Il est la cheville ouvrière du festival de Cannes, Thierry Frémaux est le Délégué Général du festival, c’est exactement comme ce qu’est le Délégué Général du FESPACO.
C’est une véritable star ici au festival ! La preuve ; quand il est rentré dans la salle de presse pour la première conférence de presse de cette 75 édition, les journalistes l’ont spontanément ovationné.
Le cinéma fait partie de sa vie. Car dès son plus jeune âge, ce français né à Tullins-Fure (Isère) a été initié au 7è Art par son père qui était animateur des ciné-clubs. Par la suite, il deviendra chroniqueur radio, tout en étudiant bien sûr l’histoire du cinéma jusqu’à obtenir son DEA. C’est précisément en 1997, en tant que directeur artistique de l’Institut Lumière aux côtés de Bertrand Tavernier qu’il organise des évènements de cinéma à savoir ; le Centenaire du Cinéma en 1995. C’est en 1999 qu’il est nommé Délégué artistique du festival d Cannes, succédant à Gilles Jacob. C’est lui qui aura institué le retour des studios américains sur le tapis rouge. Il a étendu le Palais des festivals aux films de genre, au cinéma d’animation…

C’est en 2007, qu’il a été nommé Délégué Général du festival de Cannes, chargé à la fois du contenu artistique, mais aussi de l’intendance et de la gestion administrative et logistique du festival. Il possède à son actif deux films réalisés (Lumière, l’aventure commence en 2016 et Lumière, l’aventure continue en 2019). Acteur également dans six films, ce producteur, réalisateur et acteur âgé de 61 ans est un féru du cinéma !
Durant tout le point de presse, du 16 mai dernier, il n’a pas été assisté sur le présidium. Tout seul face à une centaine de journalistes critiques de cinéma venus des quatre coins du globe terrestre, il a répondu à toutes les questions sans faux fuyants, dans un ton parfois hilarant, sincère mais surtout en toute aisance.
Il a abordé en toute franchise, l’impact de l’invasion de la Russie en Ukraine apporte sur ce festival et notamment, sur le choix des films russes et de la participation des réalisateurs/Producteurs russes à cette édition. La perception ou les critères de choix des films en compétition a été abordé. Tout comme la participation des femmes dans la sélection officielle. « …Il y a 75% de femmes dans la sélection officielle. Parce qu’en France, il y a beaucoup de réalisatrices. Les choses évoluent positivement. Par exemple l’année dernière, tous les films ont été gagné par des réalisatrices. C’est bien de saluer cette évolution… » précise Thierry Frémaux.
Tout en donnant des exemples ou en énonçant certaines anecdotes sur des situations vécues à titre personnel, Thierry Frémaux évoque spontanément des noms, leurs filmographies, les dates et de surcroit les synopsis des réalisateurs de tous les horizons divers, sans la moindre ambiguïté. Fervent défenseur du cinéma dan son sens propre du terme, cette 75è édition sera également le temps de marquer une halte et s’interroger sur l’avenir du cinéma. Que devient le cinéma ? Pourquoi fait-on des films de nos jours ? Où doit-on les diffuser ? A qui sont-ils destinés ? Quel est l’impact des nouveaux canaux de diffusion ? Autant de questions qui feront l’objet d’échanges et de débats les 24 et 25 mai prochain lors d’un colloque.

La question de la présence des films de l’Afrique subsaharienne au festival de Cannes a été abordé par le Délégué Général, qui estime que la présence des productions africaines doit être vu dans la durée et non le temps d’une édition, tout en saluant la mémoire de Idrissa Ouédraogo, disparu le 18 février 2018. “Les films africains sont toujours présents à Cannes. Cette année, il y a en a. Ne vous contentez pas de faire un bilan sur un an, mais au moins sur cinq ans. La sénégalaise Mati Diop a été reine de Cannes en 2019. Elle est aussi le fer de lance d’une nouvelle génération de cinéastes de L’Afrique subsaharienne. Il y a eu la disparition d’un géant du cinéma africain qui est peut-être passé inaperçue ici, mais que nous tous, nous connaissons et rendons hommage, c’est Idrissa Ouédraogo ! Il venait beaucoup à Cannes. Il incarnait ce cinéma africain toujours présent à Cannes » Conclu le Délégué Général du Festival de Cannes
Hervé David HONLA