L’artiste Elty TANKOANO a mis dans les bacs à disques un EP (Extended Play). Une espèce de format de musique enregistré dans un support qui qui n’excède pas 4 titres baptisé « Un seul Homme ».
En nous le présentant hier au TIME OUT entouré des caïds du showbiz, qui pour certains avaient disparus dans la nature avec un producteur résident aux USA ; je me suis dit, voici un autre jeune artiste qu’on va encore sucer jusqu’à la moelle épinière puis ensuite, le jeter dans la poubelle comme un vulgaire os.
Un illusionniste au sein du staff
Dans un contexte où le rap, le Rn’B ou les musiques de variétés tendent de plus en plus vers la commercialisation, il est certes important pour les jeunes créateurs de mettre en place, avec l’aide de leur équipe, une réelle politique pour toucher une plus grande audience. C’est dans cette optique que l’importance des EP, de nos jours, se fait voir.
En effet, il est de plus en plus fréquent de constater que les artistes sortent leur album précédé d’un EP. Il s’agit là d’une méthode pour annoncer la sortie imminente de l’album lui-même, et par la même occasion, de voir le taux de réussite de l’EP et les retours qui vont avec.
Mais, ce que j’ai vu hier, m’avait tout l’air d’un cinéma hollywoodien, bref d’une mascarade montée de toute pièce. Un staff monté de toute pièce vient nous faire miroiter à la fois leur exploit sur le terrain et leur incompétence à diriger artistiquement un artiste qui entame une carrière professionnelle.
Le rêve assagi de la jeunesse
Les jeunes ont aujourd’hui, une autre philosophie propre à eux de lancer leurs œuvres. Ça peut paraitre anodin et insignifiant mais, pour la plupart des cas, ça marche, quand on y met du siens. Ils ont besoin de liberté de créer. Ils ont besoin certes d’être encadré, mais pas d’être détourner de leur idéologie et de leur rêve. Ils sont pressés car les nouveaux outils de communication les obligent. Par conséquent, Ils ont surtout besoin d’avoir confiance et de ne pas avoir peur de l’équipe qui les entoure.
Elty, sur le présidium ressemblait à un artiste qui ne savait pas avec qui il travaille. Tout flegme et moins loquace, à peine il osait regarder son directeur artistique en la personne d’Ace 1er dans les yeux. Tellement il avait une peur bleue et une crainte sournoise. Pourtant, les artistes d’aujourd’hui veulent se sentir dans leur peau. Ils aiment être maîtres de leur destin, bien qu’un staff les entoure. Un Directeur artistique qui affiche d’entrée de jeu à son artiste, des théories allégoriques à un jeune artiste qui ne demande qu’à être mis en confiance, cela augure des lendemains indécis.
S’entourer d’un Directeur artistique, n’est pas une mauvaise affaire en musique, mais, pour un artiste qui débute, ce n’est pas important. Une maison de production (s’il en a), un manager et une forte équipe de communication sont les plus importants pour un débutant.
Les textes d’Elty passent d’abord par la censure
Au regard du talent d’Elty, est-ce qu’il a encore besoin de quelqu’un qui va le guider en matière d’écriture ? Comment peut-on saluer le talent d’auteur d’un artiste et lui adjoindre encore un directeur artistique pour relire ses textes ? Pourquoi imposer un style musical avec l’apport de certains instruments à un créateur ?
Laissez les artistes dans leur délire ! Laissez les artistes créer, Laissez-leur dans leur imagination et leur rêve car c’est ça qui fait leur identité. On peut partir des onomatopées et faire carton dans la musique. Des exemples sont légions dans le monde. Ce n’est pas la qualité des textes qui importe aujourd’hui dans la musique, mais le rythme monsieur ACE 1er ! Beaucoup d’artistes font carton plein sur cette planète, mais le contenu des textes est pauvre.
Le staff a malheureusement conditionné l’artiste dans un rythme mélodieux quasi identique qui gravite autour de l’amour avec des chansons langoureuses. Certes sensuelles mais pas commercialisables. Aujourd’hui, il faut savoir allier le glamour au rythme et au folklore local. Pourtant, Elty possède tous ses atouts, mais à cause d’un Directeur artistique qui prétend avoir positionné toutes Miss du Burkina au firmament de leur Art, le jeune Elty se trouve taciturne dans son EP. Pourquoi donc prétendre avoir réussi dans la mode et revenir surfer dans la musique ?
Le rôle d’un Directeur artistique
Pourtant, un bon directeur artistique doit plutôt s’orienter autour de trois axes : la conception, la négociation et le suivi technique. Attention : dans la conception, cela concerne uniquement la réalisation des supports de communication visuelle. Il peut également créer des messages publicitaires sous plusieurs formes. Mais, de grâce, il n’intervient pas ou peu dans l’écriture de l’auteur. Sinon, il devient co-auteur.
Quand ACE 1er nous prend l’exemple des américains, nigérians ou autres… affirmant qu’ils se font entourer par des directeurs artistiques qui lisent et corrigent leurs textes. Ce n’est pas ce qu’ils font ! Leur travail est beaucoup image, communication, marchandising, marketing…
La musique de nos jours n’est pas basée sur les textes. Bien au contraire, bons nombres de créateurs mettent l’accent, sur la qualité technique d’arrangement, le mixage précédé par une cadence bien enlevée et surtout originale qui font leur succès. Mais malheureusement, le staff en l’occurrence son Directeur artistique est en train d’entrainer ELTY TANKOANO dans du déjà-vu qui le poussera dans l’ombre, bien avant-même d’être mis en lumière.
Espoir ou désespoir
J’aurai sincèrement préféré que Elty soit entouré par une équipe jeune et dynamique proche de lui et de ses fans, mais avec un noyau de conseillers discrets et modestes. Et non des Loup-garou qui fuient le pays à la moindre anicroche dès qu’on l’on découvre les manigances, pour revenir en catimini quelques années plus tard.
Les jeunes ont besoin des directeurs artistiques patriotes, des communicateurs qui croient à nos artistes et à la musique burkinabè. Qu’ils soient prêts à accompagner les productions des artistes même quand la pente dégringole.
Dommage, mais cet EP de Elty TANKOANO ne convainc pas ! Non seulement dans le fond, mais aussi dans la forme. Je souhaite néanmoins, que l’avenir me donne tort.
La rédaction