Comment guérir les DJ au Burkina ?
Edito Point de vue

Comment guérir les DJ au Burkina ?

C’est de jouer la musique Burkinabè

Malheureusement peu sont ceux qui jouent continuellement la musique burkinabè dans leur discothèque. Certains s’illustrent merveilleusement bien, mais sont piétinés par les plus vicieux.  Ils sont pour la plupart, victimes des musiques étrangères à succès, notamment ivoirienne. Conséquences ; l’industrie musicale burkinabè prêche dans le désert dans sa propre localité à cause de son manque de diffusion dans les points chauds censés distiller les œuvres locales.

DJ SAKO

Que vous ne le vouliez ou non le rôle premier du disc-jockey est comme son nom l’indique, “D’ENCHAINER DES DISQUES”. Donc par conséquent ;  le rôle premier n’est pas de faire danser les gens comme on peut souvent l’entendre, mais bien d’enchainer des disques.

 

Alif Naaba

Le discjockey est un animateur musicalIl propose et anime un programme de musique adapté aux goûts d’un public qu’il connaît par avance pour un lieu et un contexte particulier. Il n’est donc pas auteur encore moins interprète. Car l’auteur apparaît plutôt comme étant le propriétaire de son œuvre (chanson). Il recouvre deux volets fondamentaux que sont : le droit moral et le droit patrimonial. Il ne peut donc en aucun cas réclamer une quelconque rémunération de la part d’un bureau de droit d’auteur ou encore moins d’un évènement de récompense nationale tel que le KUNDE, qui s’intéresse exclusivement aux auteurs des œuvres musicales. Le DJ ne remplit aucune de ces conditions que sont le droit moral et patrimonial.

Ambiance discothèque Maison Blanche Ouaga

Par contre, ce qui est d’ailleurs évident ; on a plutôt l’habitude de voir des DJ dans une discothèque. Ce qui, à titre de rappel, n’a pas toujours été le cas de par le passé.

Il faut remonter dans le temps pour comprendre pourquoi les DJ ont trouvé en priorité leur place dans ce type d’endroit.

kandy Guira

Au tout départ, les établissements dansants, tels que ; les “Night Clubs” comme on dit, faisaient appel à de véritables groupes de musique pour animer une soirée ou un événement. Au fil du temps, les technologies d’enregistrement et de restitution sonore ont, dans les années 50, donné naissance au “Disque microsillon”, que l’on appelle communément “disque vinyle“. Celui-ci, en l’espace d’une décennie, est devenue de si bonne qualité qu’il n’était plus nécessaire de faire appel à un groupe de musiciens pour reproduire une musique. C’est ainsi que tout naturellement, les premiers fanas de musique ont commencé à collectionner des dizaines et des centaines de vinyles pour les enchainer lors de soirées privées et devenir des “Disc-Jockey” qui veut dire : chevaucheurs de disque en Français.

DJ (Anelka de Ouaga, Jeffrey et Ulrich Kapo)

En cette même période, les “Night-club” ont compris qu’ils pouvaient eux aussi collectionner des centaines de musique et les diffuser sans devoir faire appel à des musiciens. Par conséquent, dans un souci de rentabilité, les night clubs ont progressivement remplacé les groupes de musique, par un seul employé qui avait pour fonction de faire le “Disc-Jockey”.

Vous l’aurez sans doute compris, les DJ, ont “piqué” ou «volé» la vedette au travail des musiciens instrumentistes.

 

Bil Aka Kora

Aujourd’hui ; le rôle de DJ s’est agrandi à celui d’animateur. Et c’est grâce à ce point que le métier de DJ (deejay) a pu trouver une reconnaissance auprès d’un public.  C’est pour ça que certains se revendiquent aujourd’hui comme étant, les faiseurs de stars. Car le DJ n’avait plus pour simple rôle de passer des disques en fonction d’une programmation musicale définie par un «directeur artistique», manager ou propriétaire de la « boite». Mais devait, pour le faire bien, écouter et s’adapter aux réactions du public. Certains vont même créer des concepts et des plages d’animations pour promouvoir certains rythmes.

Yannick Amir

Il est donc impératif que le DJ, pour s’adapter au public, doit en plus d’avoir une bonne culture musicale, se tenir au courant des dernières nouveautés. C’est pourquoi celui-ci doit être attentif aux différentes modes et être à l’affût des nouveaux artistes émergents d’abord de son pays, ensuite ceux des autres.

En peu de temps, le DJ a pris une place tellement importante dans les établissements dansants. Donc par conséquent, il devrait être une référence en matière de dénicheur de talent.
C’est pourquoi les maisons de disque et les producteurs se sont naturellement rapprochés des dj pour leur proposer de passer leur titre moyennant des “arrangements” financiers ou “en nature”

Kady Wendpouiré

Mais malheureusement, beaucoup parmi, s’en moquent éperdument. Dès que la Maison de production ou l’artiste s’approche de lui, une fois le dos tourné ; le DJ revient dans ces travers. Promouvoir les musiques d’ailleurs. Pire même ; certains DJ devenus auteurs/compositeurs, refusent de jouer les musiques de leur confrère, par pure animosité et de peur que ce dernier ne lui ravisse la vedette plus tard.

DJ Manzony et le chanteur Bebeto Bongo

D’autres parts ; pour faire plaisir aux défenseurs de la musique burkinabè qui s’insurgent dans leur discothèque en pleine animation ; ils font une parenthèse pour faire plaisir en jouant 15 à 20 mn la musique burkinabè. Et quelle musique ? Celle déjà connue ; (Dez Altino, Floby, Imilo Lechanceux, Tanya, Dicko Fils…). Bref des anciens classiques. Oubliant parfois que certains ont même sorti des nouveautés. Donsharp de Batoro (Soundjata), Mariah Bissongo (Polougou), Mariam Rovane (Wend Konté), Sofiano (Zabdaman), Alif Naaba (Gomdé), Kandy Guira (Tek la Runda), Wendaabo (Kodonbo), Vidas le Brillant (Koncobre), Nana Bibata (Yel Somdé), Bil Aka Kora (Fulu), Kadi Wendpuiré (Pagb daré), DJ Levis (Azanato), Vins (Ya somma Bi), Limachel (Ma chérie) etc. des exemples sont légions. La fourchette est tellement large, si bien que nos DJ, pour cette cuvée 2020, n’ont pas à envier les voisins. Car la qualité et la technique y sont.

Sofiano

Pourtant, les DJ ont ce pouvoir de diffuser des musiques inconnues à un public, ceux-ci ont le pouvoir de faire connaitre les artistes. Et par conséquent, le pouvoir de les promouvoir s’en prendre trop de risque. Puisqu’il peut directement tester la “capacité d’appréciation” d’un titre envers un public.

En somme ; le métier fondamental de DJ consiste à :

  • Enchainer des musiques.
  • Animer un public
  • Ecouter et s’adapter aux réactions, goûts et envies du public.
  • Etre à l’affût des nouvelles tendances et des artistes émergents.

Il est donc naturel qu’un bon DJ, n’impose pas ses goûts musicaux. Un bon DJ s’impose de suivre les goûts des musiques locales au détriment des siens. Un bon DJ se distingue par sa faculté à comprendre et à donner à un public, l’ambiance et la musique que l’environnement musical local exige, teintée surtout d’esprit patriotique. Jouer la musique burkinabè, ne veut pas dire jouer toutes les musiques burkinabè. D’où la culture musicale est très capitale dans la formation des DJ. Il existe de la mauvaise musique burkinabè et de la bonne musique burkinabè. C’est la capacité de discernement du DJ qui fera la différence.

DJ Kokobliko

N’oubliez pas aussi que dans une discothèque, c’est le public qui vient faire la fête et non le DJ, pas plus que toutes les personnes qui travaillent dans l’établissement. Le bon Dj en discothèque crée une ambiance festive parce que c’est le public qui lui demande ! C’est aussi parce que, subtilement, il a su en complicité avec l’actualité musicale burkinabè, captiver l’auditoire. Dans le musicalement correct : ce n’est pas le dj qui demande au public de danser, mais c’est le public qui demande au dj de mettre la musique pour danser !

Ce qui veut dire aussi, qu’un public peut demander autre chose à un dj que de danser. C’est le Dj qui doit s’adapter, aux tendances musicales de son pays et non celles des autres !

 

Tanya

C’est pourquoi, un dj peut être amené à travailler dans pratiquement tous les endroits ou une animation est nécessaire. Discothèque, Bar, Restaurant, Télévision, Radio, Défilé de mode, Spectacle, Salon, Salle de Fitness, Evénement sportif, Evénement pour lancement de produit, Evénement familial type mariage etc…car il ne jouera qu’en priorité les tendances locales pour créer une sorte de «pandémie » musicale burkinabè. Plus on jouera les musiques locales partout, plus le public réclamera ces musiques dans les discothèques.

 

Maeva

Ce qui faut retenir, c’est que peu importe la situation, ce n’est jamais le dj qui impose ses goûts, mais soit le client, soit le paysage musical local.

Aussi comprenez que bien que la maîtrise des techniques de mixage dj est importante, l’animation et la capacité à connaître les musiques locales le sont bien plus.

Un Dj qui écoute les musiques burkinabè mais qui a une mauvaise technique de deejaying aura bien plus de chance de trouver du travail qu’un deejay qui a une technique impressionnante mais qui ne se soucie guère de la musique de son pays.

Un jour ça sera le cas au Burkina Faso.

LECHAT !

 

 

 

 

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