Repenser d’autres formes de spectacles
Certains pourront qualifier ce projet d’innovant au regard de la pertinence dans l’accompagnement des artistes musiciens. L’Association des Arts Solidaires à travers l’Atelier Silmandé a présenté le 8 juin 2020 à la presse nationale, un programme ingénieux baptisé SCENE LAB. Destinée aux artistes strictement triés sur le tas, dont leurs performances artistiques sont surtout basées sur le live, SCENE LAB s’engage à renforcer leurs capacités à travers des coachings, des rencontres be to be et surtout des placements dans des concerts assez spéciaux. Pour cette première phase inaugurale, les Sœurs Doga, Aïda Dao et Kalam sont les bienheureuses du projet.
A l’heure où la création artistique subit de profonds changements et où le rôle de la culture est constamment remis en question, les industries culturelles sont en train de repenser d’autres formes de création, de promotion et de diffusion de leurs œuvres. L’association des Arts Solidaires a initié une forme hétéroclite d’industrie créative basée sur la proximité. A travers son Atelier Silmandé, elle offre aux artistes d’autres plateformes d’accompagnement tant sur le plan national qu’international avec comme principal joker : le concept Salon de la musique. Il consiste a donné des spectacles vivants chez les gens dans leur univers privé.

Des bourses sont octroyées aux artistes sélectionnés par des professionnels de la musique, ensuite les récipiendaires rentrent dans une forme d’hibernation à travers les ateliers de création, de recyclage, de renforcement de capacité selon les aspirations des artistes. Ils sont quotidiennement pris en charge et ce pendant une année par ce programme SCENE LAB. Les Bénéficiaires participent aux échanges physiques et en ligne avec des professionnels de chaque secteur de la musique peu importe leur localité. Du Burkina, Côte d’Ivoire, D’Allemagne en France en passant par la Suisse, la Belgique ou le Danemark, ils sont régulièrement suivis. Le travail intellectuel s’alterne aux séances de répétitions qui engendrent des restitutions de travaux à travers la diffusion tant sur la scène Ablo Zon de l’Atelier Silmandé, qu’ailleurs dans les domiciles et espaces privés. L’objectif selon son initiateur Patrick Kabré : «Nous voulons repenser d’autres formes plus réduites de spectacles. Ceci permet aux artistes de jouer régulièrement devant un public cible et surtout très avertis». Artiste musicien confirmé, Patrick Kabré est aujourd’hui célèbre et sollicité dans le monde grâce à cette forme de représentation. Afin de faire partager son expérience aux autres artistes, il a décidé de mettre à la disposition des boursiers de SCENE LAB, l’ensemble de son carnet d’adresse.

La journée du 8 juin 2020, marquait donc le lancement du programme SCENE LAB avec les trois premières boursières : les Sœurs Doga, Aïda Dao et Kalam. Leurs talents respectifs ne sont plus à démontrer. Les spectacles réduits avec une logistique miniaturisée devant un public délimité mais très éveillé en matière de musique ; telle est la philosophie du programme SCENE LAB.

Cette forme émergente de représentation permet aux artistes de se produire dans des conditions différentes. Habitués des scènes, le spectacle chez l’habitant permet un spectacle à l’échelle humaine, notamment en termes de convivialité et de bonne humeur. Il développe d’ailleurs des rencontres privilégiées avec les artistes et également avec les spectateurs qui resteront avec plaisir discuter après le spectacle. C’est aussi une autre expérience du spectacle vivant qui favorise surtout l’expression culturelle, les échanges avant, pendant et après les représentations.
Dans d’autres pays occidentaux, les concerts privés à domicile rencontrent un succès retentissant qui ne cesse de s’accroître. Ils deviennent même un type d’évènement musical à part entière. C’est une nouvelle mode, un nouveau genre de divertissement que SCENE LAB est en train d’initier au Faso. Des structures comme Napambeogo, l’Ambassade de la République d’Allemagne, Barka Culture, Collectif Kama ou encore l’UNICEF n’ont pas hésité le moindre instant à accompagner ce programme.

«Nous sommes sincèrement très heureuses d’appartenir à ce programme surtout que nous faisons partie des premières boursières. Le coaching, les performances et surtout cette forme de spectacle de proximité vont beaucoup nous aider » affirment les Sœurs Doga. Quant à Kalam Kundé, la plus jeune des récipiendaires, elle affirme qu’elle a enfin trouvé sa voie dans la musique. «…Mais, tout passera par le travail et le renforcement des capacités. Grâce mon Kundé je pourrais m’ouvrir vers d’autres formes de représentations. Je compte saisir cette opportunité au vol à travers les différents les modules qu’on me dispensera» conclut-elle.
Hervé David HONLA