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Le Faso Music Awards (FAMA) est à sa 8ème édition. Cet évènement a connu pas mal de difficultés depuis sa création, mais il met les bouchées doubles pour faire de cette édition l’une des meilleures. Son promoteur Issouf Ouédraogo à l’Etat civil, s’explique.
Comment est né le FAMA ?
Le FAMA est né en 2014 de jeunes journalistes épris de la communication, de la Culture et des Arts. Dans le domaine de la musique, les artistes ont une cérémonie de récompense, mais les autres maillons de la chaine n’ont pas une occasion où on les met en avant sous les feux des projecteurs. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de créer une cérémonie de distinction des professionnels de la filière musique. Nous entendons par là, les managers, les producteurs, les éditeurs, les choristes, les instrumentalistes, tous ceux qui travaillent dans la chaine de valeur de la musique. L’artiste est l’aboutissement d’un travail d’équipe à la chaine. Toutes ces personnes méritent d’être considérée et magnifiée.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans la mise en place du FAMA ?
Comme tout projet, vous avez des difficultés liées à la mobilisation des ressources. Quand un projet est nouveau vous avez des difficultés à mobiliser des ressources pour le faire. Au-delà des difficultés liées à la mobilisation des ressources, nous avons eu des difficultés d’ordre institutionnel, structurel. Quand un projet qui nait, il faut d’abord s’organiser et mettre une équipe en place qui puisse comprendre et adhérer au projet. Ensuite, il faut essayer de travailler sur le contenu, pour donner au projet un caractère innovant. Enfin il est important de travailler à ce que votre public cible, les acteurs culturels puissent adopter et accepter le projet. On a d’abord eu toutes ces difficultés.
En outre, dans l’univers des activités du showbiz, il y avait plusieurs compartiments. Donc beaucoup avaient pensé que notre projet venait dans un compartiment qui était déjà occupé par d’autres évènements et y voyaient beaucoup de similitudes entre notre projet et un projet qui existait déjà. Les critiques fusaient de partout mais les gens ont compris par la suite notre particularité avec ce qui existait.

Alors quelle est la différence entre le FAMA, le KUNDE et les 12 PCA ?
La différence est fondamentale. Bien évidemment, tout produit artistique répond d’abord à une problématique donnée. Vous prenez par exemple les KUNDE, c’est l’événementiel qui met l’accent sur les artistes et qui les récompenses. Par contre, le FAMA récompense les professionnels de la filière musique. Certes, nous avons des prix spéciaux consacrés aux artistes musiciens. Mais ça ne fait pas, si vous voulez, le plat de résistance de notre évènement. C’est pourquoi, nous les mettons dans les prix spéciaux et non dans les prix principaux. Au niveau des 12 PCA, c’est un évènement qui essaie de ratisser large. Il touche la mode, la musique, le théâtre, le cinéma et l’ensemble des arts. Cependant, le FAMA ne touche pas l’ensemble des arts. Il touche uniquement la musique et principalement les professionnels de la filière musique.
Un artiste s’est plaint sur les réseaux sociaux comme quoi il n’a pas été nominé. Que répondez-vous ?
Il n’est pas le seul et je ne vais pas citez de nom. Il y a beaucoup d’artistes qui se plaignent de l’organisation des FAMA. Je voudrais leur dire que la part urition a été difficile pour ne pas dire, que nous avons souffert quand on mettait au monde ce projet. Et ça fait 8 ans aujourd’hui, qu’avec nos maigres moyens, nous essayons de maintenir le cap. Comme tous projets il y a des insuffisances, car la perfection n’est pas de ce monde et nous tendons vers la perfection. Pour vous dire que bien évidemment un projet comme le FAMA, traine aussi des insuffisances, que nous essayons au fil des années à combler. De sorte à devenir un événement de référence et crédible. Maintenant les plaintes des artistes, c’est tout à fait normal. Il y a un artiste par exemple qui a dit « il est parfois facile pour vous de venir dans un bureau et de décider l’avenir le destin des artistes alors qu’ils ont mis beaucoup d’argents, d’énergies et de leur temps pour pouvoir créer ». Lorsqu’on parle de sélection, de choisir ceux qu’on considère meilleurs dans tous les domaines ça provoque des grincements de dents. En effet, celui qui est sélectionné, il est bien heureux, mais, celui qui n’a pas été sélectionné, aura l’impression qu’au regard de toutes ses performances et efforts qu’il est ignoré. Ce dernier peut penser autrement et à beaucoup de chose. Il peut se dire que c’est un membre du comité d’organisation qui a un problème personnel avec lui. Donc cette situation amène beaucoup d’artistes à nous attaquer sur les réseaux sociaux.

Aussi, je voudrai dire aux artistes que l’objectif principal c’est de créer. Ensuite, il y a des évènementiels, des cérémonies de récompense qui ont des observatoires, qui regardent ce qu’ils font. Si au cours d’une année on estime effectivement que les performances de certains d’entre eux méritent d’être saluées par un prix, aucun jury ne va occulter ces aspects. Mais, quand un artiste crée et dans sa tête il se dit, « il faut que je ramasse des prix », et que les prix ne viennent pas, la personne peut se mettre dans une situation mélancolique et souvent à dire certains propos, que nous ne voulons pas répondre de cette manière. Nous n’avons pas pour ambition de faire des faveurs à des artistes, mais nous travaillons à réduire au maximum la question de la subjectivité et de l’émotion, pour aller vers des indicateurs claires, qui permettront donc aux uns et aux autres d’accepter la crédibilité de notre évènement. Quand vous prenez dans toutes les cérémonies de récompense au BF, nous travaillons parfois avec beaucoup d’insuffisances, liées au fait que nous n’avons pas souvent des indicateurs clairs et scientifiques, sur lesquels on ne peut pas contester. En même temps, il est difficile de les avoir dans le domaine de l’art et de la culture. Il y a toujours la dimension subjective dans l’art.
Quels sont les étapes et les critères de nomination ?
Nous avons élaboré des critères et chaque année, à l’approche du FAMA, nous essayons de les vulgariser sur les réseaux sociaux et sur d’autres supports de communication. L’objectif est de permettre aux gens de connaitre les critères qui sont à la base des sélections. Ce n’est pas nous qui désignons. Pour chaque édition, nous avons un observatoire qui suit tout au long de l’année les performances des uns et des autres. Nous envoyons des fiches à des personnalités du monde de la culture de façon générale et de la musique de façon particulière qui sont un peu partout au Burkina Faso. Ces personnalités peuvent être des journalistes culturels, des animateurs culturels, des managers, des producteurs. Ils ont la charge d’indiquer dans la fiche qui peut être nominé dans chaque catégories selon les potentiels des acteurs de la filière musique. Le jury mis en place par le comité d’organisation va dépouiller les fiches, affecter des notes et en fonction des notes, faire une délibération.
Qu‘est ce que les lauréats du FAMA gagnent ?
Les lauréats gagnent doublement. D’abord nous leur donnons la visibilité à travers notre cérémonie et notre plateforme de communication que nous mettons autour des lauréats. Il y a ceux qui pensent que les cérémonies de distinction n’ont pas besoin d’accompagner les lauréats avec de l’argent. D’autres par contre, estiment qu’il faut accompagner les lauréats avec un soutien financier. Depuis quelques années, nous avons un partenariat avec le BBDA qui accompagne les lauréats qui sont dans la catégorie membre du BBDA et qui l’est accompagne avec une somme. Maintenant les autres catégories qui ne sont pas membres du BBDA, nous travaillons à notre niveau pour les accompagner financièrement. En plus de cela, ils reçoivent des trophées bien entendu, et des attestations. Grâce également à nos partenariats avec certains festivals notamment le Festival du village de Basga à Zorgho, le lauréat ou l’un des lauréats du FAMA pourra prester en live lors de ces festivals.

Pour cette 8ème édition quelle est la particularité ?
La particularité il y en a de plusieurs ordres. D’abord, nous avons mis en place un cadre de réflexion au niveau de l’université, plus précisément un panel qui porte sur le thème l’art et la culture comme facteur de la résilience. Ensuite, nous avons un plateau off qui est destiné aux artistes émergents. Enfin, nous avons la grande soirée qui sera la cérémonie de remise des prix. C’est la première fois que nous associons ces trois grandes activités majeures de cette nature au FAMA.
Où en êtes-vous avec les préparatifs ?
On est pratiquement dans l’évènement, puisse qu’aujourd’hui, nous débutons le panel dans la soirée à 16h à l’université de Ouagadougou. L’état d’esprit est bon et toute l’équipe est mobilisée et engagée à réussir le pari de cette édition. L’année dernière à cause du Covid-19 nous n’avons pas pu réaliser la 7ème édition, donc nous n’avons pas le droit d’échouer. Nous sommes en train de mettre les bouchées doubles pour faire de cette édition l’une des meilleurs. Et on va y arrivé.

Quelles sont les grandes attractions de la soirée de gala ?
Les grandes attractions, vous avez les prestations des artistes burkinabè dont DEZ ALTINO, KALAM, FADEEN, PATRICK KABORE. Vous avez aussi la grande cérémonie de remise des prix qui est une articulation aussi de la soirée où il est prévu un défilé de mode. L’une des particularités aussi est que cet événement verra la participation des membres du gouvernement notamment le ministre du commerce, de l’industrie et de l’artisanat qui est le président du FAMA et l’ambassadeur du Maroc au BF qui est le parrain et bien d’autres personnalités.
Avez-vous eu des difficultés dans l’organisation de la 8ème édition ?
Pour cette 8ème édition, on peut déjà dire grâce à Dieu. Toutes les difficultés auxquelles nous avons fait face sont presque résolues. Donc, je peux dire que comparativement aux années antérieures où on avait des migraines, pour cette année, l’esprit d’état est bon. On ne peut pas dire qu’on n’a pas eu de difficultés. C’est toujours la question des finances, le budget qu’on avait prévu, on ne l’a pas encore eu. Mais on est quand même soulagé cette année, car les partenaires ont répondu à notre appel. Et on espère qu’on va finir cette édition sans crédits.
Priscille Yenntéma