Née pour briller ?
Surnommée «La Slamazone», l’artiste Malika a donné un spectacle inédit au CENASA baptisé «CONCERT LE FASO D’ABORD». Inédit par ce que ; c’est la première fois qu’une artiste, d’obédience SLAM investie cette cuvette refusant de surcroît du monde malgré le pass d’entrée qui coutait vingt-mille francs (20. 000 F CFA). Un spectacle haut en son et lumière ! Cette ambassadrice de bonne volonté vient de d’amorcer un virage déterminant dans sa carrière d’artiste.
Malicka Ouattara de son vrai nom n’est plus cette jeune aspirante du slam ou du hip hop qui arpentait les scènes de concours de slam au Burkina Faso. Aujourd’hui lucide dans la tête, clairvoyante et excellente oratrice, elle engrange une admiration incontestable dans son pays. «J’ai connu le slam grâce à elle» affirme Gaspard Ilboudo, Professeur d’université. Auréolée de plusieurs distinctions nationales, il était opportun pour son staff de lui faire gravir un palier supplémentaire.
Ce concert LE FASO D’ABORD, surtout dans cet environnement où la question du patriotisme et de la cohésion sociale sont plus que d’actualité, il n’y avait pas mieux artiste qu’une slameuse prolixe de la stature de Malicka pour galvaniser d’avantage les «troupes».
«Il n’y a plus de place…» bougre désespérément quelques fans de l’artiste venus en retard dans les fourmillants parkings disposés aux abords du CENASA. Les engins à deux roues se partageaient les mêmes compartiments que les véhicules de luxe, jusqu’au Lycée Zinda Kabore. «Le Concert de Malicka la Slameuse bloque notre marché. Jusqu’à présent, je n’ai même pas encore eu un client» marmonne une des nombreuses prostituées à ses collègues assises dans la pénombre sur leur moto au bord de la chaussée.
Pour une artiste de son étoffe au Burkina Faso, il fallait déployer de grands moyens techniques, matériels et humains. La sécurité à la porte avec les CRS. Le staff de l’organisation du concert qui contrôlait méticuleusement les pass d’entrée. Un présentateur approprié pour une telle soirée, Jacky El Feno. Un technicien de son congruent en l’occurrence Eliezer Oubda. Une régie lumière assurée par le CENASA et surtout des invités prestigieux et majestueux à l’instar du Ministre Harouna Kaboré, du Député Tahirou Barry, de Maître Titinga Frédéric Pacéré, Dr El Hadj Moussa Ahmed Diallo PCA de l’Institut Africain de Management (IAM). Du DG du BBDA, Walib Bara et bien d’autres…
Pour un tel évènement, les collègues de l’artiste n’ont pas marchandé leur présence. Certains ont apporté leur contribution en jouant aux côtés de la slamazone, d’autres ont manifesté leur présence en montant sur scène, la congratuler.
Pour un spectacle qui se voulait à la dimension internationale, il ne fallait pas surtout manquer la mise la mise en scène. Les puristes du live n’attendaient que cette entrée de l’artiste sur scène pour porter un jugement. Car c’est souvent le fait marquant d’un spectacle. Malicka a choisi de se faire accompagner, voire épauler par des jeunes chorégraphes tout au long de son spectacle de façon traversable. C’est eux qui ont goupillé cette mise en scène.
Pour une artiste slameuse à l’image de Malicka, le message et ses envolées lyriques sont sa marque de fabrique. Elle ne pouvait qu’être associée de chorégraphes. Mais les dix danseurs ont été assez extensibles pendant la mise en scène. Plus d’un quart d’heure pour annoncer l’artiste avec des scènes plus ou moins identiques. Pourtant l’esprit et le concept étaient novateurs. Dommage que lors de l’annonce de l’artiste sur les deux balcons de la salle, il n’y avait pas suffisamment de poursuites pour zoomer ces danseurs prononçant ostensiblement le nom «Slamazone !!!». D’autant plus que le présentateur Jacky El Feno avait déjà admirablement bien planté le décor au préalable grâce à son éloquence verbale limpide et surtout dépourvue de fautes.
La voix et le message étaient les deux options importantes à prendre en compte à ce spectacle. Les différents acteurs ont admirablement bien régulé ces deux entités. Micro et harmonie musicale bien tamisés avec la complicité du zoom qui jouait remarquablement sa partition. Le public s’est aussitôt scotché sur la genèse de la carrière de Malicka contée par elle-même, comme dans un auditorium acquis à sa cause. Malicka a décrit symphoniquement son entrée dans l’arène musicale en interpellant dans la salle, certains des acteurs qui l’ont aidé à grandir. Partagée entre des airs de djembé et de guitare, elle déclamait son slam sur ces partitions musicales à l’image d’un papillon qui se posait sur un pétale d’une fleur.
Les jeux de rôles et mises en scène orchestrés par les chorégraphes à la fois sur la scène et dans la salle, étaient exécutés avec délicatesse. A cause de l’exiguïté de la salle ; ils ont eu quelques difficultés à s’exprimer convenablement. Vivement une salle appropriée et digne d’un tel spectacle soit construite au Burkina Faso. L’avant-scène réduite empêchait les acteurs de bien s’exprimer et surtout la présence du public amassé sur les allers perturbait leurs exercices. Grave même ! Un fan de l’artiste a failli assainir un violent coup de pied sur la tronche de Maître Titinga Pacéré. N’eût été la clairvoyance de ce jeune homme, les sapeurs-pompiers allaient entrer en scène.
Le Rap et le slam pour Malicka, c’est comme l’écorce et l’arbre. Elle manie si parfaitement bien ces deux genres musicaux, qu’elle n’éprouve aucune gêne à entrer en osmose avec son auditoire. Au Burkina Faso, il est exclusivement rare de rencontrer un artiste féminin aussi brave et courageuse dont l’art oratoire n’est qu’une simple tasse de thé pour elle. Elle a su captiver de bout en bout l’attention de son auditoire avec un sourire et une prestance assez élégante.
On ne peut parler de slam et de message dans un tel contexte sociopolitique actuel, sans être entiché d’émotions. Larmes, sourire, mots galvaniseurs, slogans patriotiques et standing ovation étaient au rendez-vous.

L’entrée de Greg Burkimbila a été l’évènement et surtout le détonateur de la soirée ! C’est avec des transitions sans passage à vide que la conceptrice du FASO D’ABORD égrenait son riche répertoire. Le mercure est véritablement monté quand l’auteur de «Reg Taoré» est apparu dans la foule, micro en main, distillant dans voix suave, son couplet dans ce tube qu’il a co-entonné avec sa consœur. Les deux ex «IAMOIS » (Etudiants à l’IAM) ont électrisé la salle dans ce duo. Comme si, cela ne suffisait pas ; Floby fait son apparition sur la scène comme un météore sous un tohubohu d’ovation. Suivi d’Awa Boussim, Don Sharp De Batoro, Awa Nadia…Un moment très émouvant qui n’a laissé personne indifférent. Certains se posaient des questions dans la salle, si cette scène était une improvisation ou tout était prévu dans le conducteur ? Tout compte fait, ces célébrités aux côtés de Malicka La Slameuse ont signé ce spectacle. Le thème «LE FASO D’ABORD » à travers cette image et cette prestation, s’est manifesté dans cette collaboration.

«…Cette sève, je l’ai transmise à Malicka afin qu’elle puisse s’en inspirer et puis être utile pas seulement à elle-même mais être aussi utile à la Nation. Actuellement, elle ne m’appartient pas, mais elle appartient à tout le monde. On demande que vous puissiez la bénir, la protéger afin qu’elle puisse aller de l’avant» témoignage émouvant de sa mère lorsqu’elle a pris la parole sur scène. Dès la première phrase énoncée avec un français très soutenu, l’assistance a commencé à chahuter dans la salle. Visiblement, le public a été surpris d’entendre la génitrice de Malicka, s’exprimer aisément et avec éloquence en français. Pendant ce temps, sa fille larmoyait derrière elle. Car le «Douahou» (les bénédictions) était attendrissant.
La gorge sèche, la boule au ventre avant de rentrer sur scène, le souffle coupé…tous les artistes qui se produisent devant un public ont ressenti cela un jour…C’est d’ailleurs normal. Par contre ; malgré que c’était son baptême de feu, à aucun moment, l’on a ressenti le moindre stresse qui se lisait sur le visage de cette jeune fille voilée. Malicka a su canaliser toutes les forces de son côté. Elle a su magnifier ce qu’elle sait faire le mieux. Son arme la plus puissante pour dompter la scène, c’est le mental. Durant tout le concert, elle est restée à la fois concentrée et décontractée. Malgré le challenge de son concert, elle n’a pas perdu de vue sa mission en tant qu’artiste, qui est celle de s’éclater et de prendre du plaisir.

Mais, quand il s’agit d’une représentation live, à l’image de ce qu’elle nous a présenté. Il faut avoir une sorte de tic. C’est-à-dire avoir une méthode ou un code personnel pour être toujours en harmonie avec les instrumentistes. Pour Malicka, c’est son bras gauche. Elle possède cette manie de toujours balancer subtilement ce bras avant d’entonner un tube. Une façon de réguler la justesse de sa voix à celle des instruments pour être en phase avec le tempo. Ce bras gauche en guise de pantomime ou de métronome lui donne la conduite à tenir. Chaque artiste possède son propre hic…Pour Malicka, c’est ce bras gauche flottant.
La preuve ; elle n’est pas tombée dans l’euphorie au moment où ces nombreux admirateurs se sont succédés sur la scène avec une avalanche de billets de banque. Pendant qu’elle entonnait avec ses musiciens, un de ses tubes posé, elle n’a, à aucun cas, perdu la charpente de sa musique. Malgré qu’elle recevait intemporellement des billets de banque, soit sur son visage et sur ta tête, elle n’a ni dégammé, ni même arrêter la musique pour remercier son public. Tout se faisait en harmonie avec ses instrumentistes. C’est de l’art et c’est de la classe ! Ce n’est pas donné à n’importe quel artiste sur une scène live, de le faire. L’autre fait marquant, c’est la manière la plus exquise de gérer ses interludes. Pendant qu’elle allait soit changer sa tenue ou passer d’un tube à un autre, les chorégraphes occupaient la scène. Parfois, Jacky El Feno faisait une brève apparition pour passer un VTR sur sa fondation SLAMAZONE.

Dans son rôle de «fille à convoiter» à la faveur de son tube «L’Homme qu’il me faut», elle a sarcastiquement et dans une ambiance bonne enfant, mis à contribution les hommes dans le rôle de séducteur. Chacun défilait devant elle pour incarner le meilleur gentleman ou aristocrate de la salle. Une parenthèse glamour qui s’apparentait à une téléréalité.
Dommage néanmoins que ce qui pouvait davantage donner un éclat particulier à ce concert inédit, c’est la scène. Une scène abrégée qui n’avait rien de fascinant. Avec tout ce qu’on a comme fond de scène au Burkina Faso et surtout avec les nombreux mécènes présents dans ce spectacle, on pouvait lui offrir un vrai fond de scène digne de ce nom. Des scènes en 3D pixélisées avec des écrans LED pullulent dans nos maisons de production. Une bâche léthargique sur la scène avec l’effigie de l’artiste paraissait incongrue et inappropriée pour un tel spectacle de dimension internationale.
Une artiste qui aura séduit son auditoire non seulement par son talent mais aussi par son charisme et son message. Elle a su trouver le juste milieu entre sa passion la musique et sa foi musulmane qu’elle affiche sans offenser son prochain. Une véritable ambassadrice d’une culture de tolérance et de partage. Elle est l’incarnation parfaite de cette cohésion sociale dont le monde recherche tant de nos jours.
La pelle a manqué pour happer les billets de banque
La longue homélie comme on s’y attendait, de Maître Titinga Pacéré, malgré les applaudissements du public qui voulait écourter son témoignage, a davantage conforté tout le bien qu’on pense de cette jeune artiste.
«…Nous perçons le tunnel et c’est aux jeunes de le polir. Malicka aujourd’hui elle prouve qu’avec le travail, on peut atteindre les sommets. On n’a pas besoin d’avoir une trentaine ou une quarantaine d’années pour tracer son sillon. C’est la preuve palpable, que grâce au travail on peut réussir. Malicka est une fierté pour nous par ce que nous avons cru en elle, hier, aujourd’hui et nous allons toujours la soutenir. Je souhaite que vous l’accompagner par ce qu’elle a des projets nobles pour le Burkina Faso. Aujourd’hui, elle nous a fait découvrir l’univers du Slam, nous ne pouvons qu’être fiers de cette voie tracée. C’est un exemple pour la jeunesse et nous souhaitons que vous puissiez suivre son exemple et porter haut le Burkina Faso. Les bénéfices de ce concert iront aux associations pour personnes vulnérables. Je demande de mettre la main dans la poche pour que nous puissions envoyer une cagnotte consistante et faire le don qu’il faudra pour notre pays » conclu El Hadj Moussa Ahmed Diallo.
Un spectacle de Malicka d’environ deux heures d’horloge qui a bien sûr connu son apothéose avec le duo à succès Malicka/Will Be Black (Ça va les étonner). C’est dans une parfaite communion avec un sentiment d’avoir relevé le défi que : staff, fans, organisateurs et partenaires ont entonné cette mélodie.
Malicka la Slamazone, à travers ce concert, vient de franchir une grande étape dans sa carrière. Mais, elle est loin de titiller les sommets comme certains commencent à l’affirmer. Elle doit davantage se mettre au travail. Car l’industrie musicale est en ébullition. La première étape c’était de conquérir sa Nation. Mission accomplie. la prochaine c’est susciter de l’appétence des professionnels extérieurs vers ses œuvres.

Le moment est venu de développer des meilleures techniques de promotion. Car sa musique est devenue un produit. Un outil marketing qu’elle doit dorénavant développer à travers les plateformes musicales fiables. Un tel spectacle doit être bien monté et distribué sur ces plateformes payantes. Aller à la conquête du marché extérieur, ce n’est pas seulement de voyager et d’aller jouer sur invitation.
Mais, susciter à travers le digital, un intérêt capital pour son œuvre, c’est aussi une voie prépondérante pour amorcer une conquête vers l’internationale, tout en restant chez soi. Surtout rien qu’à regarder le parcours familial, estudiantin, professionnel et artistique de Malicka, tout est édifiant. Est-elle véritablement prédéterminée à briller ?
LECHAT !