son atelier situé à Dapoya, pour une interview.
– Comment peut-on présenter votre métier ? Nous savons que vous êtes artiste designer. Y a-t-il autre chose ?
Je suis un artisan désigner mobilier. Je suis un récupérateur qui donne une seconde vie aux matières. (Le bois le métal etc.). Je suis également formateur en Design.
– C’est qui un artiste designer ?
Selon moi un artiste Designer est celui qui crée, qui innove et qui est en avance sur les autres.
– Quels ont été les grands moments de votre parcours dans ce métier ?
C’est un métier qui nous passionne. Je le fais d’abord pour mon propre plaisir. Le marché viendra par la suite.
– Vous êtes le directeur du Centre Lukaré. Comment fonctionne-t-il ?
Le Centre Lukaré est un projet d’artistes Designers, peintres et sculpteurs que nous avons créés en 2005. En 2009 on a continué le projet mais en nous focalisant sur le design. Lukare c’est en langue peulh et signifie le grenier. Pour moi, c’est le savoir. Ce sont des jeunes que nous formons. Ils sont appelés à avoir leur propre atelier demain.
On a le volet association et celui de la fabrication. Maintenant dans la commercialisation, il y a l’entreprise Galerie Lukaré y compris le volet formation.
– Quels sont vos rapports avec vos collègues de la corporation ?
Dans toutes les corporations il y a des hauts et des bas. Il y’a d’autres qui montent des structures pour profiter du financement. Mais moi particulièrement je n’ai pas encore pris 5f de notre ministère de tutelle. On demande souvent si est ce que l’art nourrit son homme ? Je crois que si tu fais du jamais vu, les gens viendront toujours vers toi. Si tu innoves aussi les gens vont aimer.
Personnellement je n’ai pas de rapport avec eux. Je sais que j’ai un ministère de tutelle, c’est tout !

– Quel regard portes tu sur le SIAO ? Cette biennale a été longtemps absente. Ce retour n’est-il pas salutaire pour vous ?
Le SIAO ne fait jamais de diagnostic. Normalement à la fin de chaque édition, les organisateurs doivent faire une réunion et inviter les acteurs concernés afin de recueillir les différents avis concernant les atouts et difficultés rencontrées lors de la biennale.
Depuis les années 2010 -2012, ils persistent dans les mêmes erreurs. Il n’y a ni concertation ni innovation, toujours les mêmes choses.
J’ai eu à prendre part à plusieurs salons dans la sous-région. Les autres ne font pas mieux que nous, mais il y a l’accompagnement de l’administration qui est là. Ici lorsque tu critique on te prend pour un rebelle. Moi je dis toujours ce que je pense parce que personne ne me paie. En Côte d’Ivoire par exemple ; les acheteurs professionnels arrivent à transporter facilement leurs marchandises à cause de la mer. Mais ici c’est un parcours de combattant sur tous les plans.
– Pourquoi vous n’êtes pas cette année SIAO, Pourtant, vous êtes l’une des pièces maîtresse du Design et de la sculpture au Faso ?
Ce mois, à mon avis a été mal choisi. Nous savons tous qu’en janvier, localement c’est le mois de la soudure. Et c’est le mois dans lequel les parents d’élèves doivent solder les frais d’inscription de leurs enfants. C’est très compliqué ! À la rigueur le mois de mai ou juin pouvait être idéal. Ils ont juste fixé une date parce qu’ils veulent le faire avant le FESPACO. L’édition n’est pas présentable. La Scénographie c’est moi je m’en occupe chaque édition. Mais cette année j’ai décidé de ne rien faire et de ne même pas participer. Je ne veux pas être témoin de ce fiasco. J’ai été très clair, c’est le mois qui a été mal choisi ! Maintenant il faut mettre des personnes ressources qui aiment l’artisanat pour sauver le SIAO.
Normalement le SIAO devait être organisé par la Chambre de Métiers. Parce qu’avant, l’artisanat était logé dans la Chambre de Commerce. Maintenant on a la Chambre de Métiers et c’est elle qui doit s’occuper de l’organisation du SIAO.
– On dit de vous effectivement, que vous êtes un artiste rebelle. Toujours insatisfait quel que soit les Hommes qu’on met en place. Que répondez-vous ?
Je suis très très rebelle ! Je suis quelqu’un qui fait les choses par amour je n’attends pas qu’on m’applaudisse. C’est mon domaine et je l’ai choisi par passion. Certains pensent que nous sommes des illettrés qui viennent dans le métier de l’artisanat, mais ils se trompent car il faut être très intelligent avant de pouvoir libérer son génie créateur.
– Quels sont les projets à court termes de Inoussa DAO ?
Cette année, je suis en train de me préparer pour une foire au Bénin et au États Unis à New Jersey précisément. J’ai toujours compté sur mon propre travail. Je demande également à la nouvelle génération de compter sur elle-même.
NDOUONMOU AÏDA