Le geste qui sauve d’EDIT
Initiatives Conseil International-Santé (ICI-SANTE) a organisé hier 22 octobre 219 au «Grin des Arts vivants de Ouagadougou» en collaboration avec l’Ecole de Danse Irène Tasssembedo (EDIT) une formation aux «Premiers Secours». Premier du genre dans le monde des Arts au Burkina Faso. Une cinquantaine d’artistes y ont pris part. Pourtant, les modules dispensés étaient d’une importance notoire pour ce milieu artistique.

«Chaque fois que je dispense une telle formation, j’utilise toujours comme exemple, le décès sur scène, de l’artiste Papa Wemba. Si les artistes avaient les notions fondamentales des premiers secours, il n’allait pas succomber à ce malaise» précisait régulièrement l’un des formateurs principal lors des séances, Dr Ahmed Ouattara (Réanimateur du Centre Médical International), présent aux côtés du Dr Thierry le Comte (Urgentiste et réanimateur).

Une minute d’inattention et c’est fatal. Comment agir dans ce genre de situation ? Des vies pourraient être épargnées si une personne sur cinq connaissait les gestes d’urgence. Des gestes simples qui, s’ils sont pratiqués rapidement et correctement, peuvent sauver des vies…Qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un adulte, pour les premiers secours, il faut agir au plus vite en appelant les secours. De l’étouffement à l’arrêt cardiaque en passant par le saignement, les brulures et la perte de connaissance ; les deux médecins ont expliqué avec des exemples pratiques séances tenantes, tous les gestes et surtout les méthodologies primitives qu’il faut employer face à des situations similaires.

Les artistes, notamment les danseurs sont souvent confrontés pendant leurs prestations à certains accidents. Des premiers gestes de secouristes peuvent déjà se réaliser en attendant l’arrivée des urgentistes. Pour le cas d’un étouffement par exemple ; les médecins se sont appesantis sur les premiers gestes à faire. Donnez au maximum cinq claques dans le dos de la victime, surtout entre l’omoplate pour provoquer une toux et déloger l’objet qui bloque la respiration. Ensuite se placer derrière la victime et poser un de vos points fermés entre le nombril et l’extrémité inférieure du sternum. A chaque module donné, des exemples pratiques se faisaient avec les artistes apprenants. Surtout avec un langage facile et accessible à tous. C’est dans une ambiance bonne enfant où les participants ne bredouillaient pas à poser des questions pour mieux comprendre, que les séances se déroulaient. «Dans notre métier nous sommes régulièrement confrontés à des accidents physiques mais malheureusement, bons nombres d’entre nous ne possèdent aucune notion pour administrer les premiers secours à une victime. J’ai voulu donc inviter des amis médecins afin qu’ils viennent nous les faire partager. Je n’ai pas souhaité que cette petite formation soit exclusivement réservée aux artistes d’EDIT. J’ai informé toutes les corporations artistiques : Danse, théâtre, musique, cinéma, arts plastiques etc… afin qu’ils viennent bénéficier de cette formation inédite. Malheureusement certains sont venus et d’autres n’ont même pas répondu à mon message. C’est dommage !» Affirme Irène Tassembedo, très enthousiaste et attentive durant cette formation.

Pour le cas tragique de la star Papa Wemba décédé de crise cardiaque le 24 avril 2016 sur la scène du FEMUA à Abidjan (Anoumambo) en Côte d’Ivoire en présence d’un de nos reporters, le Docteur Ahmed Ouattara s’est appesanti sur le cas d’un sujet victime d’un arrêt cardiaque. Ce dernier a précisé avec des exercices à l’appui, que si la victime ne réagit pas et ne respire pas normalement, prévenez d’abord les secours car chaque minute compte. Libérez d’abord les voies aériennes de la victime et commencez par effectuer 30 compressions thoraciques en permutant avec un collègue ou autre. Continuez surtout la réanimation jusqu’à l’arrivée des secours.

Des cas de perte de connaissance sont fréquents dans le milieu. D’ailleurs, celui le plus récent est survenu du côté de l’Institut Français de Ouagadougou, où le célèbre musicien Eugene Kounker avait perdu connaissance sur scène. Pour ce cas précis, les médecins ont exposé une conduite à tenir. Avant d’entreprendre quoi que ce soit, il faudrait vérifier si la victime ne réagit pas. Libérer les voies respiratoires et dégager son cou de tout accessoire qui gênerait sa respiration. Ensuite, tourner la victime sur le côté en PLS (Position Latérale de Sécurité). Demander bien sûr à quelqu’un d’appeler les secours ou aller chercher de l’aide si vous êtes seul. Vérifier régulièrement la respiration de la victime jusqu’à l’arrivée des secours.

En deux heures de temps, les médecins Thierry Comte et Ahmed Ouattara venaient de soulager les participants présents dans la salle de danse d’EDIT. C’est par une courte et captivante présentation vidéo que la session s’est achevée. «Il y a des gestes rudimentaires qui sauvent des vies, mais que j’ignorais à ce point-là ! » s’exclame un danseur à l’issue de la séance.
Dommage que de telles opportunités, les différents acteurs concernés que sont les artistes ne s’y intéressent pas. Et pourtant…
«Je tâcherais de reconduire cet exercice la prochaine fois, dès que j’arrive à choper un temps de répit aux médecins. Car ce n’est pas souvent évident » conclut Irène Tassembedo.
Hervé David HONLA