Devoir de recevabilité et de transparence
Cela devient déjà un exercice auquel les hommes de médias commencent à s’y habituer. Depuis sa prise de fonction, le 5 février 2018, le Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme Abdoul Karim Sango se livre chaque année, à un vaste déballage sur la gestion de son département. En ce jour 14 février 2020, c’est la Maison de la Culture Mgr Anselme Titiaman Sanon à Bobo-Dioulasso qui a été le théâtre de cette activité. Pendant près de trois heures de conciliabule avec sa traditionnelle voix alternée (parfois haute, parfois basse), il a épluché tous les aspects des différentes filières de son département.
Conscient que l’année 2019 n’a pas été de tout repos pour le secteur culturel et surtout touristique à cause de l’extrémisme violent, il n’en demeure pas moins que le Gouvernement doit toujours puiser dans toutes ses ressources pour instaurer la quiétude et surtout la sécurité auprès des populations. La culture et le tourisme jouent également, un rôle régalien dans cette atmosphère. C’est la raison pour laquelle, le patron de ce département a d’abord inventorié les acquis engrangés en 2019, tout en brandissant certaines statiques, qui, contrairement à l’opinion publique, sont plutôt encourageantes et louables.
Certes, la promotion de l’entreprenariat et de la diversité culturelle y compris touristique, a connu de nombreux remous, mais les chiffres annoncés, notamment dans le secteur touristique, précisément l’hôtellerie parlent d’eux-mêmes. Le nombre de touristes était de 540 390 en 2018, il est passé selon le Ministre, à 572 070 en 2019. «Ce n’est pas parce que vous ne voyez pas les blancs partout dans les rues, que ça veut dire que le pays n’est pas fréquentable. Détrompez-vous, il attire toujours des visiteurs étrangers» précise Abdoul Karim Sango. Cela a même permis, renchérit le Ministre, de développer le tourisme interne, qui est passé en 2018 de 395 898 touristes internes à 427 570 en 2019. C’est dans cette foulée que le ministère avait lancé une sorte de campagne promotionnelle du tourisme interne en étroite collaboration avec les responsables hôteliers. Ce qui a permis de réduire le coût des chambres pendant la période des vacances. Une mesure qui s’est soldée en amont, par l’accompagnement technique et financier de 19 projets d’opérateurs touristiques d’un montant de 466 283 192 F CFA. Selon Sango, il est tout de même inconcevable que si le Tourisme ne marche pas au Burkina Faso, comment est-ce que 161 Licences d’affaires ont été octroyées aux entrepreneurs privés en 2019 ? «Cela leur a permis de réaliser des infrastructures hôtelières, l’ouverture des agences de voyage et autres pour un investissement total estimé à 45 249 869 591 F CFA» conclut-il.
Cela allait paraitre cataclysmique si, durant tout son bilan, le garant des Arts, de la Culture et du Tourisme du Burkina Faso ne mentionnait pas en «lettres capitales» les deux succès engrangés sur le plan mondial. Il s’agit de l’inscription des sites de métallurgie ancienne du fer au patrimoine mondial de l’UNESCO, lors de la 43è session à Bakou, en Azerbaïdjan. Et le classement de 1679 nouveaux biens meubles dans les registres d’inventaire des musées en vue de renforcer la sauvegarde du patrimoine culturel national.

En faisant des Conférences Régionales, l’une de ses priorités lors de son bilan en 2019, le Ministre a visiblement tenu à sa parole. Surtout cette contribution de la culture à la prévention et à la lutte contre l’extrémisme violent a été largement débattu dans plusieurs Régions (Cascades, Sud-Ouest, Centre, Est, Plateau Central, Centre-Nord, Centre-Est)
On ne peut pas prétendre créer des conditions propices au rayonnement des artistes, sans toutefois asseoir une gestion transparente et prolifique de leurs œuvres. C’est pour cette raison que Sango n’a pas tarit d’éloges à l’endroit du BBDA. A chaque fois qu’il abordait la question des créateurs, il faisait des virgules pour magnifier la gestion du Bureau Burkinabè de Droit d’Auteur. La phrase accompagnée du chiffre évoqué par le Ministre qui a fait frémir plus d’un dans la salle est la suivante : «Au titre de droits d’auteur, le BBDA a collecté à peu près 2 milliards de F CFA au profit des acteurs, permettant ainsi d’améliorer leurs conditions de vie et de travail». Sans oublier l’adoption de deux projets de loi. Celle la loi d’orientation de la filière du Livre et la loi révisée sur la protection de la propriété littéraire et artistique. Le Fonds de Développement Culturel et Touristique n’a pas été en reste. 520 projets d’opérateurs culturels ont bénéficié de l’accompagnement technique et financier du FDCT.
Tout en relevant la bonne tenue des manifestions internationales classiques qui se sont déroulées en 2019 telles que la FILO (Foire Internationale du Livre de Ouagadougou) et le FESPACO (Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou), l’admirateur de l’industrie cinématographique nigériane, s’est longuement indigné sur la santé du cinéma Burkinabè. Morceaux choisi : «…Pourtant, nous avons de très bons acteurs ! Partout où je vais, on me parle de Souké et Sidiki…Nos séries Télé ont disparu ! Où est passée par exemple la série «3 Hommes, 1 village» et bien d’autres? Le cinéma pourtant, créé des emplois…Mais on veut toujours compter sur le Ministère. Même si je prends tout le budget du Ministère, je donne à un réalisateur, ça ne vas pas suffire…Il faudrait user de votre magnanimité et stratagème pour chercher des financements ailleurs ; chez des grands opérateurs économiques. Il y a des gens qui ont beaucoup d’argent dans le monde mais, ils ne savent pas où l’injecter…» Concernant, certains sites homologués par l’Etat, des avancées significatives sont en train d’être opérées. La question de la cité des artistes de la SNC connait une légère avancée. La pose de la première pierre sera effectuée lors de la 20è édition qui aura lieu du 28 mars au 4 avril 2010 à Bobo-Dioulasso. Le siège du FESPACO est en pourparlers entre les architectes et le Ministre. Ce dernier attend des propositions concrètes. Le jumelage ou la fusion entre la SNC et la Maison des Jeunes et de la Culture serait en suspens.

Sans toute fois, occulter une quelconque filière et avec les interventions des hommes de médias venus massivement, le Ministre Sango a toutefois ébauché les axes majeurs qui jalonneront l’année culturelle et touristique en 2020. Comme en ligne de mire ; la Semaine Nationale de la Culture qui aura lieu du 28 Mars au 4 avril avec comme pays invité d’honneur, le Mali. Le Ministre entend poursuivre l’organisation des Grandes Conférences Publiques Régionales, cette fois-ci sur la place des valeurs culturelles dans la transformation positive de la Nation, qui selon lui, doit passer par l’école. Un programme culturel et artistique doit être établi à l’endroit des enfants, dès leur initiation. D’où cette poursuite du plaidoyer avec le MENA pour l’introduction de modules relatifs aux arts et à la Culture dans l’enseignement.
L’épineuse question de la promotion de la musique burkinabè est encore revenue au-devant de la scène. Le Ministre entend la résoudre en créant une plateforme numérique de diffusion de la musique Burkinabè. Quant aux sites inscrits sur le patrimoine mondial, il ne suffit pas seulement d’applaudir et de les citer à chaque discours, le ministre souhaite que des actions soient menées en vue de les protéger, viabiliser et promouvoir. Bien que l’année 2020 soit considérée comme une année électorale, elle ne va pas empêcher que le Symposium de Laongo se déroule au mois d’octobre prochain. La promotion de la destination Burkina Faso ne passera pas simplement par l’organisation du VITHRO (Vitrine Internationale du Tourisme, de l’Hôtellerie et de la Restauration de Ouagadougou) ou de la réduction des chambres d’hôtels, mais surtout par une campagne de communication internationale subtilement professionnelle avec la mise en œuvre d’une stratégie de marketing de l’ONTB.

Mais selon Abdoul Karim Sango, toutes ses actions devraient au préalable être en phase avec la Lettre de mission de son patron, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Christophe Joseph Marie Dabiré et les orientations du PNDES. Mais tout compte fait, tout semble corroborer.
Hervé David HONLA