L’artiste Menfils avait convié hier 27 aout : amis, artistes, personnalités coutumières, administratives et de nombreux opérateurs économiques à Kilwen pour la sortie de son single «Mbaa Wende». C’est dans une marée humaine et une avalanche de billets de banque que «Balla le Yaaba» fait son retour sur la scène musicale burkinabè.
Ambiance et décor des grands jours, mode discothèque : Les leveurs de coude y étaient déjà installés dès 15h pour un spectacle qui était pourtant annoncé à 22h. Bonne occasion pour le DJ de connivence avec le promoteur de la discothèque, d’ambiancer pendant tout ce temps les mélomanes. 90% des musiques jouées dans cette discothèque nommée le REX ONE, étaient burkinabè.

Réputé généralement pour être un quartier remuant, Kilwen n’a pas dérogé à la règle. Le showcase de Menfils l’a confirmé. Pour se faufiler dans ce cadre, il fallait bousculer la foule. Tout porte à croire que la réouverture des espaces de divertissement a soulagé plusieurs ménages. Du promoteur de ce bar aux mendiants, tous avaient le sourire hier sur leur visage.
C’est finalement l’arrivée des hôtes de la soirée qui donna le clap d’ouverture de la soirée. Le parrain, l’Honorable Abdoulaye Sourgou (ex manager d’Idak Bassavé) qui a payé sur le champ 50 CD de «Mbaa Wende» le PDG OUWA BUSINESS, Hamadou Maiga suivi plus tard de l’arrivée du Chef de Silmiougou Naaba Tigré, ont planté le décor sous le regard des acolytes de Menfils Balla ; Freeman Tapily, Jean Marie Nabi Zopito et Absiko Koté, installés depuis belle lurette.

De tels spectacles ; généralement le public n’accorde aucune importance à la technique. L’essentiel est qu’il y ait du tintamarre. Malgré les sifflotements des baffles accentués par les coupures intempestives du micro, personne ne se plaignait, bien au contraire ; «Cela fait partie du charme du spectacle». Le maître de cérémonie Peter JB Tampouy n’y trouvait d’ailleurs aucun inconvénient et se prêtait même au jeu.

C’est un secret de polichinelle ; dans un tel évènement organisé par un artiste, il faut vous attendre à une pléiade de chanteurs. Poussins artistes, amateurs, artistes en herbe et bien sur les plus confirmés.
La désignation des patrons, parrains et co-parrains d’une telle activité, n’est pas souvent anodine. C’est l’occasion pour la plupart d’extérioriser leur satisfaction auprès des artistes, en les déversant des liasses de billets de banque sur scène. Pour ce showcase ; le spectacle était hallucinant ! Chaque artiste qui montait sur scène s’est vu asperger de billets de 10 000 FCFA, 5000 FCFA, 2000 FCFA…de la part des parrains et co-parrains. Sachant pertinemment, qu’ils seront au-devant de la scène et sous les feux des projecteurs, ils se préparent en conséquence en empilant dans leur veste, des «lingots» de billets qu’ils déverseront aux artistes.

De Menfils Balla lui-même à CS Bazaro, en passant par Babcy la Réussite, Fély S, Kady Wenpouiré et surtout Natou ; tous ont happé le pognon de l’honorable Abdoulaye Sourgou et sa suite. Bien que certains artistes peuvent trouver ce genre de spectacle peu reluisant pour leur carrière, d’autres par contre tirent énormément du profit. «J’ai acheté mon terrain et ma voiture grâce ce type de spectacle » affirme Kady Wenpouiré. Tous sont arrivés à Kilwen au volant de leur véhicule flambant neuf. Une bonne passerelle qui ouvre les portes à ces artistes en quête de grandes scènes. Nous comprenons maintenant, pourquoi, ils étaient remontés contre cette pandémie.

Celle qui aura véritablement ravi la vedette ce soir, est indiscutablement Natou ! Détrompez-vous ; cette cantatrice moderne n’a rien perdu de sa notoriété après son accouchement. C’est une véritable star de ce type espace. Ces danseurs se sont transformés en percepteurs de billets de banque sur la scène. Laissant leur chorégraphie pour empoigner la pluie d’argent que Natou les relayait avec sa main droite. Il aurait été judicieux que le staff de l’artiste dépose un emballage d’un sac de riz de 50 KGS pour recueillir tout cet argent qui fusait de toute part.

La particularité de Natou réside non seulement dans sa voix perçante et audible, mais surtout dans son folklore moaga teinté de griotisme. Elle fait dans le style «Zougnazamda modernisé». Le beat de sa chanson tourne en boucle et l’artiste égrène avec justesse et cadence, les noms des mélomanes qui viennent souffler à son oreille. Natou est aujourd’hui ; et n’en déplaisent à certains, l’une des icônes à prendre au sérieux dans la musique burkinabè.

C’est une quinzaine d’artistes qui ont défilé sur ce petit podium sous la direction de Menfils Balla. Certains n’ont même pas pu passer. Quelques échauffourées mineures se sont éclatées dans les coulisses sans grandes conséquences. Tout simplement parce que, tous voulaient passer même sans le moindre copeck.

Menfils Balla, au four et au moulin, est monté régulièrement sur scène pour interpréter quelques tubes, soit en collaboration avec Babcy ou en solo, avant de présenter son tube «Mbaa Wende». C’est un foisonnement de rythme moderne et local où l’Afrobeat et le Wiiré se conjuguent dans une dynamique d’africanité. Chanté en chœur par son public, «Mbaa Wende» a été unanimement apprécié par les différents parrains et les fans de l’artiste se sont en appropriés. C’est le studio Cama-Cama Production sous la direction technique de l’arrangeur Gambo Rock Djia, que ce single a été réalisé.
Un showcase qui aura eu le mérite de connaître un succès populaire sur toute la ligne. Mais, néanmoins ; que les promoteurs des discothèques en accord avec le staff des artistes, prennent le soin de mieux concevoir leur scène. Prévoir un vrai fond de scène assez large et spacieux et une sono appropriée qui n’a aucune relation avec celle de la discothèque. Pourtant : la sono et la déco, on en trouve partout au sein des artistes et amis qui peuvent vous l’offrir gracieusement.
Hervé David HONLA