Tanya : Le plus laborieux commence
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Tanya : Le plus laborieux commence

En faisant une analyse rétrospective du parcours artistique et musical de Douti Tani Bikienga dite Tanya, l’on peut arriver à la conclusion suivante ; il n’y a pas qu’une seule manière de réussir dans l’industrie musicale.

Aujourd’hui si cette « pauvre » fille native à la frontière du Togo-Burkina, est aujourd’hui devant tous les feux des projecteurs au Burkina Faso, c’est uniquement grâce à sa persévérance, son opiniâtreté, son audace et surtout sa dévotion pour une cause.

Il serait très fastidieux de retracer le parcours de cette jeune fille qui, en fin 2018 prenait le risque de ranger ses diplômes universitaires et de décliner toutes propositions d’emploie dans des institutions de renom, pour se lancer dans la musique. Pourtant, qui n’était qu’une simple passion juvénile.

Surtout dans un pays ou la Culture et principalement la musique sont des déperditions d’une société où la spiritualité est au centre des familles. Tanya a voulu peut-être pas casser les codes, mais suivre simplement son instinct. Dans son tube «Hopaaah Family » elle dit ceci ; «…Chose que tu ne sais pas, l’enfer je l’ai senti avant même. La mère de la zik m’a choisi… ». Elle assume pleinement son choix. Ce n’est pas par phénomène de mode ou par mimétisme qu’elle se retrouve comme par enchantement, la Wonder Woman de la musique burkinabè.

Son premier album « HEROINE » le prouve sans hésiter que Tanya n’est pas venue jouer à la figurante, mais plutôt s’illustrer dans les premiers rôles. Sans pour autant prétendre qu’elle est la meilleure, Douti dit dans son titre éponyme « Héroïne », l’un des meilleurs de cet album ; « … libère toi des chaînes et soit heureuse ». C’est simplement une invite à la femme à faire preuve de vertus exceptionnelles pour sa cause. En écoutant profondément ce titre révélateur de cet album ; on peut se poser sincèrement cette question : Faut-il être une héroïne pour pouvoir s’émanciper ou faut-il s’émanciper pour devenir une héroïne ?

Ce qui est certains dans le contexte de notre industrie musicale actuelle, Tanya est loin d’être la seule à vouloir se frayer une place sur l’échiquier mondial.  Des milliers d’artistes et groupes plus ou moins ambitieux tentent chaque année de percer et d’atteindre eux-mêmes une certaine réussite. Même s’il ne faudrait pas les considérer comme de la concurrence, il est indéniable qu’il faut apprendre à s’en démarquer. Tanya essaye donc dans la mesure du possible que sa voix, ses œuvres et surtout son premier opus « Héroïne » soient entendus et reconnus malgré la cohue.

Elle l’exprime d’ailleurs si bien dans son titre « Barika » chanté en langue Dioula avec la bienveillance collaboration de Sissao. Loin de vouloir prétendre assoir une hégémonie musicale sans partage gangrénée par la concurrence et l’hypocrisie, Tanya prône plutôt pour l’unité et la complémentarité d’action. Le tube « Hopaaah Family » ou encore sa gigantesque dédicace du 17 mai dernier à Canal Olympia Yennenga Ouaga 2000, l’atteste. On se croyait au lancement d’un nouveau parti politique des jeunes, avec comme invités d’honneurs Tahirou Barry et la célébrissime réalisatrice Apolline Traoré. Cette union sacrée des jeunes artistes burkinabè augure forcément des lendemains meilleurs. Dans un passé récent, qui pouvait encore imaginer qu’un artiste viendrait dans la dédicace de son collègue et acheter 100 CD (aujourd’hui clés USB) à Un million (1. 000 000 FCFA) ? Le célèbre Kayawoto (PCA 2021), l’a fait ce 17 mai en remettant au staff de Takoun Production, la coquette somme d’un million brut ! Comment peut-on qualifier cela, si ce n’est pas la solidarité !

Heureusement que l’on parle de « Héroïne » pour Tanya. C’est certes, une sorte d’affirmation, mais pas forcément vouloir faire dans le bad buzz en affichant ses opinions et ses images extravagantes. C’est avant tout par son branding, son look, son talent, son univers markéting qu’elle pourra donner du crédit à son métier qu’elle aime tant.

Aujourd’hui, ça pourra certainement surprendre plus d’un, réussir une carrière musicale, ne signifie pas forcément signer dans un gros major international. C’est d’abord et avant tout, passer dans les radios et télés locales, tourner au Burkina puis progressivement dans le monde. Au Burkina, n’en déplaisent à certains ; on peut devenir riche grâce à ses œuvres, être connu du grand public, faire des millions de vues à chaque fois sur YouTube, etc. Si les artistes africains le deviennent dans leur pays respectif, pourquoi pas nous ?

Tanya a opté pour une musique urbaine teintée d’Afrobeat, variétés love, dance hall saupoudrée de rythmes et de langues locales. L’aventure est en train de porter grandement ses fruits. Très ancrée dans une thématique largement puisée vers l’amour tout en protégeant mordicus la fille victimisée, l’auteur de « Mi Amor » a définitivement ravi le cœur de l’ensemble des burkinabè. Pas un fils du pays ne déteste cette artiste encore moins ses œuvres. Elle est très adulée voire adorée même par les nourrissons d’à peine 2 ans.

L’album « Héroïne » vient donc de hisser Tanya au sommet de son art, tant dans l’orchestration, le timbre vocal, la justesse et surtout l’harmonie. La brillante participation des arrangeurs et instrumentistes africains met fin aux supputations quant à ses prouesses en matière de musique vivante.

Au risque de se répéter, Tanya doit sans cesse avoir des objectifs. Ne pas surtout se contenter des acquis et patauger dans la routine, sur des mêmes concerts dans les maquis, mariages et les villages environnants. En plus de ça, son staff doit viser plus loin. Toujours rechercher d’autres challenges.

Il ne suffit pas d’avoir des objectifs et des rêves pour réussir. Il vous faut une stratégie et des tactiques adaptées au besoin. Attendre en ne faisant rien ne l’aidera pas. Ainsi, en fonction de ses ambitions, il est vital qu’elle injecte davantage de l’argent dans sa communication, autant qu’elle en gagne.  Le meilleur moyen de garder cette ascendance, c’est de faire des concerts et des festivals de grande envergure. C’est aussi le bon moyen de consolider sa fanbase localement. Renforcer sa stratégie marketing en ligne permettra de fédérer de nouveaux fans via les réseaux sociaux.

Il est enfin très important et c’est le moment pour Tanya de sortir rencontrer d’autres artistes et professionnels afin de créer des relations durables et d’échanger des opportunités.

Hervé David HONLA

 

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