Le natif du quartier Zangouetin, depuis 68 ans, n’a d’yeux que pour son second métier, la musique qu’il pratique de façon professionnelle, depuis cinquante ans. Il a décidé donc de marquer un arrêt pour célébrer son jubilé du cinquantenaire. Un comité d’organisation a été mis en place, présidé par Youssef Ouédraogo. Devant la presse, le 29 juin à RAN Hôtel, il a présenté le déroulé de cette vaste célébration qui commencera en Octobre prochain.
La musique favorise les relations au-delà des mots. Elle est intergénérationnelle et son action est multiple. Source d’expériences corporelles, sensorielles, sociales car son plaisir peut être partagé avec ses proches, elle marque les étapes de la vie émotionnelle et contribue à l’identité d’une personne. En auscultant le parcours très riche d’Issouf Compaoré, on ne peut qu’arriver à une telle conclusion. Artiste multi-dimensionnel, il a écumé plus mille (1000) scènes à travers le monde et réaliser plus de deux cents (200) chansons.
Pourtant, tout n’était pas prédestiné au départ pour ce menuisier qui a vite fait de suivre son instinct. Dans les années 70, au moment où la musique burkinabè peinait à s’industrialiser pourtant, elle était bien consommée ; Issouf fera tout d’abord, le tour de l’Afrique ; le Niger, le Mali, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Congo, le Cameroun, le Gabon…pour des spectacles.
Ce fils de commerçant et de ménagère fera très vite parler de lui. Les tournées européennes, notamment en Suisse, en Italie, en France, en Allemagne entre 1988 et 1990 feront de lui, une icône de la musique africaine et ses œuvres seront plus trad inscrites au panthéon de la musique burkinabè. Considéré comme un trésor humain vivant, ses tubes aujourd’hui traversent le temps et rares sont ces mélomanes qui n’entonnent pas en chœur des tubes comme « ZENABO » ou encore « Dis-lui que je t’attends ». En 1991, il recevra en République de Corée, un trophée, une médaille et un diplôme au festival de l’Amitié où il donnera un spectacle époustouflant !
Aujourd’hui il est auréolé de nombreuses distinctions tant sur le plan national qu’international. De 1984 à 1988, il prendra successivement le 1er prix à la Semaine Nationale de la culture (SNC). Avril 2017, Trophée d’hommage des Trésors du Faso et FAMA d’hommage. En 2013, KANGO d’hommage et KUNDE d’honneur en Avril de la même année. Cet multiinstrumentiste a également été décoré à deux reprises par l’Etat burkinabè. Le 04 Aout 1990 de la médaille de Bronze du mérite du travail de la RDP et en 1999 il avait été fait Chevalier de l’Ordre du Mérite des Arts des Lettres et de la Communication avec agrafe Musique et Danse.
Issouf Compaore à la particularité de faire une musique dont les mélodies sont apaisantes. Les mélomanes avertis ont été sensibles à sa musique tout au long de ses productions. Thèmes universels et source de bien-être, les œuvres de Issouf sont de plus en plus utilisées dans la communication et la sensibilisation. C’est aussi un formidable générateur de lien social.
Responsable de l’Orchestre de la Présidence du Faso depuis 2004, il forme de nombreux jeunes très célèbres aujourd’hui à l’image de Mai Lingani, présente dans la salle aux côtés des doyens de la culture de la musique comme Martin ZONGO (CITO), Wango Roger, Oger KABORE, Désiré et les Sympathique et surtout son groupe musical et partenaires d’enfance les BLACKS PISTOLS.
Plus de 200 chansons à son actif, 8 albums et 33 Tours sur le marché, plus de 50 chansons publicitaires et de communication et environ une soixantaine de chansons de sensibilisation dans les 45 provinces du Burkina. Lors de point de presse, Issouf a donné quelques témoignages de sa vie d’artiste assez émouvante. Pour avoir fait douze fois le tour du Burkina Faso, il avoue avoir vécu des aventures émouvantes : « …A Falangoutou, dans le cadre d’une tournée de sensibilisation organisée par une structure internationale sur la lutte contre le Ver de Guinée ; Après avoir entonné une chanson devant des nombreuses pauvres femmes atteintes de cette maladie, elles sont allées chercher chacune portant sur leur tête des paniers de légumes, blé, mil, tubercules et autres pour m’offrir en guise de remerciements. L’émotion avait atteint son paroxysme et j’ai des versé des larmes. Pourtant, c’est moi qui devrais leur apporter quelque chose. Mais elles ont voulu elles-mêmes m’offrir leurs présents. » Raconte Issouf COMPAORE. Avec donc plus 100 tournées nationales et internationales et plus de 1000 concerts dans le monde, normal que le Burkina Faso lui rende un vibrant hommage.
C’est donc une batterie d’activités commémoratives qui a été présenté aux journalistes. Concert Live, le 7 octobre 2022 à la sale de la Mairie de Ouahigouya. Le 29 octobre à Tenkodogo dans la salle de conférence LAAFI. Le 5 novembre à l’Hôtel Splendide de KOUDOUGOU. Le 19 novembre à la Maison de la Culture de Bobo-Dioulasso et l’apothéose le 9 décembre à l’Hôtel SILMANDE de Ouagadougou. Des conférences publiques et Workshops seront organisées à l’intention des jeunes artistes en guise de partage d’expérience. Une autre conférence de presse sera donnée en présence des anciens acteurs de la culture pour une implication plus large des personnes ressources. Un livre et documentaire sur Issouf Compaoré sont en perspectives dans les prochains mois. Il serait incongru voire inadmissible que les structures étatiques, publiques et mécènes ne soutiennent pas ce baobab dans ce cinquantenaire que certains annoncent déjà d’historique.
Comme « La plus belle femme ne peut que donner ce qu’elle a », Issouf Compaoré a installé tout l’orchestre de la Présidence dans la salle de conférence pour une prestation de « ZENABO » sous les zooms et flashs des journalistes venus nombreux.
Au regard du témoignage hallucinant qu’a donné le Baobab de la musique burkinabè sur les conditions drastiques d’enregistrement en studio à cette époque, l’industrie musicale a complètement changé. De la formule analogique au numérique, c’est certes plus aisé mais la dextérité et la pratique du live perdent de leur authenticité.
Hervé David HONLA