“La musique vivante traverse les frontières”
L’artiste 12PCA de la révélation 2019 nous a accordé une interview le 10 mai 2020 dans son appartement à Ouaga 2000. Il revient sur la genèse avec sa structure VIVERO Productions, ces deux titres «Gnongo » et celui dédié à sa mère «Confession». Déjà une année passée dans cette écurie, le transfuge du groupe SARAKAN au caractère timide, ouvre néanmoins son cœur à OXYGENE MAG.
Contrairement à ce que les gens pensent, Fadeen avant tout, c’était d’abord le groupe SARAKAN avec Menfils Balla Yaba…
Tout à fait ! La belle expérience dans ce groupe est que ; j’ai bénéficié de beaucoup d’expériences artistiques. Car avec SARAKAN, s’était de l’autoproduction. Ça m’a surtout permis de comprendre le showbiz avant d’être aujourd’hui Fadeen. Je profite de votre journal, pour remercier Menfils Balla.
Après cette épopée SARAKAN, tu es également passé par les médias.
C’était en 2012 quand le groupe s’est disloqué. Je ne voulais pas rester sans rien faire, d’autant plus qu’il n’existe pas de métier mineur ni de métier majeur. J’ai donc décidé de faire la radio pour arrondir mes fins de mois. C’est à Bobo-Dioulasso à la radio LPC en tant que technicien de studio, que j’ai passé une année avant de revenir m’installer à Ouagadougou.
Dans le groupe SARAKAN, tu évoluais dans un autre genre musical.
Le groupe FASO KOMBAT nous avait beaucoup inspiré. C’est la raison pour laquelle on faisait du rap. Au fur et à mesure qu’on grandissait, on écoutait des styles. Les tendances évoluent au fils des années tout comme les feelings artistiques. L’aventure avec SARAKAN a duré six ans avec un album et un maxi. Aujourd’hui, je fais plutôt dans la musique urbaine teintée de couleurs locales et afro contemporaines.
Les maisons de productions sont de plus en plus rares au Burkina Faso. Comment es-tu rentré en contact avec ta structure VIVERO Productions ?
Quand le groupe SARAKAN s’est disloqué, j’avais enregistré un single. Grâce à un Webmaster du nom de Waghin Zerbo, il suivait toutes mes diffusions et prestations que je faisais sur ma page facebook. Il a décidé de mettre en contact avec le responsable de la structure VIVERO Productions en la personne d’Ousseni Savadogo. Mon histoire avec VIVERO Productions n’a pas été aussi rapide comme certains le pense. Nous avons travaillé dans l’ombre pendant quatre années. Formation vocale et maitrise des instruments de musique, notamment la guitare. J’ai fait le solfège à l’INAFAC. Entretien psychologique, éducation artistique et orientation sociale. C’est seulement, il y a un an, le 30 avril 2019 que l’album «Graine d’espoir» a vu le jour.
Un an après la sortie tonitruante de «Graine d’espoir » dans un appartement privé à Ouaga 2000 devant une meute de journalistes ; quel bilan peux-tu dresser ?
C’est un bilan assez positif malgré qu’il ne soit pas encore inachevé. Car on devait boucler la première année par un concert géant au CENASA le 20 mars dernier. Hélas ; la pandémie a eu le dessus sur nos activités. En une année avec le titre «Gnongo» a comptabilisé plus d’un million de vues. J’ai reçu le trophée de 12 PCA de la révélation artistique de l’année. Nous ne comptons pas en rester-là. Avec le titre «Confessions» nous sommes déjà à plus 600 000 vues. Nos objectifs sont loin d’être estompés.
Comment as-tu goupillé cet album qui connaît de nos jours, un succès fulgurant ?
Quand je préparais l’album, j’ai eu l’assistance de la maison de production pendant l’enregistrement. Elle m’a aidé dans le choix des thèmes et des titres. Le résultat est perceptible et toutes les générations s’y retrouvent. D’où la présence des styles assez variés.

Comment s’est faite cette transition ? Notamment, passer du playback au live en si peu de temps.
Déjà l’INAFAC, j’avais déjà quelques notions du live et je m’entourais progressivement d’une équipe d’instrumentistes jeunes et homogènes. Finalement, nous avons pu composer un orchestre constitué de cinq musiciens. Je ne les appelle pas musiciens dans le sens propre du terme. On s’appelle plutôt «la famille». Nous vivons comme des frères, des ivoiriens, des burkinabè et nous vivons en famille. C’est la maison de production qui a constitué ce groupe et aujourd’hui, nous sommes inséparables.
Pendant cette période de confinement, est-ce que vous continuez toujours à travailler ?
Nous continuons à travailler, mais j’avoue que c’est super difficile de travailler dans ces conditions. Au regard des consignes données par le gouvernement concernant le Covid-19. Nous nous retrouvons à deux ou à trois pour des répétitions acoustiques. L’objectif c’est de maintenir le cap et surtout garder constamment la main.

Tu appartiens à une Maison de production. Quelles sont les prérogatives qui t’incombent dans cette maison ?
Je ne voudrais pas tout dévoiler ici mais c’est une maison qui se soucie de la carrière et du devenir de ces artistes. Bien que je sois le premier…
…On dit que tu es logé dans un grand appartement à Ouaga 2000 tout frais payés. Tu as un véhicule, bref tu es à la merci de VIVERO…
Le matériel et les avantages liés au contrat, je préfère ne pas me prononcer…je dirais que c’est la vision de la maison. C’est ça qui est le plus important pour moi…

La maison VIVERO possède sa vision et toi en tant qu’artiste, tu as aussi la tienne. Comment arrivez-vous à concilier les deux ?
A chaque fois, nous nous concertons lors des réunions de mise au point. Nous trouvons toujours un terrain d’entende. Heureusement, que nous sommes tous jeunes et on se comprend facilement.
Quelles sont les véritables ambitions de Fadeen ?
C’est avant tout poursuivre dans la même philosophie que mes devanciers. Amener la musique Burkinabè dans les sommets afin que d’autres aussi prennent le relai. L’une des causes personnelles à laquelle je voudrais me battre, est celle des enfants.
En ces moments de disette pour les créateurs : Tu vis de quoi en ce moment ?
La musique m’a permis d’ouvrir une petite unité d’élevage. Je m’en sors déjà petit à petit avec ça. Ça me permet justement d’arrondir les fins de mois…Bien que tout va bien dans la musique.

Le tube «Confession» que tu as construite avec Frère Malkhom est très adulé par les mélomanes. Que représente une mère pour des artistes aussi célèbres comme vous ?
Comme le titre l’explique ; c’est une confession que je voudrais faire à l’endroit de ma mère. Elle s’est battue pour moi…je vois les images encore comme si c’était hier. Je vois une femme qui s’est mise dans la peau d’un homme et d’une femme pour m’élever. Une façon de rendre hommage à toutes les mères car elles sont le souffle et l’existence même de la vie. Pour moi, c’était mon plus grand rêve de chanter pour ma maman. Elle est toujours à mes côtés. Aujourd’hui elle est fière de moi, c’est vrai qu’au début, elle ne me voyait pas faire la musique. Mais aujourd’hui, elle en est fière et je suis heureux de lui donner tout ce qu’elle veut grâce à ma musique.
Quels conseils peux-tu prodiguer à tes petits frères qui hésitent de faire du live ?
C’est d’abord d’apprendre à jouer un instrument. De se former vocalement, bref ; apprendre la musique avant d’entrer en studio. Le live est une musique vivante et qui traverse les frontières.
Hervé David HONLA