Concert Alif Naaba: La valeur du travail
Live Regards Tapis Rouge VIP

Concert Alif Naaba: La valeur du travail

Le prince aux pieds nus de son vrai nom Noura Mohamed Kaboré dit Alif Naaba, a donné un concert « VIP » hier 6 Aout du côté de la Salle Canal Olympia Yennenga Ouaga 2000. Malgré le retard enregistré, le spectacle a finalement connu un triomphe éclatant surtout dans son contenu.

Un concert à la dimension d’un artiste international de la trame d’Alif Naaba, l’objectif n’était pas simplement de jouer et de s’amuser. Il s’agissait aussi de donner la meilleure première impression possible une fois sur scène et de faire en sorte que la salle ainsi que l’audience, se souviennent de lui pour de bonnes raisons. Le KUNDE D’0R 2014 et Disque d’Or 2017 n’a pas dérogé à la règle.

Cinq musiciens sur scène : un batteur, un pianiste, un basiste et deux guitaristes…non…trois guitaristes y compris Alif Naaba, ont suffit à rendre ce concert mythologique. Du Basiste Achille Ouattara au guitariste Eliezer, avec surtout la direction artistique du métronome de la soirée Alif Naaba, le public a été mis à l’épreuve. Comme un coach devant son auditoire, Alif a fait intervenir son public, malgré leur placidité.

Le public avisé, a répondu présent

Toutes les émotions y étaient à cette soirée. Surtout l’intervention visuelle de sa génitrice qui a toute suite planté le décor de la soirée. La femme dans toute sa splendeur a été magnifié pour le plaisir émouvant du public majoritairement féminin avec surtout la présence des célébrités de notre musique telles que ; Mai Lingani, Awa Melone, Kandy Guira etc.

Le tube «Gomdé » a lancé les hostilités devant ce public timoré qui aurait vu ce spectacle VIP comme une soirée de gala. Beaucoup y sont venus endimanchés, cintrés au dernier cri avec des tenues de soirées. Ce n’est pas connaître Alif ! Après 1h de spectacle, le natif de Koudougou a cassé ce mythe. A chaque interlude de ses chansons, il invitait le public à se tenir debout. En bon orateur, il a su captiver l’attention de son auditoire à travers sa bonne humeur. Visiblement, il était dans son meilleur jour. Régulièrement souriant et loquace, l’auteur de «So Wok» a parfaitement su faire participer son public sur l’ensemble de ses titres. Il demandait spontanément au public de chanter avec lui, de taper les mains et même de surcroit d’allumer leur portable. Surtout sur le tube «Bark Biga». Ce qui a certainement donné une belle vue panoramique à la structure vidéo Initiatives Productions de Dimanche Yameogo et photographique de Vison Associée de Sambiga Wambi.

Il y a eu aussi des moments de famille; ici avec ses deux filles et Smarty (Droite)

Certains puristes du live dans la salle, avaient également les yeux rivés sur la technique et notamment l’ingénieur de son et tous les accessoires du spectacle. Malgré les sifflements par inadvertance du micro d’Alif sur la scène, l’équipe Hope Musiks de Eliezer Oubda, a réalisé de façon irréprochable ce spectacle. L’honneur revient surtout à la régie lumière qui a joué un rôle caractéristique dans ce concert. Chaque titre et chaque scène était éclairé de façon significative. Ce qui apportait une fluidité dans le rendu du spectacle.  L’autre motif de satisfaction majeur, c’est la prestation scénique de l’artiste. A regarder Alif Naaba jouer, l’on comprend pourquoi, la musique est une véritable science de l’art. même la façon de réguler sa voix et de tenir son micro ; la technique y intervient. Par exemple ; lors de sa prestation avec Smarty, largement ovationné dans «Kiiba» ; les premières envolées vocales d’Alif étaient phénoménales ! Des aigues aux basses en passant par les trémolos, l’auteur de «Poko» a fait étalage de tout son savoir-faire.

Duo parfait entre Alif et Smarty dans le tube “Kiiba”

Pour davantage rendre ce concert mémorable, l’ex rappeur n’a rien laissé dans les oubliettes. Tout ce qu’il a fait comme intervention sur la scène de Canal Olympia, avait été au préalable étudié lors des répet’. Même les intros, les transitions y compris les interactions avec le public avaient été travaillé aux répétitions. Son petit lexique qu’il étalait avant chaque tube, assouplissait admirablement bien les transitions. C’est ainsi qu’à l’annonce de Smarty pour sa collaboration parfaite dans le tube «Kiiba », le public n’a pas pu dissimuler  son émotion. Entre petits témoignages et prestations les deux icônes de notre musique ont remarquablement bien rendu ce tube qui les uni davantage.

Le point culminant de ce spectacle, c’est l’intervention magistrale de la chorale Vox Christi dans le tube « Sougri » aux côtés d’Alif Naaba. Une fusion que personne ne pouvait facilement imaginer ! Une chorale chrétienne dans le répertoire musical d’un musulman qui chante la paix, le pardon et la cohésion sociale. Surtout dans un contexte où l’actualité socioculturelle et politique est chancelante. Cette image était la bienvenue.  Chaque partie prenante a fait étalage de tout son savoir-faire. De la voix modulante d’Alif aux chœurs émouvants de la chorale en passant surtout par les prouesses des instrumentistes, ce tube méritait une standing ovation dans la salle.

Tout en rendant un vibrant hommage à Ismaëlo et Djam qui ont intervenu dans les différents titres de son dernier album respectivement «Mdawa » et «Biye». Une collaboration avec le célèbre artiste sénégalais Ismaëlo dont personne ne pensait il y a dix ans, est aujourd’hui une réalité. Une chanson qui a été entonné et filmé en son absence pour lui rendre un vibrant hommage depuis Dakar.

Le point culminant du spectacle: la présence de la Vox Christi en collaboration avec Alif dans “Sougri”

Tout en remerciant régulièrement et spontanément, les amis, les artistes, les jeunes à l’image d’Amzy et partenaires dans la salle, le fondateur des REMA (Rencontres Musicales Africaines) s’est donné à cœur joie en déstressant ce public qui, malheureusement, n’a pas encore apprivoisé cette culture du spectacle. Ce n’est pas parce qu’on est prsent à un concert VIP, que l’on ne doit pas se trémousser ou exprimer ses sensations. C’est presqu’au forceps qu’Alif Naaba demandait à son public de se lever et même d’applaudir. Pourtant, il y a des tubes d’anthologies parfaitement bien chantés et garnis d’émotion, qui méritaient des standing ovations de la part du public.

C’est presqu’au forceps qu’Alif Naaba demandait à son public de se lever

En bon stratège ; Alif Naaba a intelligemment clôturé sa soirée en deux heures et demi avec «POKO», pour garder dans la mémoire et sur les lèvres de ses fans, ce tube qui a finalement submergé les médias et les discothèques du pays.

En prêtant une oreille attentive aux commentaires de certains spectateurs après le spectacle, ces derniers ont affirmé que ; «C’est le meilleur concert depuis le début de l’année au Burkina»

Hervé David HONLA

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