REMA 2020 : l’épineux problème du digital en Afrique
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REMA 2020 : l’épineux problème du digital en Afrique

 Quel business pour l’industrie musicale en Afrique ?

La troisième édition des Rencontres Musicales de Ouagadougou se tiendra du 22 au 24 Octobre 2020 à Ouagadougou sur le thème : MUSIQUE, DIGITAL ET ÉCONOMIES LOCALES, COMMENT DÉVELOPPER DES OUTILS ADAPTÉS ? C’est une centaine de professionnels de la musique venue des quatre coins de la planète qui prendront part à ces rencontres.

 

Le thème choisi pour cette édition n’est pas fortuite. L’Afrique dans sa globalité souffre d’un épineux problème d’utilisation des nouveaux outils de communication, notamment le Digital. Les artistes africains tiennent souvent la dragée haute dans plusieurs festivals dans le monde depuis de nombreuses années. Beaucoup parmi eux sont même récompensés au haut niveau. Ils montent sur les plus grandes scènes et glanent les trophées les plus prestigieux et convoités dans le monde.  Le dernier exemple en date est le sacre de l’icône de la musique béninoise Angélique Kidjo aux Grammy Award pour la quatrième fois.

D’autres artistes, à l’image des nigérians Yemi Alade, Maleek Berry ou encore Davido collectionnent des succès importants aussi bien en Afrique qu’en dehors du continent. Malgré cette présence importante dans le paysage africain et dans le monde, l’industrie de la musique en Afrique, est toujours aussi moribonde, voire inexistante dans certains pays.

Pourtant de nos jours, le Digital offre une occasion inouïe de réinventer l’industrie musicale en Afrique. C’est même une opportunité rêvée pour le continent de saisir la balle au rebond et de prendre le train en marche tout en rattrapant son retard. La création, la production et la distribution sont malheureusement les trois entités importantes dans l’industrie musicale qui traînent le pas en Afrique.

le téléphone mobile est aujourd’hui, le seul point de contact privilégié pour atteindre le consommateur.

Néanmoins, il existe quelques majors en Afrique qui tentent de relever le défi : des startups comme Spinlet, au Nigeria, Waabeh au Kenya ou encore BIGxGh, au Ghana se positionnent pour affronter les mastodontes comme Sony Music ou encore Universal Music. L’enthousiasme des startups et l’arrivée de ces majors promettent des lendemains meilleurs. C’est un changement qui peut être fondamental, si les uns et les autres s’y mettent. En Afrique, nous ne sommes qu’au début de cette escalade du Digital avec des dissemblances propres à chaque pays dû au débit de connexion et au PIB. L’Afrique est vite passée à l’ère des smartphones. On estime qu’en moyenne 60% des africains utilisent leur mobile pour écouter de la musique. C’est un comportement tout à fait normal eu égard à la vulgarisation des téléphones mobiles en Afrique. Ainsi donc, le téléphone mobile est aujourd’hui, le seul point de contact privilégié pour atteindre le consommateur. Le changement digital de l’industrie musicale en Afrique peut donc passer donc exclusivement par le mobile. Qui en tire financièrement profit pour l’instant ?

Yemi Alade au MIDEM à Cannes

Les Rencontres Musicales Africaines (REMA) voudraient à travers cette édition offrir, en un premier temps, un espace de découverte aux outils et bonnes pratiques actuelles en matière de diffusion de contenus musicaux. Ensuite ; la présence des producteurs venus du monde entier permettra de partager leurs expériences respectives et surtout soumettre des propositions concrètes pour faciliter l’accès aux nouvelles technologies de l´information et de la communication, dans l´industrie musicale.

Angélique Kidjo reçoit le Grammy Award pour la quatrième fois.

Au regard actuel de l’industrie musicale en Afrique, le constat est attristant. Le manque de données statistiques sur la musique africaine ne permet pas de dresser un bilan précis. Ce qui dénote que ; l’industrie musicale locale est très peu structurée. Quand bien même on n’en dispose, les canaux de distributions de la musique sur le continent se font de façon informelle sans aucune analyse et donnée fiable. Chacun spécule et donne arbitrairement les chiffres. Résultat ; la piraterie a largement gagné du terrain.

Pourtant, la production des données fiable est un des enjeux majeurs auxquels les professionnels du secteur (musiciens, entrepreneurs, managers, producteurs etc.) doivent répondre afin de construire des modèles de développement pertinents. Le Ministre Burkinabè de la Culture des Arts et du Tourisme, Abdoul Karim SANGO le répète d’ailleurs à plusieurs reprises; aux créateurs, aux promoteurs et même aux journalistes.

Il en ressort néanmoins que, les plus grands artistes africains sont produits le plus souvent en France et en Angleterre. Conséquences ; leurs succès n’entraînent pas forcément un développement de ce secteur en Afrique. Quel business model pour l’industrie de la musique en Afrique ? Les REMA tenteront d’apporter des réponses idoines du 22 au 24 octobre prochain.

Hervé David HONLA.

 

 

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