Considérée à juste titre comme étant, la vedette de la musique traditionnelle burkinabè, Nana Bibata possède aujourd’hui…vingt sept (27) albums sur le marché du disque. Sa dernière œuvre sortie le 6 février 2020 est intitulée « Yeel Somdé ». Véritable cantatrice, très réputée dans son pays, OXYGENE MAG est allée à sa rencontre le 9 novembre 2021, pour revisiter succinctement son immense parcours.
Bercée dans la musique traditionnelle, combien d’années de carrière déjà ?
J’ai près de 38 à 39 ans de carrière musicale !
Combien d’albums déjà à ce jour ?
Vingt-sept (27) albums sur le marché. A l’époque, il n’y avait pas assez de studios, c’était par le biais de la radio nationale que les artistes musiciens se faisaient produire. Les premiers studios furent Bazar musique, Koanda Ablassé et autres… Donc on a commencé à se faire produire par ceux-là.
Quelles sont les grandes distinctions que vous avez déjà reçues dans votre carrière ?
J’ai plusieurs fois été lauréate Prix de la Semaine Nationale de la Culture (SNC) au point que j’ai été classé dans la catégorie hors compétition. En danse j’ai reçu trois prix à la SNC. J’ai été trois reprises, Vedette de la Chanson Traditionnelle. J’ai reçu des prix de compétition communale. J’ai reçu des prix du ministère de la Culture. J’ai plusieurs fois été distinguée au Kundé. J’ai également reçu un prix de la part du projet SAHIRE pour ma contribution à la promotion du Faso Danfani à travers mon œuvre musicale nominée au clip d’or 2008 par la RTB. Ce prix était composé d’une tisseuse en action érigée en trophée et 50 pagnes de Faso Danfani.

Quelle appréciation faites-vous de la musique traditionnelle Burkinabè ?
Dans la musique il y’a des conseils, par exemple les thèmes comme l’éducation, la vie sociale, sont abordés. Il faut régulièrement puiser dans la musique traditionnelle pour rehausser le niveau de nos compositions.
Est-ce que la musique traditionnelle est suffisamment mise en valeur ?
Elle est en voie de développement car si nous observons, il y’a des musiciens qui chantaient en français mais aujourd’hui chantent en langues nationales. Mais ce que nous voulons plus, est que ; tous considèrent et valorisent la musique du terroir. Il y’en a ceux qui aiment déjà, mais certains aussi n’ont toujours pas compris. Je veux qu’ensemble qu’on fasse voyager la culture Africaine, qu’on la fasse avancer car c’est le Burkina qui gagne. Par exemple à la 27e édition du FESPACO, les troupes traditionnelles n’ont pas eu à prester ni l’ouverture, ni à la clôture. Pourtant, nous devons vendre (faire voyager) notre culture à travers la musique traditionnelle.
Vous avez sorti votre album l’année dernière, comment se porte-t-il ?
J’ai un album intitulé « Duniam » encore d’actualité. Après, il y’a eu « Yeel Somdé ». Depuis sa sortie, je n’ai plus le temps de m’assoir. Il est apprécié, et on m’invite pour le chanter en live lors des cérémonies.
Les jeunes ne semblent plus intéressés par la musique purement traditionnelle, comment faites-vous pour transmettre ?
J’ai produit un jeune, et son album est déjà prêt, il est déclaré au BBDA et nous attendons de faire la dédicace. Il chante mon rythme. J’ai aussi mon enfant biologique que j’ai formé pour qu’ils prennent le relais.
Comment faire pour promouvoir davantage la musique traditionnelle ?
Nous approchons les médias, tels que la télévision, la radio, pour leur montrer ce que nous faisons pour qu’ils jouent et font la promo. Il faut veiller à ce que dans les maquis, les bars, les festivals, et tous les endroits qui regroupent du monde, qu’on fasse jouer la musique traditionnelle. On fait également des tournées dans les différentes provinces.
Nana Bibata est considéré comme une icône de la musique traditionnelle, quelles sont vos projets ?
Il y’a des associations qui sont créées, et plusieurs autres en cours à travers le festival d’hommage.
Vous êtes l’initiatrice de la Nuit des Chefs Coutumiers. Quel bilan faites-vous de ce festival depuis sa création ?
A l’issue du festival nous organisons une conférence au cours de la quelle les Chefs Coutumiers, les élèves, les étudiants, et tout ceux qui s’intéressent à la Culture se rencontrent pour échanger. Les étudiants posent des questions aux Chefs pour mieux comprendre les coutumes Africaines.
Pour conclure ?
Pour un dernier mot ; je m’adresse à la jeunesse africaine, et de la diaspora qu’elles se souviennent de leurs racines, de leur culture et de leur tradition (la musique traditionnelle). Qu’elles soutiennent les acteurs de la culture autant que possible pour que notre culture persiste et persévère. Je salue le Moogho Naaba, le Roi de Tenkodogo, les cinq Rois et tous les Chefs coutumiers qui soutiennent le festival, et je les remercie. Je remercie tous les journalistes culturels, tous ceux qui font la promotion de la culture.
Micaëlle SAM (Stagiaire)