Il est Député à l’Assemblée Nationale du Burkina Faso. Président de la Commission de l’Éducation, de la Santé, de la Jeunesse, de l’Emploi, des Affaires Sociales et Culturelles (CEJEASC). Oxygenemag.info a eu l’insigne honneur de le rencontrer le temps d’une interview. Il était question de nous entretenir sur le regard qu’un Député pense de la Culture, des artistes, des Kunde…et bien sûr de la situation nationale actuelle. À vos portables et IPhone !
Une question très basique d’entrée de jeu Honorable. Quelles sont grosso modo les taches fondamentales d’un Député à l’Assemblée Nationale du Burkina Faso ?
D’abord, un député possède un calendrier assez mouvementé. Il est bien vrai que nous avons des intersessions et nous sommes souvent en pleine session. Quand nous sommes justement en pleine session, il y a des travaux de commission où nous discutons sur les lois qui doivent être votées. Nous sommes répartis en plusieurs groupes et en plusieurs commissions techniques. Nous contrôlons et vérifions les textes qui doivent être adoptés. Quelles seront leur mise en application ? Les décrets etc. Est-ce que tout cela sera en conformité au regard des attentes de la population ? Après ce travail de commission, nous l’envoyons en plénière… Bref, je fais de mon mieux pour participer aux travaux liés à la commission. En même temps, il faut aussi être à la base, notamment aux côtés du monde social. C’est tout à fait légitime qu’un Député se déplace mais, son rôle c’est aussi l’éveil. Surtout voter les lois qui cadrent avec les attentes de la population. Contrôler l’action gouvernementale et rendre compte à la base.
Vous êtes un Député natif du Sanmantenga, quel pourrait être vos défis majeurs ?
Le Sanmantenga compte au moins quatre Députés. À mon avis, je pense que tous les Députés apportent leur pierre à l’édifice de cette région. Que cela soit visible ou pas, c’est le même combat que nous menons. C’est à la population de juger qui est en train d’apporter une plus-value à la région? Personnellement, je me réserve de vous dire ou de vous énoncer ce que j’ai apporté, mais tant que le besoin se fait sentir, je n’hésite à mener des actions tant dans le domaine social que dans la culture etc. Si par exemple, nous prenons la zone de Kaya, elle regorge d’énormes potentialités artistiques. Ces artistes n’ont pas souvent besoin du soutien financier, mais surtout de l’encadrement technique et moral. Nous essayons d’apporter notre soutien autant qu’on peut avec bien sur le soutien de l’Etat. Il faudrait que nous formions nos artistes à la base, à l’école à travers l’appropriation de nos valeurs culturelles, danses, chants, ballets…Sur le plan international, pour nos vedettes confirmées, on peut également leur faire nouer des collaborations. Il y a des gens qui font dans la danse chorégraphique, pourquoi ne pas initier des sessions de jumelage entre nos artistes et ceux de l’Occident. Je pense qu’avec le Ministère de la Culture des Arts et du Tourisme on pourrait initier des rencontres pour leur permettre de montrer leur talent. Ils ont souvent besoin de s’exprimer d’autant plus que, nous avons une jeunesse dynamique qui a besoin de s’exprimer à volonté. Ce sont des cadres d’expressions qui leur manquent.
Justement, Honorable…Habibou Sawadogo qui est également issue du Centre-Nord est nominée au KUNDE D’OR cette année. Quelle appréciation faites-vous sur cette artiste et sur cet évènement ?
C’est d’abord une fierté pour nous ! Si je ne me trompe pas, elle fait partie des premières de la région à être nominée au KUNDE D’OR. Je peux vous confirmer qu’Habibou Sawadogo a du talent. Je pense également que le comité d’organisation a fait un travail professionnel pour la plébiscité parmi les trois prétendants au KUNDE D’OR. Je l’encourage et surtout je loue ses efforts et surtout son parcours de combattante. On se réjouit qu’elle soit nominée à cette prestigieuse soirée. Notre souhait le plus ardent, est qu’elle puisse avoir bien sûr le KUNDE D’OR 2018 ! Partant de là, ça va donner beaucoup d’appétence aux jeunes filles du Centre-Nord qui veulent se lancer dans la musique professionnelle. Nous sommes très fiers d’elle et nous lui souhaitons une bonne chance. Habibou Sawadogo n’est plus seulement une artiste du Sanmantenga, elle est devenue l’artiste de tout un peuple. Elle voyage partout en Afrique et dans le monde.
Nous savons comment nos artistes peinent pour avoir des soutiens dans la réalisation de leurs projets. Ils sont abandonnés à leur triste sort. Est-ce possible de vous voir vous engager dans le mécénat ?
Quand on embrasse un métier comme la musique, c’est pour toute la vie et même au-delà. Un artiste ne meurt pas, car ses œuvres restent. C’est avant tout une vocation et l’art à mon avis, n’a pas de prix. Quel que soit la somme qu’on mettra sur une œuvre d’art, elle n’atteindra pas sa valeur. Tout ce que je peux faire pour les artistes, ce n’est qu’apporter une contribution, car l’art n’a pas de prix. Je serai toujours à leurs côtés pour apporter mon soutien. C’est la raison pour laquelle, nous devons leur donner une certaine considération. Je reprends l’exemple des KUNDE. L’investissement que le promoteur est en train de faire depuis déjà 18 ans pour les artistes, est assez colossal. Il faut saluer les efforts consentis et l’encourager davantage. Si les KUNDE n’existaient pas, il fallait les créer ! C’est un évènement qui coute extrêmement cher. Ça réunit des artistes musiciens venus des quatre coins du monde à Ouagadougou et je pense qu’il faut saluer ça ! C’est le Burkina Faso qui gagne dans toute sa globalité. C’est une véritable vitrine pour nos artistes locaux sur le plan international sans oublier les collaborations qui peuvent germer lors des rencontres de ce genre.
La musique burkinabè est parfois victime d’une invasion voire d’un empiètement des musiques et cultures extérieures. Quels comportements nos acteurs culturels en général doivent adopter ?
Tous ce que nos artistes produisent en ce moment, est bien. Mais je pense qu’il faut aussi surtout mettre en évidence sa culture. Les congolais, les ivoiriens, les sénégalais, les maliens, les camerounais etc. ils magnifient leur culture de façon ostentatoire. C’est ce que nous devrions faire ! Il est bien vrai que nous avons nos artistes qui magnifient de fort belle manière notre culture, mais de nos jours, soyons réaliste : on ne peut plus concevoir une musique sans tenir compte des influences extérieures. Mais notre folklore doit toujours être en première ligne. La véritable racine dans nos créations, c’est la culture ! Personne ne peut mieux faire la promotion de notre culture que nous-mêmes. La promotion culturelle est d’abord primordiale pour l’Etat et j’encourage de prime à bord, tous ceux qui se lancent dans cette philosophie. C’est une question de souveraineté nationale.
Les échéances électorales s’approchent à grands pas dans notre pays. D’autres parts, la situation sécuritaire est devenue la priorité de l’Etat. En qualité d’élu du peuple, quelle lecture faites-vous de la situation nationale, en guise de conclusion?
Tout ce qui se passe au Burkina sur le plan sécuritaire, est un phénomène mondial. Il y a cinq voire six ans, on ne connaissait pas cela. Aujourd’hui, ce phénomène ne fait que prendre de l’ampleur. Cette situation nous préoccupe tous au premier plan ! Ce n’est pas seulement une affaire étatique, politicienne ou des intellectuelle, mais elle concerne tous les citoyens. Je souhaite que les Burkinabè de façon générale, que nous puissions ensemble lutter et surtout éradiquer ce phénomène dans la société. Personne ne va aujourd’hui gouverner un Etat là où il y a des troubles. Non !! Personne ne le souhaite ! Vous avez vu les drames que nous avions eus. Les attaques n’épargnent personne. Je profite une fois de plus de votre micro pour présenter mes sincères condoléances aux familles qui ont perdu nos vaillantes personnes lors de ces attaques. Je ne jette pas la pierre à qui que ce soit. C’est un phénomène qui est arrivé et nous devons y faire face. Nous devons être sereins et soudés !
Pour conclure, je souhaite bonne chance à Habibou Sawadogo et je souhaite que l’Etat burkinabè encourage et soutienne davantage la culture burkinabè et surtout nos artistes.
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