Will Sanwidi (Community Manager résidant en Italie) : «Depuis une semaine, l’espoir revient. »
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Will Sanwidi (Community Manager résidant en Italie) : «Depuis une semaine, l’espoir revient. »

Conséquences du non respect des consignes

Un jeune et dynamique acteur culturel Burkinabè résidant à Rome en Italie, précisément dans le quartier Testaccio, que nous avons joint au téléphone, revient sur les mesures drastiques que les Italiens sont en train de prendre pour lutter contre cette pandémie.

 Will Sanwidi, Community Manager Burkinabè

L’Italie est aujourd’hui le pays qui compte le plus de morts liés au coronavirus, après la Chine. Un chiffre impressionnant. Même s’il faut rester prudent, deux pistes peuvent permettre de comprendre cela. La première, c’est que l’Italie est le deuxième pays le plus vieux du monde, derrière le Japon. Pourtant, au regard des 44.000 cas étudiés en Chine, la gravité de Covid-19 semble augmenter avec l’âge. Dans les chiffres qui circulent, les morts italiens sont très vieux. affirme un infectiologue italien Faris Durmo. Des chiffres officiels de l’ordre des médecins qui parle d’un âge médian de décès autour de 81,5 ans. A l’inverse, en Corée du Sud, pays touché depuis plus longtemps par le coronavirus, il y a beaucoup plus de jeunes infectés de moins de 30 ans dans les données officielles. Plus de jeunes implique moins de risques de complication.

Afin de vous imprégner dans le quotidien des italiens, en cette période nostalgique du confinement, Will Sanwidi a bien voulu répondre à nos questions.

Quel est l’état d’esprit des Italiens en ce moment ?

Alors ; depuis trois semaines, progressivement et assez massivement nous avons respecté le confinement. Les règles et consignes se sont durcies au fur et à mesure. Globalement, les gens trouvent comment profiter de leur liberté autant que possible. C’est-à-dire : faire des courses, faire du sport et promener les animaux…

Où se situe la courbe de contamination ?

Comme il fallait s’y attendre depuis la fin de la seconde semaine, la croissance des chiffres de contamination a baissé. On arrive progressivement à contenir l’épidémie. Le système de santé italien arrive à son épuisement total donc d’autres pays aussi arrivent pour aider.

“Il y a des affiches de personnes demandant de l’aide dans les couloirs et les escaliers par exemple”

Est-ce que l’Etat vous vient régulièrement en aide ?

Au niveau de nous la population, il n’y a pas d’aide de l’Etat. Pas dans le milieu où je suis. Je ne vois que des internationaux, ceux qui ont des bons salaires qui arrivent à s’en sortir.  Des nationaux pas salariés, ou possédant des petits salaires, se font aider grâce aux actions communautaires. Il y a des affiches de personnes demandant de l’aide dans les couloirs et les escaliers par exemple. Dans mon immeuble on s’organise pour aider les personnes âgées. C’est très grand bâtiment qui contient au moins 300 appartements. Beaucoup de vielles personnes y vivent seules et il y a également des familles nombreuses.

Est-ce que, selon vous, vous envisagez des prémices de fin de crise ?

Oui depuis une semaine, l’espoir revient on sent le nombre de contaminés diminuer. En fait ; les gens savent ici, que les chiffres actuels sont dus au fait qu’il y a deux semaines, certaines personnes n’avaient  pas respecté les consignes ou ne savaient pas qu’ils sont contaminés et ont continué à contaminer les autres. Donc ; nous savons que les victimes d’aujourd’hui,  sont les conséquences de l’avant quarantaine. Hier (Ndlr le 30 mars 2020) ;  en tout cas à la radio ; il y avait des messages positifs.

“on accompagne les malades vers la mort dans son hôpital.” Dixit Will

Où en êtes-vous avec les questions thérapeutiques ?

Pour les traitements, on parle d’essai en France et en Lombardie, la région Nord de l’Italie où ils sont très touchés et très riches.  Là-bas, la semaine dernière ; une amie nous disait que tous ceux qui étaient entubés mourraient. En gros ; on accompagne les malades vers la mort dans son hôpital. Mais par contre ; Il n’y a pas mal de guérisons dans d’autres hôpitaux. C’est plutôt un traitement de soutien au système immunitaire. Une méthode immunitaire  pour soulager les symptômes et le corps se défend. Les cas de test sont vraiment gardés sous silence. On entend que parler du côté de la France. Sur l’efficacité des traitements ; aucune nouvelle ! Le débat sur les traitements, c’est en France et en Afrique qu’on en parle. Ici notre débat, c’est comment soutenir les médecins ? Comment soutenir les pauvres ?

Comment la tranche jeune fait face à la pandémie ?

Heureusement que les enfants sont épargnés. Il y a eu des cas de jeunes qui sont morts. Certains avaient des problèmes et ne savaient pas. D’autres, on ne sait pas pourquoi ils sont morts.  Mais des autopsies seront faites pour comprendre. Mais jusque-là, plus les enfants sont jeunes, plus ils sont épargnés. Même les nourrissons qui se font allaiter. C’est un miracle. C’est incroyable ! Mais on ne voit pas les enfants dans les rues. Les gens ont peur tout de même. Ici les enfants sont inséparable des grands parents.

Propos recueillis par Hervé David HONLA

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