…Et si le changement venait des femmes?
Tout a donc véritablement commencé pour cette 5è édition des SOTIGUI AWARDS 2020 ce jeudi 12 novembre 2020 à L’Institut Français. Le clap d’ouverture a été marqué par une conférence débat sur le thème : «Culture de la paix : quelles contributions des femmes du cinéma et de l’audiovisuel ? », modéré par Ardiouma SOMA, ancien Délégué Général du FESPACO.
Le Professeur/Chercheur Valérie Palm/Sanou, les réalisatrices Maimouta Nikiéma et Apolline Traoré et la journaliste Denise Dofini-Leinnimi Coulibaly ont animé un panel riche en enseignements et témoignages sur la contribution des Femmes du cinéma et de l’audiovisuel dans la Culture de la paix. Débat qui a été rendu possible grâce au comité d’organisation des SOTIGUI en prélude des activités qui jalonneront cette 5è édition.
Existe-il un problème de communication et de concertation pour donner plus de pouvoir aux femmes du cinéma et de l’audiovisuel dans la culture de la paix ? Ou d’autres parts, les femmes doivent-elles s’organiser entre-elles pour renforcer leurs compétences et agir de façon solidaire ? Telles sont les problématiques que les panélistes et les participants ont abordé ce matin à l’Institut Français. Sans toutefois pointer nécessairement du doigt les Hommes ou leur en faire un véritable procès, le Professeur/Chercheur Valentine Palm/Sanou est revenue sur l’éducation et l’environnement dont certaines femmes ont grandi : « …Lorsqu’une femme a été éduqué à se soumettre, il lui faut une autre perspective pour qu’elle sorte de ce cadre qu’on l’a construit. Car elle reste la somme de son histoire. Cette histoire qui est ; la famille, son environnement, le quartier où elle a grandi, son école, sa ville, son pays et le monde. Par conséquent ; demander à une femme qui a toujours été éduqué à dire oui ! A ne jamais contester, à ne jamais se prononcer sur un sujet, c’est la mère à boire qu’on lui demande. Je pense donc qu’il faut revenir aux fondamentaux. Le tout doit partir de cette éducation et de comment notre histoire personnelle se construit pour permettre à une Femme, de pouvoir contribuer à la culture de la paix. Si je n’ai jamais été éduqué à être une femme de paix, même derrière la caméra, je vais construire aussi des films qui ne rentrent pas dans cette perspective. Parce que la culture de la paix ne fait pas partie de mon histoire. C’est la même chose pour une fille qui s’adonne à n’importe quel homme ou une femme qui accepte n’importe quel rôle qui n’a pas de caractère. Le tout provient de l’éducation personnelle». Sans faux-fuyant, elle décrit le rôle éducatif et l’influence que les femmes ont subi dans leurs familles qui les poursuit toute leur vie.

Inviter les femmes à revendiquer leur place dans les sphères culturelles, cinématographiques et se lancer avec les hommes dans la construction de la paix et le développement est une approche que la journaliste Denise Coulibaly a abordée dans son intervention. Tout en invitant les femmes à briser leur silence face aux exactions dont elles sont souvent victimes.

Laisser les femmes réalisatrices et actrices accomplir tout leur potentiel d’agents de paix tout en transmettant les valeurs qui aideront les autres à devenir des citoyennes pleinement responsables, garants d’une culture de la paix et d’un avenir meilleur dont tout le monde profitera. C’est ce que la réalisatrice Apolline TRAORE du film à succès «DESRANCES» s’est martelée à dire durant toutes ses interventions. “…Une jeune qui commence ne peut pas avoir des caprices, mais je n’ai jamais dit d’accepter tout ! Votre premier, votre deuxième rôle peut-être troisième, c’est votre carte de visite. C’est comme un stage. Lorsque vous vous présentez devant moi en disant que vous êtes actrice; la première des choses que je vais vous demander : vous avez fait quoi ? Montrez-moi ce que vous avez fait. Vos petits rôles ou vos premiers rôles sont des cartes de visite. Ce n’est pas un casting qui va me déterminer que vous êtes capable. C’est votre parcours qui est quelque chose pour moi…quand je dis d’accepter les propositions; ce n’est pas ce qu’on vous demande de faire ! Mais ce sont les conditions par exemple financières, les petits rôles etc. Vous pouvez accepter des petits rôles parce que vous êtes au début de votre carrière. Je n’ai pas dit d’accepter tout et n’importe quoi avec n’importe quel réalisateur”

Une réflexion que la célèbre Mouna Ndiaye a partagé bien avant, sous la forme d’un témoignage de sa propre carrière pour conclure avec un conseil : « …Aucun casting d’un film n’est payant ! N’acceptez jamais que dans un casting, on vous demande d’embrasser un homme ou une femme ! Ne vous prêtez pas aux désirs sexuels du réalisateur. Refusez! Car une porte se fermera et une autre s’ouvrira plus tard. Ça prendra certes du temps, mais si vous croyez à vos convictions et vous restez une femme de caractère, vous allez atteindre votre objectif. N’acceptez jamais que lors d’un casting, on vous demande de vous déshabiller. Ça n’existe jamais dans un casting !»
Les échanges et interventions des participants ont permis aux panélistes d’approfondir certains sujets et même d’élargir davantage le débat sur la question fondamentale de la Femme dans les sociétés africaines. Ce qui a parfois poussé le modérateur à recadrer le débat.
A la lueur de l’évolution du cinéma en Afrique et surtout de la présence grandissante des femmes dans ce domaine, il apparaît que le changement ne peut venir que de l’intérieur, c’est-à-dire d’elles-mêmes. Il faut d’abord écarter la victimisation, puis retrouver la dignité et l’autonomie, préalables pour instaurer une culture de paix.
Un débat qui aura été riche dans le fond et dans la forme. Ce qui donne déjà là, l’ampleur que prendra cette 5è édition des SOTIGUI AWARD. La suite prévoit dans l’après-midi de jeudi et ce jusqu’au vendredi 13 novembre 2020, des projections cinématographiques à l’Institut Français suivies d’une Soirée VIP. La grande apothéose aura lieu le samedi 14 novembre 2020 à CANAL OLYMPIA OUAGA 2000, avec remise de trophées, cocktail dinatoire tapis rouge et prestations d’artistes. La jeune artiste la plus sollicitée Tanya sera très attendue.
Hervé David HONLA