J’ai souvent l’habitude de dire que ; si rire est facile, faire rire est un peu plus technique. Donc par conséquent, il ne faut jamais délaisser le moindre élément.
L’humoriste Djo Lerapide a présenté sa quatrième création hier du côté de l’esplanade de la salle CANAL OLYMPIA YENNENGA OUAGA 2000. Sur le plan organisationnel, plus de peur que de mal. NKO Production et l’ensemble des prestataires ont sauvé les meubles. Car rien ne présageait un bon backline, au regard de la météo chancelante du jour. Une pluie diluvienne a arrosé 3h avant, les installations du spectacle. Au final, le public néanmoins fait le déplacement bien qu’avec les pieds dans les flaques d’eau.
NKO’ Production ayant joué donc sa partition, ce que j’attendais impatiemment, c’était la prestation de ce Djo Lerapide. De manière générale, sa prestation a été mi-figue, mi-raisin. Très belle entame mais beaucoup de déchets par la suite. Placé sur le thème du chagrin d’amour, c’est plutôt la première partie sur l’ironie des pasteurs qui m’aura sincèrement emballé.
Une belle présence scénique au départ avec un décor original qui corroborait avec les costumes des jeunes humoristes sur scène. Cinq jeunes comédiens qui ont su parfaitement créer cette osmose sur scène avec Djo Le rapide. Des répliques et jeu de rôles qui n’ont laissé personne indifférent. C’était du vrai Djo Le Rapide ! Le véritable clou de ce spectacle était ce duo magnifique entre l’interprète en mooré et Djo Lerapide sur scène. Une grande parenthèse ironique sur l’oraison des pasteurs quand ils s’adressent à leurs fidèles dans leurs églises. Un véritable tandem bien goupillé en termes de création et de contenu.
Malheureusement, le thème principal « Goumin » ou « Chagrin d’amour » a été purement et simplement décousu. Le rendu de ce spectacle laisse croire que ce one man show n’a pas été entièrement et subtilement écrit. Y avait-il un directeur artistique ou un metteur en scène qualifié ? Le ONE MAN SHOW n’est pas un amoncèlement de blagues, ni une causerie amusante. C’est avant tout un Art à part entière. Car si rire est facile, faire rire est un plus technique.
A mon avis, rien n’est plus sérieux que l’humour. Contrairement à ce que certains croient ; il est plus difficile de faire rire parce qu’à peine qu’une formule fonctionne, il faut l’abandonner pour vite trouver une autre. Mais Djo Lerapide, passait son temps à dire les mêmes choses. Le véritable dilemme dans l’humour, c’est qu’il est une denrée périssable, et plus la mode des humoristes progresse, plus le public est exigeant.
Djo Lerapide pense que faire rire, c’est un divertissement. Jamais ! C’est aussi une forme de thérapie et, comme tout traitement médical, cela devrait réclamer des années de travail, des résidences de créations, des formations, des remises en cause et recyclages. Beaucoup pensent qu’il suffit simplement d’être inspirés, pourtant, c’est tout un processus. Faire rire, c’est vraiment un métier ! Mais un métier passionnant.
Je prends simplement au pif, une scène que j’ai vraiment déplorée. Pourquoi Aladji Chilacci est remonté une seconde fois « perturber » le spectacle de DJO LE RAPIDE ? Est-ce que c’était préparé dans les répétitions ? Si oui, sa deuxième sortie était caduque, voire de trop et déshonorant. Quel était le but ? Djo Lerapide l’a laissé sur scène sans lui adresser la parole. Micro en main, Aladji Chilacci est resté planté comme un caïlcédrat, avant de s’éclipser en catimini. Une telle sortie gauche, dessers à la fois l’humoriste et le spectacle.
D’une manière générale ; il ne s’agit pas seulement qu’il joue l’humour, il faut aussi qu’il écrive ! En effet, l’humoriste, est un homme de scène mais aussi un auteur. Le one man show ne doit pas l’éloigner du métier de comédien. Mais dans le grand orchestre des arts de la scène, le one man show est un instrument à part entière qui s’enseigne avec ses propres règles. Il faudrait que lorsque nous allons voir un one man show de Djo Lerapide, ne nous leurrons pas, ce que nous voulons avant tout, c’est rire ! Mais rire utile avec une certaine chronologie dans le rendu de son spectacle. Pour ce spectacle, il n’y avait, ni tête, ni queue. Justement il s’est même achevé en queue de poisson, sans un véritable scénario de fin.
L’humoriste fait partie de ces rares métiers qui s’apprennent encore sur le tas. Bien que des structures commencent petit à petit à naître. On s’y lance par vocation et l’on forge soi-même ses connaissances au gré des scènes. Voilà pourquoi, je vois souvent des jeunes humoristes qui tâtonnent. Car ils se posent intérieurement la même question, si ce qu’ils vont dire-là sera drôle ? Seule la confrontation avec un public peut répondre à cette question.
Djo Lerapide fait certes, déjà rire, mais le dilemme réside au niveau de son style. Ce style concerne aussi bien le fond, notamment les sujets de ses créations, la façon de les traiter, la forme et surtout l’écriture. Le One man show, n’est pas un sketch.
Hervé D. HONLA