«Ma voix est destinée pour le Seigneur»
Née en Côte d’Ivoire, de père ivoirien et une mère burkinabè. Paradoxalement, dans sa famille, personne n’a fait la musique. Aramatou OUATTARA a connu Faso Academie (FAC), il y aussi quatorze ans, surtout avoir toujours eu un penchant pour la danse et le chant. Issue d’une famille de sept enfants, dont elle est la benjamine, la jeune esthéticienne s’est installée au Burkina Faso en 2005. Elle a fait la majeure partie de ses études au Burkina Faso pour après, faire le ferry-boat entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. C’est exactement en 2015, après avoir arrêté ses études en classe de Terminale en Côte d’Ivoire, qu’elle opta pour la musique à la faveur d’un groupe de musique à l’église qu’elle intégra en qualité de choriste. Inspirée par des artistes burkinabè tels que : Amety Méria, Sami Rama, Youmanli, Floby… oyxygenemag.info est allée à sa rencontre le 12 octobre 2019, à l’issue de sa prestation à la cérémonie de l’ISTIC. Cette esthéticienne et décoratrice d’évènements, assez pieuse réside à Bobo-Dioulasso et a décidé «donner uniquement sa voix au Seigneur».

Qu’est-ce qui vous poussez à tenter votre chance à Faso Academie ?
Tout a commencé en 2006 avec nos ainées telles que «Tata » Toussy, Bertrand Coulibaly… J’étais toute petite mais je suivais cette émission à la télévision. A chaque fois que cette émission passait, j’arrivais à maîtriser, en un passage, toutes les chansons. Arrivée à l’école, c’est moi qui ambiançais ma salle de classe avec les chansons de Faso Académie. Mes camarades me chambraient en me disant d’aller postuler à ce concours à la Télévision Nationale du Burkina. C’est après mon BEPC à Bobo-Dioulasso que j’ai la chance d’aller passer au casting. A ma première participation, j’avais été retenu, mais classé en liste d’attente. Plus tard, une candidate de Dédougou avait désisté et je lui ai directement remplacé. Malheureusement, je me suis limitée aux 1/8 de finales. De retour en Côte d’Ivoire, j’ai perfectionné ma formation vocale et le chant à l’église. De retour en 2017, j’ai retenté ma chance et le résultat a été le même que le précédent. C’est finalement en 2019 que tout s’est concrétisé.
D’aucuns affirment que vous avez grandi dans un environnement musical live. Est-ce que cela a été votre principal atout ?
Tout est parti de là effectivement. J’aimais déjà beaucoup chanter et le fait que je n’ai pas un de mentor ou de coach, c’était un peu compliqué. Je n’avais pas d’amis musiciens, je ne savais pas comment m’y prendre. Bref, je chantais simplement parce que j’aimais la musique. Au début, je rêvais d’être une star dans la musique, mais arrivée à l’église, j’ai compris que ma voix était destinée pour le Seigneur. C’est la raison pour laquelle, je me suis donnée à fond. Je rends grâce à Dieu, car je ne suis plus une novice dans le domaine.

Quelle a été pour vous la particularité de cette édition 2019 de Faso Académie ?
Le live était la grande particularité et ça été un grand avantage pour moi. Les années antérieures ; non seulement ce n’était pas du live, mais en même temps, les chansons nous étaient imposées. Souvent, il y avait des chants qui ne collaient pas à notre registre etc. Mais cette année on a donné le libre choix à chacun de nous, de pouvoir interpréter la chanson de sa convenance. Moi j’aime beaucoup interpréter les chants, en plus quand c’est en live, je me sens dans ma bulle.
On vous a vu gagner en confiance au fil des manches lors de cette compétition…
Effectivement, je voudrais profiter de votre micro pour dire merci à «Tonton» Bil Aka Kora et toute l’équipe de DJONGO SYSTEM. Ils m’ont vraiment aidé et après les répétitions, je m’approchais vers eux pour avoir leur avis concernant mes insuffisances. Ils me prodiguaient toujours des conseils et aujourd’hui cela a payé et je leur en remercie.
Vous étiez assez relaxée sur la scène à toutes les manches éliminatoires. Qu’est-ce qui vous a donné autant d’assurance ?
C’est comme ça que je suis. C’est du Aramatou ! Je me familiarise très rapidement avec mon entourage car j’aime détendre l’atmosphère et mettre de l’ambiance (rire). J’aime bien rayonner par mon sourire.

Comment est née cette chanson personnelle que vous avez entonnée à la Finale de Faso Académie ?
Quand je suis arrivée au Burkina Faso en 2017, je faisais des cauchemars dans lequel, des gens inconnus enlevaient les personnes dans les familles. Moi-même dans ces cauchemars j’avais été enlevée. Tout cela me traumatisait et quand j’ai eu la chance d’arriver en finale, j’ai voulu faire une chanson sur le terrorisme. Je me sentais concerner par ce thème surtout quand j’apprends qu’il y a eu une attaque dans une localité, je suis très attristée. Tout cela m’a beaucoup inspiré à composer cette mélodie. J’ai proposé la chanson à l’équipe de «Tonton» Bil, nous avons cherché les accords, le batteur Bernard Yameogo nous a donné le tempo. En demi-finale, ce n’était qu’une version acoustique de la chanson et quand nous sommes arrivés en finale, on devait arranger avec tous les instruments. J’ai donc proposé que cette version soit plutôt en mandingue posé. Le titre de cette chanson en Dioula veut dire «Nous voulons la Paix».
En finale, dès l’annonce de la note de 17/20 par un membre du jury, vous êtes subitement tombée sur vos genoux. Que représente ce geste ?
(Rires)…Ah oui ! (rires). Je ne m’attendais pas du tout ! C’est venu tout seul. Venant de ce jury, ce n’est pas évident. Même aujourd’hui (NDLR : la finale de Faso Académie avait été rediffusée samedi 12 Octobre), j’ai suivi la rediffusion, je n’en revenais pas. C’est la formulation inquiétante de sa phrase avant qu’il ne donne la note, qui m’a fait vraiment peur.
La question fondamentale demeure : Les lauréats de Faso Académie «disparaissent» de la scène musicale après leur sacre. Qu’en sera-t-il pour votre cas ?
Moi, je chante à l’église et j’ai eu une vocation. C’est aussi une école de la vie musicale et artistique. Si Dieu me fait la grâce, je vais rentrer en studio et chanter. Mais je vais vraiment le faire pour la gloire de Dieu. Je n’ai pas envie de quitter ce milieu. Je ne dis pas que ceux qui font de la musique mondaine, ce n’est pas de la bonne musique. Bien au contraire. C’est sur cette musique qu’on s’inspire d’ailleurs pour pouvoir faire nos compositions. Mais personnellement, je demande à Dieu de me faire grâce, afin que je puisse continuer à le louer.

Qu’est-ce que vous êtes en train de faire avec cette masse d’argent que vous avez reçu ?
J’ai des projets. J’ai l’intention de me lancer à fond dans l’esthétique. Avant, il n’y avait pas de moyens, maintenant Dieu m’a fait grâce. Aujourd’hui je peux installer ma boutique normalement (rires)…
…Donc pas de production d’album ?
L’album, comme je le disais, ça va venir ! Tout est dedans, mais au début, je ne peux pas directement vivre de ma musique, c’est difficile…vous comprenez ?
Est-ce que vous avez des éventuels producteurs qui vous ont approchés ?
Oui bien sûr ! Il y a le Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme qui a promis de produire les deux premiers de Faso Académie. J’ai été aussi approché à Bobo-Dioulasso, Il y a aussi le «Tonton» Telesphore Bationo qui me parlait d’une production. Il y a «Tata» Mariah Bissongo qui m’a promis un featuring sur la Paix. De toutes les façons, ils sont nombreux à me tendre la main.

Vous avez été invité pour la sortie de la 31è Promotion de l’ISTIC. Les contrats ont commencé à tomber ?
Ça été un honneur pour moi. Il y a eu une parole Sainte qui dit ceci : «Dieu te retire de la boue et te fais asseoir sur la table des Grands». Je n’avais jamais pensé que j’allais me retrouver devant des hautes personnalités du pays telles que : les Ministres, le Président de l’Assemblée Nationale etc. Aujourd’hui, grâce à Dieu, en tout cas, je suis honorée et je remercie beaucoup les autorités et ceux-là qui ont bien voulu que je donne ma voix à cet évènement.
Entretien réalisé par Hervé David HONLA