Radhakrishnan Parthiban (Réalisateur Indien) « Je fais des films pour l’histoire et non pour l’industrie »
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Radhakrishnan Parthiban (Réalisateur Indien) « Je fais des films pour l’histoire et non pour l’industrie »

L’une des icônes du cinéma indien est présent à Cannes avec son film « Iravin Nizhal » (titre original), qui signifie « L’Ombre de la Nuit » Radhakrishnan Parthiban, puisqu’il s’agit de lui, est un réalisateur très célèbre en Inde pour ses prises de positions drastiques dans la qualité technique et rédactionnelle de ses films. Lauréat de plusieurs prix nationaux et internationaux dont 2 National Film Award en 1989 et 1999 et le prix du Jury en 2019 avec son film à succès « Otha Serupu Size 7 ».

 Présent au Marché du Film à Cannes pour la première fois avec son film « L’ombre de la nuit » tourné et auto-produit en narration non-linéaire, et en un seul plan-séquence. Une première dans le monde. C’est l’une des raisons fondamentales qui a poussé OXYGENE MAG à le rencontrer pour une interview exclusive ce 20 mai 2022 à la Croisette. Il présentera son film le 22 mai prochain au Marché du Film.

 

Les films Bollywoodiens sont beaucoup suivis en Afrique et principalement au Burkina Faso. Est-ce que vous êtes au courant de ça ?

Aujourd’hui vous m’interviewez en français avec une traductrice. Mais je vous promets que l’année prochaine, je vous répondrai en français (Rires). En effet, c’est vrai que les pays africains adorent bien les films indiens. Mais je voudrais que vous sachiez qu’il y a surtout Tollywood, une industrie du cinéma qui vient du sud de l’Inde, qui prend de l’ampleur et est en train de dépasser Bollywood en inde. « Iravin Nizhal » est un projet que j’ai porté depuis 30 ans qui épouse une autre grande particularité. Il y a certes des films qui sont tournés avec un seul plan séquence, mais se sont des films qui possèdent une narration linéaire qui ne durent que 15 à 20 mn. Mais le mien, c’est la première fois au monde qu’un cinéaste réalise un film de ce format en 98 mn avec une narration non linéaire.

On dit de vous, que vous êtes un réalisateur qui prend parti. Pourquoi on vous qualifie ainsi ?

C’est tout simplement parce que la majorité des films qui sont disponibles à Bollywood sont produits pour les producteurs et par les producteurs. Mais moi je prends uniquement en compte l’audience et le public. Je travaille pour les cinéphiles, car cette audience ne se retrouve pas sur les films commerciaux. Tous mes films ; de l’idée à la production en passant par l’écriture, le scénario, la réalisation ; tout est une autoproduction. C’est après la sortie du film que les gens découvrent que tous les films que je fais, je suis tout seul.

Radhakrishnan Parthiban après l’entretien avec le Directeur de Publication de OXYGENE MAG, Hervé David HONLA

Evoquons donc le film « L’ombre de la Nuit » que vous présentez au Marché du Film ici à Cannes. Pourquoi avoir mis 30 années pour le réaliser ?

Quand j’ai lancé mon premier film, je n’avais aucune prétention que cela allait être un bestseller. Ce film m’a donné un Award en 1989.  L’idée m’est donc venu de me focaliser sur des films qui peuvent être cooptés pour des compétitions, d’où ma présence ici à Cannes d’abord au Marché du Film. Mais au départ, je ne fais pas des films pour gagner de l’argent. Je suis un réalisateur qui veut rester dans l’histoire et non faire de l’industrie.

Pourquoi avoir voulu réaliser ce long métrage « L’ombre de la Nuit » dans un format assez irréalisable ; Notamment, en un seul plan-séquence ?

J’ai voulu que ce film soit un challenge et unique au monde. C’est un choix certes difficile, mais il fallait impérativement que je le réalise. Chaque film que je réalise, les techniques sont uniques et différentes. Mon challenge n’est pas de me rivaliser à un autre réalisateur mais de faire mieux que mon film précédent. Le film antécédent avait été réalisé avec un seul acteur. La réalisation, la lumière, la production, le cadrage, le montage et tout ; je l’ai fait tout seul. Personne n’y croyait au départ, les producteurs pensaient que c’est irréalisable. Ce film m’a donné deux « National Award ». Comme j’avais mis la barre assez haute pour moi, il faudrait que mon prochain, soit inédit et exceptionnel ! C’est donc un autre concept qui a consisté à réaliser ce film en un seul plan séquence et avec des scènes disloquées. C’était un défi contre la propre personne.

Vous êtes présents à Cannes au Marché du Film. Quels sont vos attentes ?

 Tout d’abord, je voudrais vous signaler que le musicien de ce film a reçu deux Oscars. De part son plan séquence unique, « L’ombre de la Nuit » possède tous les codes et les critères pour être nominé dans la sélection officielle à Cannes. Il le sera probablement l’année prochaine, c’est la raison pour laquelle je suis au marché pour trouver potentiellement des acheteurs qui auront besoin de le diffuser dans les pays en Afrique, en Europe en Asie ou en Amérique. Surtout être présent en compétition dans d’autres festivals dans le monde.

Hervé David HONLA

 

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