Attention à l’effet boomerang
Hier (19 octobre 2019) je me suis rendu au siège du FESPACO surtout pour voir la prestation d’un jeune artiste nommé HUGO BOSS. Une première pour moi de le voir sur scène. Constat très mitigé.
Je préfère commencer par la conclusion : Exercer un métier c’est d’abord un choix de vie. La célébrité dans les bancs d’école restera toujours éphémère. Il faut toujours se projeter vers l’avenir. Combien d’artistes ont connu des succès en faisant du hip hop dans leur tendre enfance et plus tard, ont jeté l’éponge ou sont devenus l’ombre d’eux-mêmes ? Des exemples sont légions.
Je suis très pessimiste pour le cas d’HUGO BOSS et j’espère que plus tard, il me prouvera le contraire (C’est d’ailleurs l’intérêt de ce LIBRE PROPOS). Ce jeune gagnerait à «aller au charbon» s’il veut vraiment faire la musique et surtout le style qu’il veut véhiculer. Son premier handicap, c’est sa voix. Elle n’est pas du tout ordonnée. Elle est certes relativement imposante mais assez décousue. Pourtant, il possède de beaux textes.
Dommage qu’il utilise beaucoup des beats et gammes des artistes connus. Mais il serait souhaitable qu’il fasse travailler ses méninges. L’essentiel n’est pas d’avoir des beaux textes et venir le déverser sur scène en «samplant» sur les tubes des autres.
Durant toute sa prestation, j’ai eu des difficultés à reconnaitre sa véritable gamme. Il y a une certaine pauvreté en termes de sonorités. Justement ; parce qu’il ne travaille pas en live. Pas ce live avec les instruments classiques, mais un live avec une panoplie d’ingrédients musicaux. Il doit avoir une banque de sonorité pour produire des instrumentales de qualité, et ça se travaille en studio. Plus de recherches des sonorités personnelles avec des notes assez originales. A le voir sur la scène, c’est comme du déjà vu et entendu. Autant capter B.BLACK ou MTV Musik pour écouter cette musique afrotrap malien, ivoirien, camerounais ou encore afro-français.
La base mélodique devrait être la première chose qu’il devrait bosser. Car ; c’est dans la première note, que l’on capte la différence. C’est en fait la boucle qui va se répéter le plus et sur laquelle tout le morceau repose. La Trap dans son essence, a beaucoup de variantes contrairement à ce que les profanes pensent. Mais quelques artistes savent les utiliser à sa convenance en ajoutant leurs ingrédients locaux. Pour ne pas citer les noms, il y a pourtant quelques-uns ici au Burkina, qui le fait admirablement bien. Pour le cas d’HUGO BOSS, qu’il ne se fit pas à cette liesse populaire de la jeunesse ou de ses camarades de classe pour tomber dans le laxisme ou l’autosatisfaction. Il faut qu’il travaille. Le public est profane et ne connait pas les codes musicaux. Mais lui, il doit impérativement les connaitre. Sinon, c’est une carrière éphémère qui l’attend. Qu’il sache surtout que la Trap est un style de musique d’instru électronique saupoudrée de charleston avec des nappes parfois synthétiques. Par contre l’Afro Trap, c’est la même envolée lyrique, mais avec des instrus beaucoup plus africains.
Ce n’est pas parce que c’est de l’Afrotrap qu’il ne doit pas faire du Live. Cette musique possède aussi son style vivant sur scène. Il doit s’y faire. Pour aller loin, il faut ménager sa monture.
LECHAT !