restructuration du financement de la culture
Pendant quatre jours ; professionnels du secteur de la culture sont aux côtés des acteurs financiers pour trouver ensemble des voies et moyens d’un bon processus de financement des opérateurs culturels au Burkina Faso. D’où ce séminaire qui s’est ouvert à la Maison de la Culture de Bobo-Dioulasso, le 19 octobre en présence du Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme Abdoul Karim SANGO. Ce dernier, comme à l’accoutumé, n’est pas passé par quatre chemins pour donner son point de vue.
Après les Indépendances, la Culture est devenue un moyen de construire une identité nationale. Mais avec la mise en place de régimes dictatoriaux en Afrique, des groupes d’intérêt se sont appropriés la culture. Il fallait chanter pour le Président, les hommes politiques. Le politique a compris la force de la culture. Il lui est donc difficile de la laisser se développer librement. Aujourd’hui, c’est encore une nouvelle étape. Tout le monde est en train de reconnaître que la Culture est au cœur du développement. Les institutions culturelles ont suivi le même chemin. On a créé des ballets et des théâtres nationaux, des chorales, du théâtre scolaire et étudiant. Il existait une éducation artistique qui a hélas disparu, faute de soutien public.
Le ministère de la Culture des Art et de la Culture (MCAT), a malheureusement un rôle très limité surtout au regard des du faible budget dont il dispose (-1% du budget national). Pourtant la Culture est l’un des seuls domaines où l’Afrique est compétitive et respectée, aujourd’hui comme hier. Il faut le reconnaître : là où les politiques ont échoué, les artistes ont réussi.
Ce séminaire organisé par le MCAT du 19 au 22 octobre 2020 à Bobo-Dioulasso sera donc axé, non seulement sur le financement, mais aussi sur la mobilisation des niches des ressources financières.
En compagnie du représentant du bureau de la Coopération Suisse et du Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme et après le cérémonial protocolaire des discours d’ouvertures, C’est le Fonds de Développement Culturel et Touristique (FDCT) qui a ouvert la farandole des communications animées par Vincent Koala. «La problématique de financement des opérateurs culturels au Burkina Faso : expérience du FDCT» a été présenté par Yaya Soura. Cet établissement public de l’Etat de la catégorie des Fonds nationaux de financement, est doté d’une autonomie de gestion. Il a pour mission principale d’offrir aux secteurs culturels et touristiques, un accompagnement financier et technique pour assurer le développement des industries culturelles et touristiques. Crée en 2016 le FDCT est opérationnel depuis 2017, L’Etat et d’autres structures comme l’Union européenne, Wallonie Bruxelles International, la coopération Suisse, etc. restent les gros partenaires financiers du Fonds. D’autres sources de financements doivent être explorées. Mais de façon générale, les opportunités de financement du secteur culturel au Burkina Faso sont multiples. Yaya Soura a pris le temps d’en citer quelques structures telles que : Le MCAT lui-même, le FODAC, le PPC/BBDA, le FDCT, le Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage, le FAPP, Le FAIJ, le FASI, AFP/PME, le Fonds de Succès Cinéma etc.

Il ressort néanmoins que ; l’une des problématiques liées au financement des opérateurs culturels, c’est la non constance des engagements de l’Etat, la complexité du montage des dossiers ; car la plupart des opérateurs culturels évoluent dans l’informel. Néanmoins ; plus de 170 projets ont été déjà financés par le FDCT. Des niches de financements des structures anglophones, lusophones ou autres langues, posent souvent les problèmes de traduction. Raison pour laquelle ; beaucoup préfèrent ne pas s’y aventurer.
De façon générale ; c’est la question d’argent qui serait un frein pour l’émancipation des activités culturelles. Selon le FDCT, il affirme à peine à financer 10% des besoins exprimés. Car ce qui est alloué pour le moment, est en deçà de la demande des opérateurs culturels. Le FDCT affirme ne pas avoir assez d’argent. Leur souhait c’est de pouvoir financer un jour, des projets de 300 à 400 millions.

La seconde communication animée par Désiré Ouédraogo portait sur «l’Analyse comparée du modèle de financement d’opérateurs culturels au Burkina Faso par rapport à d’autres pays» a suscité beaucoup d’attention. Afin de savoir comment les pays voisins fonctionnent ou précisément ceux de l’Afrique l’Ouest, Désiré Ouédraogo a brossé, pays par pays, leur modèle de financement qui est aussi distinct des uns des autres. «Aucun pays ne pratique la même méthode ! » a-t-il précisé. Le Sénégal par exemple possède depuis 2002, le FOPICA (Fonds de Promotion du Cinéma et de l’Audiovisuel) qui fonctionne grâce à un comité de gestion paritaire composé de représentants des professionnels. En effet, il octroi des aides financières aux œuvres cinématographiques et audiovisuelles de tout genre. Leur source de financement provient de la dotation du Chef de l’Etat d’un milliard de F CFA. Il procède enfin par appel à projets des courts métrage (25 000 000 F CFA), des longs métrages (75 000 00 FA), des séries (30 000 000 F CFA), des post-prod (20 000 000 F CFA)…le Sénégal possède d’autres structures de financement telles que : le FDCU et le FAADC. Quant au Mali, c’est assez particulier selon Désiré : Le Fonds Africain pour la Culture (FAC) créé en 2018 par les artistes et acteurs eux-mêmes et présidé par Mamou DAFFE. Il collecte les fonds auprès des acteurs culturels. Des artistes font des dons de leurs œuvres afin que le FAC les vende. C’est ainsi que notre compatriote Ky Siriki a offert ses œuvres à cette structure comme soutien et contribution. Quant aux bénéficiaires, ils procèdent par appel à projets. Par ailleurs ; les acteurs culturels peuvent demander de l’aide ponctuel pour des activités sociales, religieuses et autres…Les cas du Bénin, le Niger et bien d’autres ont également été évoqué.
L’analyse faite par le premier responsable en charge de la Culture, suite aux exposés des deux intervenants a davantage mis les différents participants face à leur responsabilité. En effet, ce sont principalement les participants qui devront trouver une structuration adéquate sur le financement des opérateurs culturels.

«…j’avoue qu’en observant la présentation comparative de financement des pays de l’espace l’UMOA, le Burkina Faso fait assez d’effort, contrairement à ce qui est repris assez souvent chez nous ici. Ce que je peux dire à mon niveau également, c’est que le fonctionnement de l’Etat obéi tellement a beaucoup de priorités…vous avez remarqué que le Ministre parle beaucoup et fort, mais ça ne suffit pas ! Si pour ces acteurs, les chosent n’avancent pas ; c’est parce que la structuration est désordonnée. Concernant les chiffres, le DAF est là ! Il faut qu’il dise combien le ministère donne comme subventions. Mon parapheur est rempli tous les jours, de demandes de soutien des opérateurs culturels qu’il faudrait aussi tenir compte…Même la Présidence du Faso demande de l’aide au Ministère de la Culture ! Il y a des acteurs culturels qui vont à la Présidence pour des financements et on les envoie une note, en demandant au Ministère de la Culture de les soutenir. Tout cet argent-là ; est-ce qu’il ne faut pas faire un fonds commun ? Je ne sais pas. Ce qui est sûr ; la structuration du financement des opérateurs culturels au Burkina Faso, n’est pas bonne ! Comment doit-on faire, je n’ai pas la solution. C’est à vous de trouver !». Conclut le Ministre Sango pour cette première journée du Séminaire.
Hervé David HONLA.