l’épineuse question de contrat
Le point de rencontre le plus important entre danse et musique, est le rythme. Certains sont mêmes tentés d’affirmer que l’un ne va pas sans l’autre et qu’ils sont complémentaires. La seule nuance variable entre les mélodies et les danses découle du fait qu’une musique peut accompagner différents types de danses. Mais pas le contraire. Le véritable dilemme qui gangrène ces deux métiers lorsqu’ils sont emmenés à évoluer ensemble dans un spectacle de musique (concert de musique), c’est le statut.
Généralement dans le cas où la «vedette» est le chanteur, le danseur n’intervient qu’à titre occasionnel. Pour la plupart des artistes chanteurs, ils ne possèdent aucun contrat avec les danseurs. Les plus célèbres tels que Floby, Imilo Lechanceux et Dez Altino font l’exception. Certes; par ce que financièrement tout baigne pour eux.
Pourtant; la relation qui devrait d’abord exister entre le danseur et le chanteur, c’est la mélodie et le rythme qui va avec. Mais malheureusement, la question de leadership vient généralement tout mettre en branle. Selon le musicien, c’est lui qui domine le danseur : «Je dirige, donc par conséquent, les danseurs sont à ma merci» disent-ils
La construction d’une mélodie incombe au chanteur. Normalement; pendant qu’il enregistre son œuvre au studio, il devrait déjà définir les pas de danse de sa prochaine chanson. Dès que l’œuvre est finie, immédiatement, il doit associer le danseur dans la création. Il lui donne l’âme et l’inspiration de sa chanson. Seulement si le danseur n’est pas au diapason, il doit être capable de l’aider en lui indiquant la forme expressive qu’il souhaite revoir régulièrement. D’où le nom «concept»

Afin d’établir une communication expressive avec le danseur, le chanteur aussi doit maîtriser le langage de la danse et du corps. Il doit écouter tous ses signaux sonores et tous ses ordres verbaux pour faire les ajustements nécessaires. De plus, en suivant le danseur, le chanteur ressent lui-même une sensation chorégraphique au niveau de l’énergie et du rythme.
Contrairement à ce que certains peuvent penser; le danseur n’est pas subordonné à l’artiste chanteur. Celui-ci commence par chanter sa mélodie, que reprennent ensuite les instrumentistes pour accompagner la danse. Il indique aussi le tempo et la dynamique qui correspondent à son humeur. Certes, c’est lui le chef d’orchestre, mais au niveau de la danse, il est subordonné. Le chanteur doit surveiller le danseur pour s’adapter au tempo et aux plans chorégraphiques de sa chanson.

La meilleure collaboration entre un chanteur et les danseurs ne peut être au beau fixe, que si les deux entités possèdent de très grandes compétences dans leurs domaines respectifs. Ils doivent se respecter mutuellement. L’un ne domine pas l’autre. Un bon danseur et un faux chanteur ne pourraient jamais coexister. Pour être davantage performant sur scène, les chanteurs doivent connaître les aires, le rythme, le tempo et la dynamique propres à chaque type de danse. Il est inadmissible qu’on chante du «coupé-décalé» et que l’on ne sache pas danser. Tout comme du Liwaga ou du Binon. Vous ne pouvez pas jouer de la musique pour la danse, si vous ne savez pas danser vous-mêmes.

Ceci est également vrai pour les danseurs. Ce n’est pas toutes les musiques qu’on doit savoir danser. Toutes les musiques ne doivent pas avoir les mêmes pas de danse. Dans ma musique Warba, si tu viens danser le «roukaskas», je te colle un procès!
Dans le meilleur des cas, danseurs et artistes chanteurs sont censés créer une parfaite harmonie, chacun menant l’autre et le suivant à tour de rôle, ce qui aboutit à un spectacle perçu par les mélomanes, comme un tout auquel participent conjointement la musique et tous les autres moyens d’expression.

Mais là où malheureusement tout tourne parfois au vinaigre. Ce sont les relations extra professionnelles qui salissent profondément les deux parties. Dans la plupart des cas, ce sont les danseurs ou danseuses qui approchent les chanteurs, souhaitant faire partie de leur staff. Ils commencent bénévolement sans rien proposer de concret au départ en laissant le chanteur libre de toute forme de collaboration. Beaucoup vont même accepter des contrats moyennant le sexe. Pire même, les chanteurs parfois sont irrités de voir leurs danseurs entretenir d’autres relations. Ils interdisent et exigent qu’ils soient uniquement sous leur coupole.
Généralement sans contrat avec des cachets dérisoires par prestations qui tournent autour de 2500 FCFA, 5000 F CFA et 10 000 F CFA, les danseurs sont même parfois des lèches bottes des chanteurs sur scène. Ils acceptent faire toutes les simagrées que le chanteur lui demande de faire sur scène au péril de sa vie.
Tout n’est pas aussi morose que ça chez ces danseuses et danseurs, car certains acceptent se faire entretenir dans le sens propre comme figuré du terme, par des hommes ou femmes mariées, divorcées, veuves, célibataires, 10, 20 voire 30 ans plus âgées qu’eux.
C’est le monde lugubre et nébuleux de l’Art!
Hervé David HONLA