Votre Magazine est allé à la rencontre d’une femme battante de nationalité ivoirienne à l’état civil DIENG Aïcha Elisabeth et surnommé Joli Nuage Bleue. L’une des rares femmes au Burkina Faso à exercer avec passion le métier de manager de discothèque. Elle officie du côté de la discothèque, le CENTRE SUD « Une travailleuse de nuit exemplaire ». Disent ses proches. Elle s’est prêtée à nos questions, le 19 Août 2022 à Ouagadougou

Pourquoi tu te fais appeler Joli Nuage Bleu ?
On m’a donné ce surnom parce que tout simplement, j’aime la couleur bleue. C’est un artiste ivoirien qui m’a surnommé ainsi.
Quel a été ton parcours scolaire ?
De CP1 au BAC, j’ai été en Côte d’Ivoire et après, j’ai été à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar pendant 7 ans, où j’ai eu mon diplôme d’informatique et je suis revenu à Abidjan
Comment es-tu arrivée dans ce métier de manager de discothèque ?
Je suis arrivée dans ce métier à la suite du décès de mon père et j’ai aussi voulu découvrir le Burkina Faso. C’est par là que le Zébié Club m’a fait venir pour devenir hôtesse au niveau du comptoir. C’est par là j’ai commencé
A quoi consiste ce métier ?
Après hôtesse au Zébié Night-club, j’ai été manager dans une boîte de nuit à Dapoya. Ce métier consiste à faire venir la clientèle et faire des entrées. C’est grâce à ce métier que j’ai compris le sens du leadership et surtout la gestion des ressources humaines.
Que faut-il faire pour devenir Manager de discothèque ?
Être un manager, c’est être posé, réceptif et accepter les défauts des clients. C’est avoir le sang-froid et savoir comment s’entretenir avec les clients.
Est-ce que ce métier te nourrit et depuis combien d’années l’exerces-tu ?
Bien sûr ce métier me nourrit bien, sinon je ne serais pas toujours là. Je gagne beaucoup sinon j’allais changer de métier surtout que j’ai fait des études d’informatique. On ne finit jamais d’apprendre et on peut faire plusieurs activités à la fois. Je suis dans ce milieu depuis trois ans.
En tant qu’une femme ; comment l’opinion réagit quand elle te voit exercer ce métier généralement destiné aux hommes ?
Il y’a d’autres qui pensent qu’être manager, c’est la prostitution. C’est à dire, obliger de satisfaire la clientèle sexuellement. Par contre, d’autres m’encouragent parce que c’est étonnant de voir une femme qui gère des filles. J’ai 40 filles que je gère comme leur papa et maman.
Comment se passent vos rapports avec les hommes, les Dj, les serveurs et les clients ?
Ce niveau varie car le tempérament d’hier ne peut pas être celui d’aujourd’hui. Côté Dj ça va pour le mieux. Quand ils déconnent, je change tout simplement d’humeur avec eux. Sinon, j’ai l’habitude de m’amuser avec tout le monde. J’essaie de mettre de l’harmonie dans le travail. Sinon je suis simple de caractère, mais compliqué en ce qui concerne le travail.

Quelles sont les difficultés que tu rencontres ?
Beaucoup de difficultés oui ! Gérer une clientèle que tu ne connais pas, c’est pénible. Chacun affiche son caractère. Certains viennent pour consommer, d’autres pour draguer et spécialement. Il y a aussi d’autres qui viennent pour provoquer, bref ; c’est donc difficile de gérer ces différents cas.
Comment tu organises ta soirée de travail ?
Côté organisation, je crée des soirées pour satisfaire la clientèle. Ce dimanche (NDLR : la soirée de Kady Wendpouiré a été reporté pour ce dimanche 28 août au Centre-Sud), j’organise une soirée tradi-moderne avec une artiste en l’occurrence, la splendide Kady Wendpouiré. J’écoute beaucoup les critiques des clients pour m’améliorer. D’habitude nous sommes dans le zouglou, mais cette fois-ci, j’ai décidé de créer une soirée 100% burkinabè.

Pourquoi avoir opté pour le travail de nuit ?
Au début, c’était juste pour m’en sortir et éviter de dormir à cause du décès de mon papa. Mais après motivation de mes supérieurs, j’ai aimé le boulot. C’est la raison pour laquelle j’ai opté pour ce métier en toute sincérité.
Es-tu mariée ? Vis-tu avec un copain ? Des enfants ?
Je ne suis pas mariée. Je suis célibataire avec un enfant de nationalité française. Mais, je ne suis plus avec son père.

Comment ont-ils accepté ce métier ?
Pour l’enfant, il est petit et n’est pas au courant de ce que je fais. Pour ma maman, c’était un peu difficile. Elle voulait me voir faire le métier que j’ai étudié. Maintenant, elle a accepté ce métier.

Comment fais-tu pour faire connaître ta discothèque ?
Je suis plus focalisé dans la communication. J’essaie d’utiliser les canaux de communication pour me faire entendre. Et je suis presque partout, car je pars dans d’autres événements aussi pour représenter le maquis Centre-Sud.
Tu travailles au maquis Centre- Sud. Pourquoi ce choix ?
Bien avant le Centre-Sud, j’ai travaillé dans d’autres maquis. Mais j’ai aimé le travail ici, car l’accueil que j’ai reçu ici était chaleureux. Le gérant m’a accueilli ici à bras ouvert comme sa fille. Il ne m’a jamais refusé quelque chose concernant le travail. Si je veux mettre un événement en place et que j’ai des doutes, il me motive à le faire. Comme on aime le dire : seul un voyage ou la mort pourra nous séparer.
Des projets ? Et des conseils pour les jeunes filles ?
J’ai beaucoup de projets en cours car je compte ouvrir une discothèque. Pour aussi venir en aide à toutes ces jeunes filles qui n’ont pas de boulot. De nos jours, les jeunes n’écoutent plus ls conseils. Mais, si j’ai un conseil à prodiguer aux filles : elles doivent se prendre très au sérieux. Elles ne doivent pas se contenter de leur féminité pour refuser de travailler et préférer se prendre en charge par des hommes. Les temps ont changé ! Elles doivent trouver du boulot, mais bien avant, aller à l’école. C’est en travaillant qu’elles pourront avoir tout ce qu’elles veulent pour leur épanouissement.
Éjechiel COMAPORE (Stagiaire)