Depuis ce matin aux alentours de 10h je faisais le tour de fond en comble du siège du FESPACO. Juste pour m’enquérir de l’ambiance des préparatifs de la 27è édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou dont l’ouverture officielle est prévue exactement et jour pour jour le samedi 16 octobre.
La course aux infos
J’ai donc enveloppé un masque médical, pas seulement contre cette énigmatique pandémie, mais surtout pour ne pas me faire reconnaître sur les allées du bâtiment et même des bureaux où sont installés les responsables des différentes commissions.
Heureuse fut ma surprise quand j’ai fait mon entrée au hall du bâtiment. On se croirait à un jour ouvrable le lundi. Les professionnels du 7è Art étaient en train d’échanger certainement sur cette édition, tandis que, les exposants et autres futurs festivaliers avaient tous les yeux figés sur les tableaux d’annonces. Tous agglutinés devant les communiqués comme des « titrologues » postés dans un kiosque à journaux à Roodwooko. Chacun voulait s’enquérir des dernières infos inhérentes à leurs activités. Questions de la disponibilité des stands, la constitution des demandes des prestataires, les lieux des différents pôles d’animation etc. Bref, la moindre information sur le FESPACO était suivie avec une extrême attention. On se croirait devant notre petit écran en train de suivre Hugues Fabrice Zango en finale des Jeux Olympique du Triple Saut.

Pas de pause déjeuner
A l’intérieur du bâtiment, chaque commission s’y attelait. C’est à peine si on prêtait attention à ma présence. Tout le monde vaquait à sa tâche. Le bureau de la communication du FESPACO dirigé de main de maître par Gervais HIEN, travaille sans repos pour mettre à la disposition des milliers de professionnels et festivaliers toute la documentation de cette 27è édition. Même les kits repas disposés sur l’estrade n’intéressent personne. Chacun est concentré à avancer sur sa tâche. Malgré nos échanges avec toute son équipe, personne ne n’interrompe ce qu’il a à faire. Ils répondent à mes questions tout en travaillant sur leur ordinateur. Idem dans la commission accréditation et relations publiques où Madame KERE gère avec bravoure cette exaltante mission depuis presque deux décennies. Le temps juste de retourner son visage pour dévisager celui qui rentre dans son bureau devenu exiguë car le personnel s’est étoffé, puis elle se reconcentre dans son boulot.

Si je vous dis que les badges sont déjà prêts, certains me diront que je raconte des inepties. Pourtant cette commission avait travaillé par anticipation. Trois mois à l’avance, Madame Keré avait demandé par le biais des communiqués que les organes de presse internationaux et locaux déposent leur demande d’accréditations. Aujourd’hui, ceux qui l’ont fait, leurs différents badges sont déjà disponibles et emballés dans des cartons, dans des enveloppes sous plis fermés. Venu pourtant pour un reportage, j’ai été immédiatement interpellé dans son bureau pour réceptionner les badges de OXYGENE MAG.

Les artistes de dernière heure
Du côté de la commission animation installée dans une mezzanine ; deux grandes tables y sont disposées, pour accueillir les mastodontes enveloppes des artistes qui demandent à jouer soit en live ou en playback durant les festivals. Cet espace s’est transformé en un espace de course PMUB. Chaque artiste ou manager s’attèle soit à coller son timbre ou à remplir sa demande pour la remettre aux agents de MCAT et du BBDA qui sont très accueillants. Car, le dead line était prévu pour ce samedi à 12H. Visiblement dans une ambiance bonne enfant, sans aucun écart de langage, tout se passait paisiblement bien. A telle enseigne qu’un manager/chorégraphe du nom de Dimolo SANKARA s’est mué en écrivain public des artistes. Il s’y est installé pour rédiger les demandes de prestation des artistes musiciens. Toujours avec mon masque autour de mon visage, bons nombres d’artistes ne m’ont pas reconnu d’entrée de jeu. Dès que j’ai commencé à m’exprimer, certains se sont toute suite apeurée dans la pièce. D’autres même m’ont fait un salut militaire. « Ha !! Vieux père, excusez-nous, on ne vous a pas reconnu. L’ambiance a immédiatement changé ! Chacun a affiché un air raisonnable, comme si le « l’instituteur fouettard » est rentré dans la classe. Pour qu’ils ne soient pas déconcertés et embarrassés à cause de ma présence, j’ai rapidement fait ce que j’avais à faire et m’éclipser.

Pas de brochettes au siège
Mais non loin de là, j’ai été surpris par la présence des tissus à l’effigie du FESPACO 27 déjà disponibles. Une sous-commission était en train de les déployer pour d’éventuels mise à la disposition du public.
En voyant le virevoltant journaliste polyvalent Sport/Culture Abraham Bayili dit Crocheto en pleine conversation ardente avec son interlocuteur, j’ai toute suite compris que le FESPACO a véritablement commencé. Parce que lui là ; quand il commence à marcher et courir de partout comme un chasseur de mangouste ou de rat palmiste dans un évènement, c’est que les choses sérieuses vont bientôt commencer.
Une fois dans la grande cour du siège, j’aperçois au loin des impressionnants chapiteaux modernes qui jonchent toute l’espace. Je reconnais immédiatement les œuvres de FIMO Prestations d’Issaka Guire. Les techniciens étaient à pied d’œuvre au regard de la lourde ferraille disposée dans toute la cour. Ce qui sous-entend donc que le siège du FESPACO n’est plus une rue marchande de brochettes, riz gras ou encore sauce claire. Mais plutôt un espace réservé aux professionnels de l’industrie du cinéma. Dans cette foulée, le personnel de FIMO Prestations me confirme que le Boss Issaka Guire est présent sur le site. « Si je veux bien le rencontrer ». Immédiatement, je suis allé à sa rencontre et nous avons profité pour approfondir la réflexion sur la scénographie de la décennale des 12 PCA qui aura lieu le 28 janvier 2022 dans la cour de Canal Olympia Yennenga Ouaga 2000. La cérémonie sera organisée dans deux grands chapiteaux disposés dans la cour.

Pourtant, le 1er octobre, rien n’annonçait la tenue de la 27è édition. Tout était désert à la fois sur le site, dans les bureaux et même dans la capitale. Neuf jours après, Ouagadougou a changé d’habits. Les rues sont repeintes et remises à neuf. Les panneaux publicitaires sont habillés des affiches du FESPACO.
Le cinéaste américain et homme d’affaire américain Clint Eastwood disait ceci : « La beauté du cinéma, c’est de pouvoir tenter quelque chose de différent »
J’ai l’impression que la Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme, Dr Elise Foniyama Ilboudo/Thiombiano en compagnie de son comité d’organisation, voudrait tenter quelque chose de différent à cette édition.
Hervé D. HONLA