Nabalum est une jeune artiste burkinabè. Elle fait de l’afro-soul avec une voix envoutante. Musique traditionnelle et musique moderne, elle sait faire ses mélanges à sa façon. Elle a eu du succès avec plusieurs des chansons comme ‘’M’yamê’’, ‘’Noka’’, ‘’Mdolé’’, ‘’Lécolé’’, ‘’Black’’. Aujourd’hui, elle signe son grand retour avec ‘’Quand il bénit’’.
Tu fais un grand retour avec ‘’Quand il bénit’’ et tu l’as fait sortir simplement. On s’attendait à un buzz, pourquoi cette sortie ?
Je suis revenu comme je suis venu. Par ce que quand j’ai sorti ‘’M’yamê’’, on ne s’attendait pas à cela. Il n’y pas eu de communication. Mais ce single c’est installé tout seul. Comme c’est ma propre nature, je ne suis pas du genre à tout ce qu’on fait, même si dans ce milieu c’est important. Je suis venu avec beaucoup d’amour, d’émotion.
Est-ce qu’on peut dire que c’est comme ça Nabalum est ? Toujours, tu viens simplement, et c’est comme cela également que tu es venu au Burkina
Oui !
Tes débuts c’étaient en quelle année ?
En 2016.
C’était quand déjà t’as première fois de venir au pays ?
C’est en 2015 que je suis venu pour la première fois.
C’était pourquoi ?
Pour la musique. Je suis venu pour la musique la première fois.
Tu es venu et tu es rentré dans la musique. Tu as tapé à des portes à gauche et à droite pour qu’on te produise. Alors quitter la Côte d’Ivoire et venir faire la musique au Burkina, c’est paradoxal. Quelles ont été vraiment tes premières ambitions ?
Moi j’ai eu la chance de rencontré Alif Naaba. Je participais en Côte d’Ivoire à un concours de chant que la télévision nationale ivoirienne organisait. Donc je passais à la télé et Alif a vu qu’il y a une jeune fille qui chantais, qui a un nom burkinabè. Donc il m’a tout de suite repéré et je crois qu’il a aimé. C’est lui qui m’a fait venir au Burkina pour la première fois pour faire des résidences. Moi j’ai eu près d’un an de formation avant de commencer. Donc je ne suis pas venu au Burkina chanter non, j’avais déjà commencé avant de venir.
Mais on a appris plus tard qu’on découvre une Nabalum, qui vient au Burkina mais elle est beaucoup plus internationale, qu’est ce qui a changé pour que tu sois beaucoup plus dans la musique des ‘’blancs’’ ?
Quand on dit que ma musique est la musique des ‘’blancs’’, cela me dérange un peu, parce que je suis noir quand même et j’essaie d’être vrai dans ma musique. Je me réclame déjà ‘’black princess’’ parce que le côté africain en moi, j’aime bien le mettre en valeur, même dans ma musique. C’est vrai que je fais une musique qui est assez internationale et c’est ça qui m’a ouvert les portes. Aussi parce que j’essaie surtout la musique live. Le live intéresse tout le monde, mais surtout les blancs. Et puis cela permet aussi, de toucher l’international. Je crois que c’est un peu ça qui m’a permis de pouvoir me vendre à l’extérieur.
Avouons que les burkinabè ont aimé mais ils ne se sont pas aussi intéressés, au départ c’était quoi déjà?
Il y en a qui se sont sentis intéresser aussi et ont aimé.
Mais ils ne t’ont pas apprivoisé ?
Je pense aussi que c’est parce que je n’étais pas là. J’étais plus à l’extérieur. En deux ans de carrière j’ai fait une tournée internationale, dont une résidence à Paris. Ils n’ont pas eu le temps de me connaitre. Pour eux ma musique n’est pas là. C’est ce qui a un peu posé de problème mais je crois que maintenant ça va changer.
Au-delà, ça été un succès, faites nous un bilan pour la sortie de l’album
Qui ! Je rends grâce à Dieu, parce que la musique est allée trop vite pour moi. Je n’avais pas encore commencé ‘’M’yamê’’, que j’étais en résidence à Paris. J’ai fait trois moi là-bas, où j’ai écrit mon album. J’ai joué ma première scène en tant que Nabalum à Paris. Donc ça commencé fort et c’est allé vite. Après, je suis rentré et j’ai enregistré ‘’Saké’’. Mais j’ai fait une tournée Africaine également. Je suis allé dans les pays que je n’avais jamais rêvés visiter. Je suis arrivé à Madagascar, j’ai joué au Soudan, au Togo, Benin, Ghana, Rwanda, Burundi. C’est toute une histoire que ma musique m’a apporté. J’ai rencontré des personnes formidables. Malheureusement dans mon pays je n’ai pas encore expérimenté cela. Aujourd’hui avec ‘’Quand il béni’’, j’essaie de me réconcilier, de créer ce lien avec mon peuple, avec mes frères et sœurs.
On a du mal à situer géographiquement Nabalum. Si aujourd’hui on a besoin de Nabalum où est ce qu’on peut la trouver ?
Rire ! Aujourd’hui je suis à Ouaga, j’ai décidé de m’installer. Mais n’empêche que quand il y a des opportunités d’aller travailler ailleurs, j’irai. Donc si on a besoin de moi aujourd’hui je suis à Ouagadougou.
Il y a un staff autour de toi, tu es toujours conduite par Alif Naaba, comment faire pour avoir Nabalum ?
Oui j’ai un staff, je suis toujours sous la coupole de la cours du Naaba, donc Alif Naaba. Il y a un contact au cas où quelqu’un souhaiterait m’avoir pour des prestations ou encore des spectacles. Donc c’est open.
Comment est né ‘’Quant il bénit’’ ? Depuis deux, trois ans tu n’étais plus sur la scène et subitement on voit ‘’Quand il bénit’’, on se pose la question pendant ce temps qu’est-ce que tu faisais ?
‘’Quant il bénit’’ est un retour sur la scène. C’est vrai que j’avais fait un break, j’étais en Côte d’Ivoire et ‘’Saké’’ continuait son bout de chemin. Et là je reviens avec ‘’Quand il bénit’’, parce que j’ai vu les grâces de Dieu dans ma vie. Depuis le début de ma carrière, je suis venu avec assez de mélancolie, de doute.
Le projet ‘’Quand il bénit’’ a commencé quand exactement ? Et avec qui ?
Je l’ai écrit en avril 2021 et j’avais d’autres chansons. Je ne sais pas comment l’inspiration m’est venue, mais j’étais là, de bonne humeur et positive dans ma tête. Donc je me suis dit qu’il fallait reconnaitre que Dieu a fait beaucoup dans ma vie. On ne peut pas dénombrer ce que Dieu fait pour nous chaque jour. Je crois que Dieu nous protège chaque jour, il nous permet d’obtenir ce qu’on n’arrive pas à valoriser. Car nos yeux ont tendance à voir ce qu’on n’a pas. Du coup ce jour-là était spécial. J’ai fait comme une pause, j’ai fait le récapitulatif de tout ce que Dieu a fait dans la vie et j’ai vu que c’était immense. J’ai voulu donc dire au monde que peu importe les peurs qu’on a, les doutes, à un certain moment il faut dire merci à Dieu pour tout. On ne peut pas acheter ce qu’il nous donne. Ce n’est pas forcément des choses qu’on mérite. Il y a des gens qui travaillent plus que nous, qui ont plus de compétences que nous, mais qui n’ont pas la chance d’être à la lumière. C’est Dieu qui donne la lumière. Donc quand il donne la lumière, il faut dire merci. Ce projet m’est venu un jour et je l’ai écrit et après j’ai vu mon producteur. Je lui ai fait part de mon souhait d’enregistrer cette chanson et de façon différente que ce que je fais habituellement. On est allé chez Pissi et le courant est tellement bien passé que en 4h, 5h ‘’Quand il bénit’’ était déjà là.
On découvre donc que ‘’Quand il bénit’’ n’est pas du Nabalum pur qu’on connait, ce n’est pas aussi du Alif Naaba comme les gens le disait avant, les velléités de Alif Naaba dedans. Quand tu chantais à quelque part il y avait l’ombre de Alif dedans. Pourquoi avoir voulu changer un peu ?
C’est vrai on peut s’amuser sur plusieurs type de musique. Mais je voulais m’amuser me lâcher. Jusqu’à présent ma musique est assez sérieuse. Même quand j’essayais de m’ouvrir, c’était toujours moi. C’est vrai que jusqu’aujourd’hui je trouve que je fais de la musique sérieuse. Alors que la musique n’a pas de limite. Dès que tu te limites, ça t’empêche d’être créatif. Parfois, si je me souviens, j’ai eu des chansons comme ça, qui étaient assez ‘’fofolles’’, mais je ne n’ai pas voulu garder parce que je voulais rester dans une ligne. Aujourd’hui j’ai décidé de lâcher de faire les choses autrement. Je ne me mets plus de barrière. Aussi j’ai envie de parler à tout le monde, je veux que ma musique parle à tout le monde, que ceux qui disent que je fais de la musique pour les blancs puissent aujourd’hui chanter autre chose de Nabalum
Au même moment on se pose aussi la question, pourquoi cette distance entre Nabalum et le show-biz burkinabè ?
Ce n’est pas que je fais le choix d’être en retrait, mais j’aime prendre du recul pour mieux comprendre. Quand je suis venu dans ce milieu, je n’ai pas voulu tout de suite me jeter dans le bain. Je voulais qu’en même comprendre, puisse que je viens d’un autre pays, la Côte d’Ivoire, où il y a d’autres manières de voir, de parler par exemple. Je voulais prendre le temps de comprendre comment ça fonctionne avant de me lancer. C’est vrai après ça peut donner l’impression que je ne me mélange pas aux autres. On me dit très souvent, tu es introverti, tu ne vas pas vers les autres. Mais à la base quand je suis venu faire la musique, c’est vrai je me disais que je viens faire de la musique, je voulais vraiment être concentré sur cela et j’ai un peu négligé le côté relationnel avec mes collèges, les gens du milieu. Je vais essayer maintenant de remédier à cela. Ça ne marche pas comme ça c’est vrai, mais on apprend toujours.
Parlant justement de tes relations avec tes collègues, on voit un peu l’émulation des artistes de plus en plus jeunes, tes petits frères. Comment tu vois ce ramdam ? Est-ce que selon toi ils font de la pacotiller et après ça va disparaitre ? Quelles sont tes relations avec ces jeunes ?
Ah je suis désolé mais ce n’est pas de la pacotille. Ça ne va pas disparaitre, ‘’rire’’. Arafat est venu, il y a quelques années tout le monde disait qu’il est là pour un ou an deux ans, que son âme repose en paix. Les raisons pour lesquelles on vient dans la musique comptent beaucoup. Quand on aimait la musique avant de venir, peu importe comment on est venu, généralement on y reste. Et puit on arrive à changer les choses. Aujourd’hui, je suis tellement fier de cette génération qui est entrain de bousculer. Et il y a Miss Tanya que j’aime beaucoup qui est une très belle personne. Au fait, moi je suis quelqu’un qui marche au filing. Peut-être c’est ça que les gens ne comprennent pas et quand il y a la connexion avec quelqu’un, tout de suite je ne me cache pas. Mais il faut que je prenne le temps de connaitre la personne qui est en face de moi. Je n’ai pas envie aussi d’être dans le clan où tout le monde va vers tout le monde. Moi j’aime bien savoir qui ils sont avant de m’unir à eux, que ça soit professionnellement ou autre. Il faut que ça soit vrai et avec Tanya c’est parti comme ça. C’est vrai j’ai rencontré Amzy, un super monsieur aussi. Ils ont des rêves pleins la tête et franchement je pense qu’ils vont aller loin
Qu’est-ce que tu penses de ces consœurs et confrères. Est-ce que cet âge, 21 pour deux albums pour chacun, est ce que ce n’est pas allé trop vite pour ces jeunes artistes qui bousculent toute la hiérarchie ?
Moi je suis d’accord avec eux. Il faut battre le fer quand il est chaud. Ils sont venus avec un scoop qui fait boom. Il faut qu’ils exploitent à fond et qu’ils se donnent toutes les chances. Déjà qu’ils sont aimés, ils ont un public ça se voit. Quelqu’un qui n’a pas de public, il ne fait pas de concert. Donc, ils ont un public et ils essayent de se rapprocher d’eux. Ils rêvent grand, il faut le reconnaitre. Moi je trouve qu’ils sont sur leur lancé, ils sont bien partis et il faut qu’ils continuent de foncer. Ils ont des grands rêves, c’est ça en fait. Normalement l’art ne limite personne, ce sont les gens qui se limitent. Ils osent, ils vont là où ils doivent aller. Je suis à cent pour cent avec eux.
Par rapport à ton tube qui est sorti, on a l’impression de voir Nabalum dans des prestations. Les prestations passent éventuellement par dans les médias. L’album est sorti depuis quand ?
Il y a une semaine
Est-ce que vous avez déjà contacté des média ?
Pour la majorité des médias, c’est déjà apprivoisé. Tous les jours je fais au moins une radio, une émission télé ; ça bouge pas mal. On se donne les moyens et on se bat pour donner la force à ce single qui vient de sortir.
En parlant du clip, on a vu certains de vos collègues dans le clip, pourquoi ce choix ?
Nabalum, c’est vrai je suis une artiste, je suis aussi un fan de certains artistes comme SMARTY. Pas forcément des chanteurs mais dans tous les corps de métiers. C’est vrai qu’on a des figures qui nous parlent, devant lesquels on est en admiration. Pour moi, cette chanson c’est pour donner de l’espoir et j’ai voulu donner des exemples de personnes qui sont venues avec leurs rêves et qui se sont données les moyens de les réaliser. Aujourd’hui, ils font la fierté du Burkina et de l’Afrique. C’est pour cela que j’ai choisi des figures connues de l’art burkinabè.
Depuis le début 2013, on te voit proche de Daouda SANI, qu’est ce qui fait que vous êtes tellement complice ?
Moi j’aime quand il y a la positivité. Quand je rencontre des personnes qui sont positif, tout de suite je m’accroche et Daouda Sani c’est l’une des premières personnes que j’ai rencontrées dans le milieu. Il a toujours été une personne qui m’a beaucoup accompagnée dans mon travail et c’est l’un des meilleurs animateurs au Burkina Faso. On est vraiment ami, avec lui c’est toujours sympa.
Parlons de la suite après Quand il bénit qu’est ce qui est prévu ?
J’ai prévu un EP de maxi. Parce que je ne veux pas tout de suite sortir un album. J’ai pour projet de faire quelque 6, 7 titres. Pour le moment tout tourne autour de ce single. Un single qui est aussi un peu un renouveau. Un renouveau c’est comme une sorte de deuxième départ.
Un deuxième départ pourquoi, pendant que le premier départ était sur la bonne voie ?
Non, il y a eu un départ, j’ai décollé. Mais quand je dis deuxième départ c’est le côté être plus proche de mon public, être en harmonie avec le Burkina, pas seulement Ouagadougou et le peuple mossi, mais avec tout le monde.
On espère alors plus tard voir des featuring avec des artistes burkinabè ?
Oui! C’est vrai que jusqu’à présent je n’ai pas encore fait de featuring avec un artiste burkinabè. Ça vient
As-tu eu des propositions dans ce sens ?
Oui! On m’a fait des propositions, malheureusement je n’étais pas là. Quand ces personnes m’ont contacté, je n’étais pas à Ouagadougou. Ça fait qu’on a dû reporter. Je crois que le prochain sera un featuring.
Un mot de fin à l’endroit de ce public local burkinabè
On va refaire les choses, on va apprendre à se connaitre. Et la meilleure façon pour moi c’est sur scène.
Hervé David HONLA