Enfin le bout du tunnel?
Peut-on écouter une musique et avoir subitement des sueurs froides avec un épiderme qui enfle ? En écoutant Pascal Kabore dit Rayif dans «Nimb Nimba » c’est fort possible de l’avoir.
C’est incontestablement le coup de cœur de la semaine pour OXYGENE MAG ! Le single «Nimb Nimba» de l’artiste Rayif est une véritable fierté de la musique burkinabè. C’est l’incarnation parfaite du patrimoine musical burkinabè.
Ecrire une chanson est quelque chose de très gratifiant quand on est vraiment musicien. Ça démontre l’esprit créatif et également notre valeur en tant que compositeur. Impossible d’écouter ce tube «Nimb Nimba» de Rayif et demeurer flegmatique. Les accords, la gamme, le choix des instruments et que dire alors de la voix petite rocailleuse ? Tout est parfait ! Pas besoin de comprendre ni le message encore moins, le dialecte de cet enseignement originaire de Konkistenga.
Mine de rien ; cette chanson, fera parler d’elle de gré ou de force au Burkina. Le fait simplement de percevoir le style musical de cette chanson, l’on détermine de facto, l’importance du choix des instruments.
Rayif te commence la chanson par un jeu ambiguë de claquements des castagnettes scandés par un étonnant jeu de flute. Ensuite une transition phénoménale s’opère grâce aux roulements de la batterie pour enfin, ouvrir la voie à cette rocheuse voix suave entonnée dans un mooré profond.
Son arrangeur Kevinson Laly (Encore !!!) n’est pas passé par quatre chemins pour structurer cette chanson. Toute simple avec un magnifique badigeonnage d’instruments modernes et locaux. Rayif a tout naturellement chanté dans la gamme avec une parfaite justesse vocale, à l’image d’un écolier obéissant. Intro-couplet-refrain-couplet-refrain-pont et enfin refrain. Pas plus ni moins ! Cette méthode a permis à cette chanson de respirer, d’où l’importance du tempo. Car, on tape inconsciemment son pied au sol en écoutant cette magnifique chanson.
Ce qui a séduit l’ensemble de l’équipe de rédaction d’OXYGENE MAG, c’est l’apport des instruments. Chaque instrument s’écoute aisément et chacun joue parfaitement sa partition. Les subtilités ont véritablement fait la différence. Le plus extraordinaire, c’est la flute !
Contrairement à certains artistes qui utilisent la flute comme un pot de fleurs dans leur chanson, Rayif a donné du rythme et de la mélodie à cet instrument. C’est cet instrument qui donne la belle couleur de cette musique. Balafon, djembé, cymbales sont séquentiellement présents dans la structure. La guitare basse, quant à elle, harmonise toute l’ossature du tube grâce aux glissandos qui rentrent et sortent de façon alternative. Le roulement de la batterie apparaît toujours pour amorcer la transition et introduire la voix de l’artiste.
Rayif a donné une place judicieuse aux chœurs. Ils interviennent subtilement en jouant parfois les doublures et les répondeurs dans le texte de la chanson. En plus ; ce single a le mérite d’aborder les comportements des hommes en public quand ils observent une mignonne femme. Dans une mélodie langoureuse déclinée ironiquement dans des rythmes liwaga, wiiré et surtout Chegba, Rayif nous rappelle une fois de plus que : les meilleurs artistes ne sont pas seulement ceux qu’on voit en longueur de journée sur le petit écran.
Rayif a fait ce qu’il pouvait faire ; mettre ce magnifique single sur la place publique. C’est indéniable : le moindre mélomane qui l’écoutera sera immédiatement séduit, car «Nim Nimba» est le reflet de l’excellence de la musique burkinabè et moaga en particulier.
OXYGENE MAG n’a pas envie d’écrire au bas de cet article «Mais». Car il serait vraiment incongru qu’un mécène, un fils de la Konkistenga ou d’ailleurs, un producteur, un Ministre, un commerçant, un diplomate, un douanier, un industriel, un sportif, un banquier, un minier… du pays laisse cet artiste en villégiature.
Ça sera mal et très mal pour la musique burkinabè !
Hervé David HONLA