La Ministre Marie Laurence Marchal/Ilboudo a présenté ce lundi 13 septembre une déclaration liminaire de son département. Celui du Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire. Elle a fait le point des grands dossiers du moment portés par le ministère au Service d’Information du Gouvernement. Le premier volet était relatif à la prise en charge des personnes déplacées internes (PDI) et victimes de catastrophes naturelles. Le second est celui portant sur la protection et la promotion de certains groupes sociaux spécifiques.
C’est face aux hommes et femmes de médias que la Ministre a fait son point. Le nombre des personnes déplacées internes (PDI) est estimé à 1 423 378 à la date du 31 août 2021. Elles sont accueillies dans 274 communes du Burkina Faso. En ce qui concerne les sinistrés, on dénombre 20 829 personnes. Les catastrophes naturelles ont occasionné des dégâts matériels importants, 87 blessés dont 12 graves et 09 morts.
Le gouvernement par son département en charge de l’action humanitaire et ses partenaires ont apporté une prise en charge et un accompagnement psychosocial à ces personnes.
La prise en charge des PDI se résume comme suit :
- 313.769 personnes déplacées internes et populations vulnérables ont bénéficié d’une assistance alimentaire de 38000 tonnes sur les 13 régions. Cependant, priorité a été accordée aux régions à forts défis sécuritaires, telles le Centre-Nord, l’Est, le Nord et le Sahel ;
- A Kaya, Pissila et Ouahigouya, trois (03) forages fonctionnels ont été réalisés avec l’appui de la BAD ;
- 63 158 kits d’articles ménages essentiels ont été mis à la disposition des PDI dans les Régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Est, du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel avec l’appui du Programme d’appui aux collectivités territoriales ;
- 680 kits d’hygiène et de dignité, 542 kits de protection anti-COVID-19 ;
- La construction de latrines équipées de dispositifs de lave-mains au profit de 150 ménages de Djibo et Dori avec l’appui de la CEDEAO ;
- 78 708 PDI et populations hôtes vulnérables ont bénéficié de cash transferts pour un montant de 2 813 811 000 F CFA dans les zones d’intervention du projet Filets Sociaux.
Afin de permettre la fiabilité des statistiques et de pouvoir prendre en charge efficacement les PDI, une carte comportant un numéro de code barre sera remis à chaque chef de famille. Ainsi, elle pourra bénéficier des interventions de l’action social, même en cas de changement de site.
Pour les sinistrés, il y a eu un appui alimentaire, une distribution de kits d’articles ménagers essentiels, un cash transfert par ménage à titre de contribution pour la réhabilitation des logements détruits. Au total 577 ménages bénéficiaires pour le Centre-Nord, 80 pour le Sahel, 165 pour l’Est, 93 pour la Boucle du Mouhoun et 85 pour le Nord.
Par ailleurs, selon les données du rapport national 2020, 2 318 enfants présumés ou victimes de traite ont été interceptés par les services de sécurité. Au premier trimestre de l’année 2021, ce sont 374 enfants qui ont déjà été interceptés selon les données collectées par la Direction Générale de la Famille et de l’Enfant. Certains enfants ont été rencontrés lors des opérations de sécurisation du territoire par les Forces de défense et de sécurité (FDS), depuis le début de la crise sécuritaire. C’est au total 58 enfants qui ont été remis aux services sociaux par les FDS.
Parlant des enfants en conflit avec la loi, au cours de l’année scolaire 2020-2021, les internats éducatifs du ministère en ont accueillis 64 enfants.
Relativement au phénomène des enfants et jeunes en situation de rue, les résultats des différents recensements organisés dans les 49 communes urbaines du pays indiquent que notre pays comptait 2 146 enfants et jeunes en 2002 contre, 9 313 enfants et jeunes en situation de rue dont 1749 filles et 922 enfants de moins de 5 ans en 2016. 44, 24% de ces enfants vivent de la mendicité. Ces données mettent en évidence une tendance à la hausse du nombre de filles exposées et l’arrivée précoce en rue principalement des talibés et des enfants de moins de 5 ans avec leurs mères qui se livrent à la mendicité. Sur ce sujet la cheffe du département en charge de l’action humanitaire affirme que « je dis souvent aux femmes, il faut une maternité responsable »
Les mesures prises par le ministère sur ce phénomène sont :
- la mise en place des réseaux et des cellules communautaires de protection de l’enfance dans 45 provinces, 76 communes et 412 villages du Burkina Faso ;
- la mise en place d’un numéro d’alerte et de dénonciation des violences faites aux enfants, le 116 ;
- l’adoption de la Stratégie Nationale 2020-2024 de Protection de l’Enfant
- les interventions des équipes mobiles pour le retrait des enfants en situation de danger (situation de rue ou mobilité risque) ;
- l’accueil provisoire des enfants en danger dans les centres d’accueil d’urgence ou de transit pour une prise en charge psycho-sociale ;
- l’évaluation des besoins des enfants en danger et la recherche des familles ;
- la remise des enfants aux parents ou aux tuteurs après une sensibilisation/renouement des liens familiaux ou leur placement dans un internat éducatif où ils peuvent suivre un enseignement classique ou une formation professionnelle tout en bénéficiant d’un encadrement pour faciliter leur réinsertion ;
- 244 femmes précédemment dans les rues, ont bénéficié d’une formation, d’un équipement et d’un fonds de roulement pour la mise en œuvre d’activités génératrices de revenu. Le retrait de ces femmes a permis que l’on apporte une protection à 575 enfants.
Donc les enfants qui ont été retirés de la rue sont estimés à 2218.
En outre, dans notre pays un numéro vert, le 80 00 12 87 a été lancé pour la dénonciation des violences basées sur le genre et une meilleure prise en charge des survivants(es). Cette initiative a permis d’enregistrer entre mars et août 2021, 832 appels dont 555 cas de dénonciations de violences. Et sur ces 555 cas :
- 180 cas de violences physiques ;
- 286 cas de violences psychologiques ;
- 14 cas de violences sexuelles ;
- 56 cas de violences culturelles ;
- 19 cas de violences économiques/patrimoniales ;
Ces cas de violences ont concernés 473 femmes et 82 hommes.
Les actions menées en faveur des victimes sont :
– l’hébergement ;
– la prise en charge alimentaire ;
– la prise en charge sanitaire ;
– la prise en charge psychologique ;
– l’accompagnement juridique ;
– le retour en famille ;
– le référencement vers des structures mieux habilitées pour traiter certains cas.
Prise en charge des groupes vulnérable
Ce département dont Madame la ministre Marie Laurence Marchal/Ilboudo a la charge, a engrangé des acquis en matière de prise en charge des groupes vulnérables. Des acquis parmi lesquels on peut citer :
- Le Registre Social Unique des ménages et personnes pauvres et vulnérables au Burkina Faso. Il vise à mettre fin à terme, aux difficultés observées dans les prestations de service en faveur des personnes vulnérables. C’est un mécanisme coordonné de gestion de la protection sociale pour une réponse adéquate à la résolution des problèmes auxquels est confronté le pays dans le domaine de la protection sociale.
- La redéfinition des missions du Fonds National de Solidarité (FNS). Il avait pour missions d’assurer l’assistance sociale aux populations, la promotion socioéconomique des personnes vulnérables, l’appui aux secours d’urgence aux victimes de catastrophes naturelles et autres sinistres. Outre ces missions, le FNS a pour attribution nouvelle d’assurer aussi le financement du renforcement de la capacité de résilience des groupes vulnérables et/ou à faibles revenus afin de les rendre capables de participer pleinement au développement social et économique de notre pays.
- la création du Conseil national du développement intégré de la petite enfance. Il vise l’amélioration de la qualité et de la cohérence des interventions faites en faveur des enfants de 0 à 6 ans.
- la finalisation de la construction du Centre d’Education et de Formation Professionnelle de Ouahigouya afin d’accroitre l’offre de prise en charge des enfants en difficultés ;
- Le renforcement des capacités des structures de prise en charge des enfants en difficultés existantes ;
- La déconcentration du FAARF pour le rendre plus accessible aux femmes ;
- Le renforcement ou l’ouverture de services sociaux spécialisés dans les communes, les lycées et les maisons d’arrêt, afin de rapprocher davantage les prestations du ministère des bénéficiaires.
Cependant, la cheffe du département a eu à noter des difficultés liées à la gestion de cette situation humanitaire. On a principalement l’augmentation des besoins humanitaires en particulier les besoins d’assistance alimentaire, et l’accès quasi impossible par la route à certaines localités du pays notamment Mansila et Madjoari pour apporter l’assistance aux PDI et aux populations hôtes en détresse.
Après le point de madame la ministre, place à la phase question réponse. Certaines questions, étaient celles d’actualité ou qui font polémiqués. Elles portaient surtout sur des PDI en difficulté dans le recensement, de certains abus que connaissent les PDI et sur le fait que certains donneraient du sexe pour des vivres. Selon madame la ministre ceux qui sont habilité à faire les recensements, reste le gouvernement à travers les services déconcentrés du ministère, les services communautaires. Egalement, il y a des numéros verts, pour les plaintes et les dénonciations en cas de refus de la part de ces personnes de recenser une tierce personne. « Des difficultés de recensement ne me sont pas parvenues et le gouvernement ne forcera personne à se faire recenser. Nous n’avons pas de problème de recensement mais un problème d’adhésion des personnes à recenser pour suivre les normes », répond Madame la ministre, Marie Laurence Marchal/Ilboudo sur le fait des PDI qui ont des difficultés à se faire recenser.
Aussi, pour les abus sexuels ou le ‘’sexe contre nourriture’’, dont parait-il que certains PDI font fasses, elle reconnait qu’il y a eu un écrit et que le dossier est à la justice. Selon la ministre, ceux qui ont écrit, ou ceux qui sont partis voir les journalistes, la première des choses qu’ils devraient faire, c’est d’interpeler le ministère avec des éléments tangibles. « Je ne peux pas m’assoir sur des faits de journaux et commencer à dire que je vais porter plainte. Ils peuvent m’interpeler directement, m’écrire. C’est ce qu’on appelle des preuves et moi si je ne fais rien en ce moment, on peut dire que je suis coupable ou le gouvernement ne fait rien pour ces personnes. Le cas de Kongoussi, déferle la chronique et comme c’est un cas répétitif, nous avons dit, nous allons porter plainte contre X. Quand nous sommes partis, le procureur s’était autosaisi et c’est ce qui s’est passé. Tout ce que je peux vous dire c’est que c’est faux. Maintenant, le jugement c’est le flagrant délit de mensonge et non de l’acte commis. Ce sont des gens enfaite qui ont menti. C’est un délit puni par la loi et c’est ce qu’on va juger le 15. Donc je pense qu’on va attendre le jugement et polémiquer la déçu. Ce n’est pas parce que tous les jours on dit des choses, qu’elles sont forcément vraies. Elles peuvent être vraies, je suis d’accord, mais elles peuvent être fausses aussi » renchérit la Ministre de la femme, de la solidarité national, de la Famille et de l’Action humanitaire.
Selon la politique du gouvernement, les PDI de Ouagadougou, Bobo et Kaya ne peuvent pas bénéficier du programme. Il y a des zones indiquées pour les accueillir et leur venir en aide en ce qui concerne l’accompagnement de l’Etat. « L’Etat joue sa partition mais les populations doivent aussi, jouer leur partition » ajoute-t-elle. Certains PDI achètent des vivres. En effet en cas de rupture des vivres, le ministère offre des cash transfères pour qu’elles puissent acheter. Et il faut savoir qu’il y a plusieurs programmes. Certains consistent à l’octroi des vivres uniquement, d’autres en plus des vivres donne une dotation financière.
Sur les différentes critiques à l’endroit des agents en charge de l’action humanitaire, la Ministre s’est exprimée. Elle est fière de son équipe, mais n’omet pas l’existence de quelques brebis galeuses. La preuve certains seraient en prison pour détournement de vivres des personnes déplacées. « Jamais je n’ai été aussi fière d’être à la tête d’un département comme celui-là. J’ai été cheffe mais aujourd’hui, plus que jamais, je suis cheffe de ce département et je suis fière de mes agents. Ils font un travail formidable. C’est d’ailleurs ce travail qui leur vaut aujourd’hui des jets de pierres parce qu’ils sont rigoureux, disciplinés et coordonnés. Ils ne vont pas baisser les bras pour cette discipline et cette coordination qui leur a été imposée par leur hiérarchie, pour faire du n’importe quoi. Ils vont rester concentrés et disciplinés pour la réponse que l’on doit donner aux populations. Ce n’est pas parce qu’on va les traiter de voleurs ou de harceleurs sexuels qu’ils vont arrêter de faire correctement leur travail » a-t-elle ajouté.
Yenntéma Priscille