«Les burkinabè de l’extérieur doivent participer aux concours de la fonction publique »
On dénombre environ 3.000 Burkinabè dont 600 étudiants résidants de nos jours en France. Une statistique qui donne déjà une idée de l’importance de nos compatriotes vivant au pays de Michel Pompidou. C’est donc tout naturellement qu’ils se doivent d’apporter leur pierre à l’édification de notre pays. Une volonté que s’efforce à matérialiser le Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE) qui organisera ses prochaines élections de ses nouveaux Délégués le 17 juin 2018 au sein de l’Ambassade du Burkina Faso à Paris.
Le Jeune Hermann Ouédraogo s’est porté candidat à la tête de cette illustre institution au niveau de la diaspora française. Oxygene Mag est allé échanger avec ce dernier, afin qu’il nous dresse une analyse panoramique de la situation des burkinabè de France et les raisons qui lui ont poussé à se porter candidat.
Arrivé en France il y a déjà 10 ans, après l’obtention du Baccalauréat A à Ziniaré, Hermann Ouédraogo a obtenu une licence en Gestion d’Entreprise et un Master en développement agricole pour ensuite bosser quelques temps en France et dans plusieurs entreprises en Afrique avant de rentrer tenter une expérience en s’installant dans son pays. La réintégration n’aura pas abouti, Hermann reviendra en France où depuis 2008, il enseigne la biotechnologie en Région parisienne.
« Certes à cause de mes engagements en France et surtout de nombreux stages qui n’ont pas aboutis, j’ai décidé de rentrer en France. Je n’accuse personne et d’ailleurs, j’ai des projets dans mon pays. J’y retourne là-bas à chaque fois que j’ai l’occasion. » Explique-t-il.
Aujourd’hui enseignant en France, il avoue néanmoins que le métier d’enseignant est assez difficile ici, d’autant plus que les africains sont dotés de cultures différentes à celle de la France. Par conséquent, il existe beaucoup de lois qui bâillonnent souvent l’enseignant vis-à-vis de ses élèves. Beaucoup de liberté et de libertinage qui n’existent pas en Afrique. Cela ne donne pas assez de marge à l’enseignant. «Il y a certains comportements anormaux que nous avons vécus chez nous en Afrique, on ne peut pas accepter que cela se passe en classe. Il y a également les difficultés de compréhension du à notre langue et accent, bien qu’on s’exprime tous en français. L’enseignant est parfois diminué face aux étudiants parce qu’ils y a certaines lois qui les protègent. C’est vraiment assez difficile mais… Mais en ce qui concerne le système d’enseignement ici comparativement au Burkina, je pense que nous avons beaucoup à faire pour améliorer le système de notre enseignement. Je ne dis pas que nous devons copier le système français, mais il y a beaucoup d’aspects que nous pouvons apporter au Burkina pour faire améliorer les choses.» Renchérit-il.
Certes, Hermann aura vécu les mutations sociopolitiques de son pays à distance, mais il n’en oublie pas autant car toute sa famille s’y trouve.
«Le Burkina Faso a vécu un changement brusque de régime en 2014 et ensuite en 2015, il y a eu de nombreux soubresauts et aujourd’hui, beaucoup s’accordent à dire qu’il faudrait que nous allons vers une sorte de solidarité et de réconciliation nationale. Ce n’est pas simple pour le gouvernement. Ce n’est pas simple aussi pour nous les citoyens, mais je pense que le Gouvernement a suffisamment les moyens pour satisfaire les citoyens et réconcilier le pays. Le Burkina Faso est un peuple courageux et on trouvera les moyens pour surmonter toutes ses difficultés. Je pense à nos forces de l’ordre et de sécurité. Je pense à nos chefs coutumiers, à la société civile etc. ». ajoute-t-il.
Face donc à tout se chamboulement sociopolitique, et si la jeunesse rentrait dans la danse ?
« Je crois beaucoup à notre jeunesse, car j’ai rencontré beaucoup de jeunes chefs d’entreprises dans les pays où j’ai été. Je pense que les jeunes essayent ! Que cela soit dans l’entreprenariat, en politique etc. et je pense plutôt que ce sont les aînés et notamment ceux qui sont au pouvoir, doivent travailler afin que cette transition entre la jeunesse et les ainés se déroulent de façon pacifique, de la plus naturelle et logique possible. Les jeunes ont de très belles idées, on devrait les accompagner et les intégrer dans ce processus de reconstruction et de réconciliation de ce pays.
Hermann Ouédraogo est également le Président de l’Association Solidarité, Entraide et Développement, qui est né il y a quatre ans. Elle a pour but d’accueillir et d’accompagner les jeunes étudiants en France en leur trouvant des canaux pour s’intégrer aisément dans ce pays. Raison pour laquelle, il s’est engagé à participer aux prochaines élections du Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Etranger (CSBE) qui se tiendront le 18 juin prochain à l’Ambassade du Burkina Faso à Paris. L’objectif pour Hermann en se lançant dans ce nouveau challenge, c’est d’apporter un nouveau souffle à cette institution et surtout de faire en sorte qu’enfin, la voix des jeunes et notamment les projets des burkinabè de Paris aboutissent et se réalisent surtout au pays.
«Je souhaite que la voix des burkinabè de l’étranger soit prise en compte au niveau des instances nationales au pays. Notamment, en ce qui concerne le droit de vote, qu’ils puissent participer aux concours de la fonction publique et aussi leur faciliter un retour au pays dans le but d’investir et d’entreprendre. Il ne faut pas qu’ils aient peur de rentrer, qu’on facilite leur intégration professionnelle surtout. Par conséquent, il faut que le gouvernement mette en place un répertoire qualitatif des burkinabè qui vivent en France, afin de mieux les suivre, les aider et les orienter. J’ai vécu cette situation de par le passé et je sais que ce n’est pas du tout facile. J’invite donc tous les burkinabè à voter massivement ce jour afin que la situation des burkinabè de France s’améliore et surtout qu’ensemble, nous puissions contribuer efficacement au développement de notre pays »
Conclut-il.
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