Pour une fois, je demande à l’Etat Burkinabè, de faire preuve d’altruisme démesurer lors de la 26è édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui célèbrera son cinquantenaire du 23 février au 02 mars 2019.
Comme l’Etat a cette manie de prendre les choses culturelles à la «dernière minute», de grâce ce cinquantenaire et surtout le FESPACO en général, n’est pas seulement une affaire du FASO mais celle de tout un continent. Il revient donc aux autorités de mettre les bouchées doubles afin que le maximum de partenaires internationaux mette le pognon dans ce patrimoine mondial.
Déjà ; la direction générale de ce festival est à pied d’œuvre, et ce, depuis le lendemain de la précédente édition. Elle vient de dévoiler d’ailleurs le résultat de l’appel à proposition pour la conception et la réalisation du visuel de la 26è édition du logo du cinquantenaire du FESPACO.
Pour le visuel de cette 26è édition, c’est Wilfried W. OUEDRAOGO qui remporte le premier prix. Il a reçu 750.000 FCFA. Quant au logo du cinquantenaire, c’est Aimé BOUDA qui a damé le pion aux autres candidats, empochant par la même occasion la somme de 600.000 FCFA. Donc les visuels qui seront dévoilés cette semaine par le Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme Abdoul Karim Sango, au cours d’un déjeuner de presse, sont l’œuvre de ses deux burkinabè.
Pendant ce temps, les réalisateurs des quatre coins de la planète sont en train d’affuter leurs armes, en envoyant leurs films pour la sélection. Notons que le film ne doit pas excéder deux ans d’âge au 31 décembre 2018, ni avoir été présenté lors d’une précédente édition du FESPACO. Le délai de réception des films pour la compétition des longs, courts, documentaires (qui seront primés au même titre que les fictions) , écoles… est prévue au plus tard le 31 octobre 2018.
Parlant justement du cinquantenaire du FESPACO ; Que savons-nous du cinéma africain et de ce festival ?
Il faut remonter en 1922, pour piger que le premier film tourné en Afrique, date de 1922. C’était le court-métrage intitulé «Zohra» du Tunisien Chemama Chikly. Cinq ans plus tard (1927), la première industrie cinématographique en Afrique fut créée en Egypte. Il fallait attendre 1955 avec l’appui du musée de l’Homme Afrique-sur-Seine, voir un court-métrage contant la vie d’étudiants émigrés à Paris réalisé par Paulin Soumanou Viera, Jacques Mélon Kane et Mamadou Sarr. Ils sont considérés comme les premiers cinéastes d’Afrique noire.
Mais sachez que ; ce n’est qu’en 1963 qu’est apparu, sous la forme d’un court-métrage, le premier véritable film 100% africain. C’est-à-dire tourné par un Africain en Afrique avec les Africains : C’est le film « Borom Sarret» de l’immense et illustre Homme de Lettres Sembène Ousmane ! C’est la raison pour laquelle, on l’appelle le pionnier du septième art en Afrique noire.
«Borom Sarret» a été tourné par Sembène Ousmane à l’âge de 40 ans, après une vie aventureuse où il avait exercé tous les métiers en Afrique comme en Europe, alors qu’il venait d’apprendre à tenir une caméra dans une école de cinéma à Moscou. Le film tient la gageure de raconter, en à peine 20 mn de façon très complète, une journée dans la vie d’un charretier à Dakar. C’est également lui qui réalisera le premier long-métrage intitulé «La Noire de… » en 1966. Un film inspiré d’un fait-divers réel, déjà rapporté par Sembène dans un recueil de nouvelles (voltaïques). C’est l’histoire d’une sénégalaise, Diouana, qui suit ses patrons jusqu’en Europe, sur la mythique Côte d’Azur. Alors qu’elle était traitée plutôt correctement en Afrique, on lui fait subir misère et indigence. Isolée, déracinée, réduite à la servitude totale, elle se révolte et finie par se suicider.
Cinquante ans après Sembène Ousmane reste à la fois le cinéaste le plus célèbre et le plus respecté des cinéastes d’Afrique noire. C’est encore lui qui détient le record d’entrées de films africains en France en 2005 avec son film «Mooladé». Il nous a quittés le 9 juin 2007 à Dakar à l’âge de 84 ans.
Quant à notre pays le Burkina Faso, nous jouons un rôle primordial dans le cinéma africain. Nous sommes d’ailleurs considérés comme étant la vitrine du cinéma africain et nous devons nous en réjouir. Mais, faudrait-il qu’on se contente uniquement de ses fleurs qu’on nous jette par ci et par là ? Pourtant notre courbe de production cinématographique est irrégulière. Affaire à suivre…
Jabbar !