Bilan musical à Bobo-Dioulasso : Les acteurs se lâchent !
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Bilan musical à Bobo-Dioulasso : Les acteurs se lâchent !

OMEGA FM lance le débat

La radio OMEGA FM s’apprête à diffuser une émission culturelle enregistrée dans la ville de Sya à Bobo-Dioulasso (Capitale économique du Burkina Faso) au sein du Centre Culturel LES BAMBOUS. Étaient présents autour de l’animateur  Hamed Kossa :Moussa Dembélé (Promoteur de FITINI Show), Alexandre Sangaré (Commissaire Général de FITINI Show), Diakité Diafodé Kaba Alexandre (Directeur de 2DKA Prod), Nicole Ouédraogo (Manager du groupe AFRIKANDA), Dony (Info show Bobo), Hervé David HONLA (Promoteur des 12PCA). Le thème principal gravitait autour du bilan musicale dans la ville de Bobo-Dioulasso avec en toile de fond, la question visibilité des œuvres musicales de la Sya dans la capitale et sur l’ensemble du territoire national. L’émission sera diffusée le 24 décembre 2019 sur OMEGA FM à 23h.

Le Centre culturel LES BAMBOUS a donc été le théâtre le 21 décembre 2019 d’une émission spéciale bilan musical à Bobo-Dioulasso. Les produits des artistes musiciens de Bobo-Dioulasso ne sont pas consommés dans la capitale politique Ouagadougou. Les artistes de Bobo-Dioulasso sont plus vus dans certains pays frontaliers tels que ; le Mali la Côte d’Ivoire. Mais beaucoup de promoteurs affirment que le milieu musical est gangréné par des clans.

C’est néanmoins ce qui en est ressorti dans le débat que Hamed Kossa a ressorti dans cette émission.

À l’heure actuelle, on ne se charge plus de la promo de notre musique de la même manière qu’il y a 10 ans. Avec l’avènement des réseaux sociaux et la démocratisation des outils technologiques, les musiciens, groupes de musique et artistes se tournent de plus en plus vers Internet pour diffuser leurs œuvres et leur marque. Mais dans des pays en Afrique à l’instar du Burkina Faso, la capitale demeure l’une des zones où il existe une forte concentration du showbiz. Les artistes ciblent la capitale pour promouvoir leurs œuvres pour espérer conquérir l’international.

Bien que certains labels vont même déjà jusqu’à affirmer qu’il n’est plus obligatoire de passer par la presse écrite, la télévision ou les radios nationales pour connaître un certain succès, les médias et les scènes de la capitale sont toujours convoités.

Des d’artistes indépendants commencent à vivre de leur passion et à faire grossir leur communauté de fans, gratuitement ou presque, en utilisant pleinement les outils à leur disposition. D’autres vont même explorer les autres pays voisins pour se retrouver plus tard sur des scènes mondiales.

“Les artistes de Bobo-Dioulasso tournent plus dans le monde” Alexandre Sangaré

En plantant le décor, le Promoteur de FITINI SHOW, Moussa Dembelé a décrié la santé de l’industrie musicale burkinabè. «Le problème est transversal, l’industrie musicale burkinabè est malade. De la qualité de la production, les studios d’enregistrement, les mécanismes de promotion des artistes… Bref ; en réalité le showbiz est malade. Même si vous faites sortir une très bonne musique et que derrière, il n’y a pas un bon staff, l’artiste n’ira nulle part. Quand j’écoute la radio et regarde à la télé, je ne vois pas véritablement d’émissions qui accrochent la jeunesse et qui abordent la question fondamentale de la musique et de sa promotion»

Selon Alexandre Sangare, Directeur du centre Culturel les BAMBOUS, les promoteurs et acteurs culturels évoluent en rangs dispersés sans aucune méthodologie. Il estime qu’il n’y a pas de politique culturelle au Burkina Faso : «Chacun pédale son vélo à côté ! Dans d’autres pays, c’est mieux organisé mais au Burkina Faso, il n’y a pas de politique culturelle, parce que le Ministère va te dire  qu’il a 300 millions pour un budget de tout un Ministère de la Culture des Arts et du Tourisme. Toi tu as un projet de 200 millions, c’est évident que le ministère ne pourra pas t’aider. Avec un tel budget, il y a combien de direction générale ? Il y a un problème sérieux qui ne se dit pas dans la culture ! La culture est vraiment le parent pauvre»

Quant au promoteur des 12 PCA (Personnalités Culturelles de l’Année, Hervé HONLA ; il estime que le travail devrait se faire à la chaîne : «…Le suivi doit se faire à partir de la création, jusqu’au niveau de la diffusion et la distribution. Ceci pour s’assurer de la bonne qualité des œuvres.  Malheureusement, le milieu est gangréné par un comportement clanique qui empêche l’épanouissement de notre industrie culturelle en général et musicale en particulier»

Bass Mandelson, promoteur du FUNA présent au débat

Ce problème de clan semble être récurant, ce qui ferait de l’ombre aux artistes de Bobo-Dioulasso, analyse Diakité Diafodé Kaba Alexandre, Président Directeur Général  de 2DKA Prod. «A Bobo-Dioulasso particulièrement, il y a du talent. Mais malheureusement, les artistes n’ont pas de staff.  Les artistes de mon écurie s’étaient déplacés à Ouagadougou pendant deux semaines pour booster la promo sur l’ensemble des médias. Malgré ce travail qui est fait, les promoteurs de Ouagadougou ne nous appellent pas. Nos œuvres ne circulent pas dans la capitale. Ce n’est pas parce qu’ils ne nous connaissent pas. Ils ne vont pas vous associer dans leur évènement, bien que vous les appeliez. Ce problème de clan persiste dans le milieu et cela détériore notre industrie musicale»

Le débat est donc monté d’un cran en intensité et la public présent à l’émission a régulièrement réagit par des applaudissements. Hamed Kossa était obligé de recadrer les prises de paroles car les réactions allaient de tous les sens.

La réaction de Diakité Diafodé a permis l’animateur de l’émission de se poser la question sur la sincère collaboration entre les promoteurs du showbiz de Bobo-Dioulasso et ceux de Ouagadougou. «Tout est basé sur les intérêts. Effectivement la question de clan est récurrente dans notre milieu. Si à Ouagadougou, on estime qu’en restant avec les artistes de Ouagadougou, ça les arrange beaucoup plus qu’avec les artistes de Bobo-Dioulasso, on ne se rend pas compte qu’on dévalorise d’une certaine manière, la culture burkinabè.  A Bobo-Dioulasso, un travail sérieux est fait. Ce n’est pas seulement dans le domaine de la culture que cette discrimination se pose mais dans tous les domaines. Il faut que nous puissions mettre les bouchées doubles afin que l’on nous respecte et qu’on nous associe à certaines activités de grande envergure. Le talent, c’est indéniable, il est là ! il faut que nous puissions travailler ensemble pour le rayonnement de la culture burkinabè» Insiste Nicole Ouédraogo manager du groupe AFRIKANDA célèbre groupe de slam installé à Bobo-Dioulasso.

…Tout comme l’artiste Djeli Karim

Pour Dony ; représentant et journaliste d’Info Show Bobo ; «La question de clan n’est pas seulement culturelle. Elle concerne tous les secteurs d’activités. La plupart de nos artistes ici à Bobo-Dioulasso ne sont pas connus à Ouagadougou. Il y a eu étiquète que l’on colle aux artistes de Bobo-Dioulasso de manière spécifique et à la population de Bobo-Dioulasso de manière générale. Pourquoi nos artistes arrivent à jouer en Côte d’Ivoire, au Mali mais ils ne sont pas invités à Ouagadougou ? Le transport ici (Bobo-Dioulasso) et Abidjan, c’est plus chère que Bobo-Dioulasso- Ouagadougou…Il a fallu que le Ministre se déplace pour comprendre qu’il y a un travail qui se passe à Bobo-Dioulasso. Couleurs Vacances, Fitini Show et bien d’autres…Ebony organise même plusieurs activités dans la sous-région et Fitini Show est même  allé cette année en Côte-d’Ivoire…Bref il faudrait que nous arrivions à dépasser certaines clivages sociaux. Sinon chaque fois que nous allons organiser des grandes manifestations, on ne verra que Ouagadougou sans penser aux autres artistes résidant dans d’autres provinces»

 

Tout en abordant dans le sens des débatteurs sur le plateau, Alexandre Sangaré s’est également appesanti sur la qualité des œuvres des artistes de Bobo-Dioulasso. «Je pense qu’à Bobo-Dioulasso, nous devons faire dans le professionnalisme. Quand on présente un produit, il faut que ce produit soit mur ! On ne fait pas la promotion d’un artiste en herbe. Le vrai souci ici, les artistes brûlent les étapes. Ils vont vite à la starmania ! Montrez-moi un groupe de la ville de Bobo-Dioulasso qui répète deux fois par semaine!?»

Et Moussa Dembélé de renchérir : «Nous vivons dans un pays très fermé. J’ai suivi une vidéo d’Hamed Bakayoko qui a pris en main le défunt DJ Arafat en disant officiellement que Yorobo est son fils ! Quand vous voyez un tel personnage faire publiquement une telle déclaration, il n’y a pas cette structure qui n’apportera pas son soutien à l’artiste. Malheureusement, la musique ici au Burkina Faso n’est pas une priorité pour les politiques, c’est plutôt le sport. Dans d’autres pays, les footballeurs, les mécènes, les hommes politiques accompagnent parfois individuellement et publiquement leurs artistes. Ce n’est pas le cas ici…L’industrie musicale c’est un bizness, ce n’est  pas du social. Quand j’organise FITINI Show, j’invite des artistes qui vont me faire remplir mon espace. Ce n’est pas du social, c’est lucratif donc par conséquent, j’invite des artistes qui marchent et qui sont connus. Je prends le cas de Sana Bob qui avait été Kunde d’Or : Juste après son sacre, il est venu ici à Bobo-Dioulasso pour un concert au Théâtre de l’Amitié. Il n’y avait pas 200  personnes !»

De gauche à droite Hervé HONLA, Moussa DEMBELE, Alexandre SANGARE et Bass Mandelson

Abordant le problème de l’excellence de la musique Burkinabè, Nicole Ouédraogo est revenue sur le métier fondamental de la musique : «Nous n’avons pas la culture de l’industrie dans notre culture encore moins dans la musique Je ne suis pas d’accord par exemple qu’on invite mon artiste en me disant que c’est un grand-frère du quartier, on souhaiterait qu’il vient jouer, on va lui remettre du carburant. Je dis non ! C’est un artiste musicien qui doit vivre de son art. Il ne faut pas que l’on considère la musique comme étant un passe-temps. C’est une profession comme toute les autres»

«Je prends Victor Deme, il a joué gratuitement presque toute sa vie pour des gens et c’est par amour qu’il faisait. Mais il a eu toute la gloire avant de mourir… » Rétorque Alexandre Sangaré.

Afin de toucher du doigt les réalités artistiques de la vile de Bobo-Dioulasso, le promoteur des BAMBOUS affirme haut et fort ceci. «S’il y a des artistes qui tournent dans le monde entier, ils viennent de la ville de Sya. Prenez par exemple Madou Diabaté ! Il a 15 albums, ils donnent des masters class dans les Universités. Bas Mandelson, il possède le festival FUNA…Kanazoé Orchestra tourne partout dans le monde ! Les meilleurs musiciens  disons-le : les Bozambo sont partis de Bobo-Dioulasso… Donc sachez-le ; à Bobo-Dioulasso, il y a la chose ! Il y a des talents mais seulement dire qu’à Ouagadougou on ne programme pas les artistes de Bobo-Dioulasso je suis d’accord !  Si vous prenez le Fond de Développement Culturel et Touristique (FDCT) : Moi j’investis 100 millions ! On vient me dire de faire un dossier pour une subvention de 10 millions. Et ça encore, nous sommes 500 demandeurs parce que je suis en association. Peut-être qu’on sera cinq à avoir le financement…il y a un problème sérieux. Il n’y a pas de volonté politique ! La culture par excellence, le sport par excellence c’est la ville de Sya»

Le grand déballage le 24 décembre 2019 à 23h sur OMEGA FM

LECHAT !

 

 

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