Alex M. SAWADOGO (DG FESPACO): “Le FESPACO possède son identité”
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Alex M. SAWADOGO (DG FESPACO): “Le FESPACO possède son identité”

Aujourd’hui Délégué Général du FESPACO, Alex Moussa Sawadogo est produit pure du cinéma. Il a Directeur de Programme dans de nombreux festivals, comme le festival de courts métrages de Winterthur en Suisse, « Wie im Film » à Berlin, Theater der Welt 2014 (Mannheim), Kampnagel à Hambourg, et Exterritority Project (Israël). Au Festival International de Film de Durban 2017 en Afrique du Sud, il a été chargé de la programmation des Films allemands (Focus Germany).

Membre du jury dans de nombreux festivals de films, il a été aussi de 2012 à 2015 consultant «Afrique» pour le festival international du film de Locarno (Suisse) et depuis 2014 consultant « Afrique » pour le Busan International Film Festival (Corée du Sud), ainsi qu’aux Rencontres documentaires de Koudougou – Koudougou Doc au Burkina Faso. Depuis 2016, consultant «Afrique» au Festival international du film de Hambourg, et membre de la commission de World Cinéma Fund de la Berlinale. En 2020, il a été nommé comme expert cinéma pour la saison Africa 2020 en France. C’est donc une personnalité de haut rang que nous avons rencontré ici à Cannes, le 13 juillet, afin qu’il nous dresse le bilan de son séjour en tant que Délégué Général du FESPACO, invité au festival de Cannes.

 

Quel bilan dressez-vous de votre séjour ici à Cannes en France ?

Nous sommes très satisfaits de notre séjour à Cannes qui prend fin cet après-midi. On était venu dans l’espoir de pouvoir rencontrer le maximum de grands partenaires. Avec la Covid, on avait du mal à se voir à Paris, Bruxelles, Berlin et autres mais grâce au festival, nous avons eu la chance de les rencontrer ici. Surtout avec madame la Ministre qui a donné beaucoup de prise de conscience sur la situation sanitaire et sécuritaire que nous vivons au Burkina Faso. Donc les nombreux partenaires ont une fois de plus renouveler leur soutien au FESPACO. Madame la ministre a rencontré aussi la Ministre de la Culture Française. Elles ont parlé beaucoup plus de la coopération culturelle entre la France et le Burkina Faso, notamment du soutien que la France apporte au FESPACO. Le soutien qui est aussi financier et technique. Lorsqu’on veut remettre l’industrie cinématographique africaine autour du FESPACO, il est important d’avoir aussi des professionnels qui viennent du Nord, pour que le marché soit fort et attire beaucoup plus de vendeurs. Madame la Ministre a été aussi accueilli en audience avec la Ministre de la Culture de Wallonie-Bruxelles qui a donné quelques recommandations concernant l’accord de coproduction de notre cinématographique qui va exister bientôt au niveau du Burkina et de Wallonie-Bruxelles. Cet accord devrait probablement être signé au FESPACO. Ça va permettre de booster l’industrie cinématographique burkinabè. Bref ça va permettre aux réalisateurs, producteurs, disons aux professionnels, au-delà des soutiens qu’ils ont sur le plan national, d’avoir un partenaire fort aussi pour les accompagner dans la production et bien sûr, dans la promotion.  Nous avons rencontré des partenaires techniques comme le MEDIUM GOLD de Berlin, le Ministre des Affaires Etrangères allemand. Le projet que nous mettons en place, c’est-à-dire le FESPACO PRO permettra de redynamiser le MICA. L’ouverture des ateliers demande aussi beaucoup de partenaires techniques.  Ce n’est pas juste des personnes, ce sont des consultations, donc nous avons rencontré ces producteurs-là, des responsables des plateformes qui sont présents à Cannes, de pouvoir venir à Ouaga et rentrer en contact avec les réalisateurs, producteurs africains. L’objectif c’est de les inviter pour voir le nouveau marché que concocte le continent africain. Nombreux sont ceux qui ont confirmé leur arrivé à Ouaga afin que nous puissions avoir un FESPACO PRO pour ne pas dire un marché de film très intense.

Nous avons rencontré de nombreux partenaires techniques

Attardons-nous sur ce FESPACO PRO, notamment la coproduction ? A quoi consiste-il exactement ? Est-ce une nouvelle formule ou une nouvelle passerelle pour nos réalisateurs et producteurs ?

Le FESPACO PRO c’est juste une réorganisation du MICA qui reste toujours MICA et l’ajout aussi de quelques ateliers que nous avons appelé les ATELIERS YENNENGA.  Ils se déclinent par les ateliers de Yennenga post production et les ateliers de Yennenga Académie. L’idée c’est que ce FESPACO PRO soit le lieu de rencontre de tous les professionnels. Le lieu qui va renforcer l’industrie cinématographique  et une passerelle aussi à tous ceux qui aspirent à être réalisateur sans avoir été dans une école de cinéma ou dans un atelier de formation. C’est beaucoup plus une façon de donner la liberté aux créateurs de faire des films sans passer par les canevas déjà établi. Cela amène aussi de nombreux partenaires qui ne sont pas toujours enclin à pouvoir investir dans la visibilité des films, mais beaucoup dans la reconstruction des marchés, dans l’éclosion des nouveaux talents et surtout sur le plan économique du cinéma. Il fallait donc avoir un espace économique fort, qui respecte aussi les normes des festivals internationaux afin de pouvoir acquérir des partenariats.

Madame la Ministre Dr Elise THIOMBIANO en compagnie de son homologue français

Parlons de l’aspect sécuritaire et sanitaire. Beaucoup de professionnels du cinéma présents à Cannes, se posent toujours cette question. Quelle est l’assurance que vous leur aviez apportée sur ces deux volets ?

 

Sur le plan sécuritaire, Madame la Ministre a dit que l’Etat burkinabè est déjà disposé à mettre les plus grands  moyens afin que la sécurité des invités, des professionnels et tous ceux qui seront là, soit  assurée. Elle a souhaité aussi une prise de conscience des festivaliers. Dès qu’ils sont à Ouagadougou, qu’ils restent dans la capitale. Ne pas prendre des risques inutiles par ce que le Burkina d’aujourd’hui malheureusement n’est pas celui d’hier. C’est une manière de faire savoir aux professionnels qui viendront, que le Burkina est prêt à les accueillir. On est conscient de la situation, le Burkina est en train de mettre les moyens afin que le FESPACO, comme il y a deux ans, se passe dans de très bonnes conditions.

 

Où en êtes-vous avec cette liste officielle des films retenus en compétition au FESPACO prévue pour le mois de juillet ?

 

Il est très difficile de vous donner la date exacte. Nous avons mis en place un comité de sélection de film qui vient des quatre régions du continent. Ils travaillent sur la présélection et il reste la sélection finale. C’est la partie la plus difficile dans la sélection et nous travaillons afin qu’au dernier jour du mois de juillet ou dans quelques semaines, tout soit prêt. La sélection sera arrêtée au mois de juillet mais nous ne sommes pas sûr de pouvoir dévoiler la sélection au mois de juillet.

Le DG du FESPACO et Madame la Madame avec la délégation de Walonnie-Bruxelles

On remarque une pléthore d’activités lors du FESPACO. Il y a beaucoup de sections. Est-ce que ce n’est pas un excédent de travail qui vous attend ?

Ce n’est même pas des innovations, c’est une réorganisation. Tous les éléments que nous avons cités existaient plus ou moins, ils n’étaient pas simplement visibles. Ce qui faisait que les professionnels de la communication, les journalistes avaient de la peine à les voir. Les professionnels avaient de la peine à s’apercevoir que de telles activités existaient. Mais dans la réorganisation, nous avons tenu à les attribuer des noms. S’il y a quelques innovations que nous avons ajoutées, elles émanent tout simplement des activités qui existent déjà. Vous êtes au festival de Cannes, vous avez vu, les nombreuses activités qui existent ici. Chaque section essaye de rester dans son domaine et travaille avec les professionnels qui s’intéressent à ce domaine. C’est tout simplement une question d’organisation, de maîtrise de sujet et de management du personnel. Sinon, c’est juste deux évènements plus ou moins nouveaux à savoir ; la Post production et le  Yennenga Academie. Tout ce qui existe, nous avons essayé de réorganiser. Au niveau de la compétition officielle, nous avons tenu compte des différentes sections qui existent déjà. Nous avons juste donné des nouveaux noms pour permettre à ceux qui soumettent leur film, de savoir dans quelle section leur film sera logé.  C’est aussi donner plus de visibilité à des films qui ne partent pas en compétition officielle, mais qui ont besoin de reconnaissance pour pouvoir, un jour être programmé  dans une grande compétition.

Parlons du côté strass et paillette ; On déplore à chaque biennale, l’absence de visibilité des professionnels du cinéma au FESPACO au détriment des politiques. Pourtant c’est une occasion de mettre en lumière ces acteurs et cinéastes à l’honneur lors des montées de marches. Allez-vous remédier à cela cette année ?

Tout festival possède son identité. Un festival aussi à ses objectifs. A partir du moment qu’on a fixé ses objectifs, on essaye de voir comment on peut mettre en musique tous ses paramètres pour les atteindre. Il y a des festivals qui déroulent leur tapis rouge aux politiques, professionnels  comme vous le voyez ici à Cannes. Mais le FESPACO aussi a son identité. L’identité du FESPACO c’est son côté populaire, artistique et professionnel qui est important. Nous aimerions bien conserver cette identité du FESPACO qui fait que depuis cinquante ans, a toujours cette dénomination, mais en même temps aussi, nous travaillons aussi à ce que le FESPACO soit  un festival de son temps. C’est-à-dire un festival qui donne la possibilité de voir des films, un festival qui donne de la place aux professionnels de ce métier-là en les ramenant au cœur de l’évènement.

Après le Sénégal, la France et d’autres pays ; quel est le prochain rendez rendez-vous ?

Le prochain rendez-vous, c’est la publication de la sélection officielle. Nous travaillons  avec beaucoup de précautions vous voyez la situation sanitaire actuelle, donc on ne peut pas aujourd’hui planifier aller en Europe malheureusement, la situation de la Covid au niveau de l’Europe reprend. Nous sommes sûr de pouvoir présenter dans les semaines à venir la sélection officielle au Burkina et après nous verrons dans quelle mesure on va le faire ailleurs.

“Le prochain rendez-vous, c’est la publication de la sélection officielle”

Dans quel état d’esprit le Délégué Général se trouve ? C’est vraiment un baptême de feu pour vous. On connaît un peu le sens critique et l’exigence des burkinabè en matière d’organisation d’un tel évènement. Une telle responsabilité, c’est tout de même lourd à porter au regard de votre jeune âge, comparé à vos prédécesseurs.

(Rires)…Je crois que vous me connaissez depuis. Vous avez déjà vu les activités que je mène. Gérer un évènement comme le FESPACO, je sais que la tâche est très lourde. Je ne suis pas un novice en management de festival. J’ai travaillé dans des gros festivals comme Locarno, Hambourg, Durban, J’ai croisé des directeurs de festivals de cette envergure-là, je suis serein ! Vous m’avez vu là, je suis serein. Je sens que je suis entouré d’une très belle équipe, des personnes, des hommes et femmes qui sont capables de faire le travail. Je suis dans de très bonnes conditions, la preuve est que je suis ici à Cannes mais la machine continue de fonctionner. A partir du moment qu’un évènement possède une stratégie qui est acceptée par l’ensemble surtout quand on met les personnes à la place qu’il faut, je crois qu’au jour de l’ouverture et au soir de la clôture, nous pensons réussir cet évènement que nous avons la lourde charge d’organiser.

Je vous remercie monsieur le Délégué Général

C’est moi qui vous remercie

Hervé David HONLA

 

 

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