Les musiciens et chanteurs de la génération actuelle ont développé leur contexte de la redynamisation musicale en tenant compte du contemporain et des circuits de la world music. Mais sans pour autant abandonner leur origine, ils s’inspirent de la tradition musicale et surtout vocale issue de leur milieu paysan. Ces deux univers, en plus d’être caractérisés par deux classes d’âges différentes, s’ancrent dans deux réalités socioculturelles distinctes : d’une part le monde folklorique live pur, ayant subsisté depuis les années 1960 ; de l’autre la musique contemporaine résultant des processus, d’urbanisation et de globalisation mis en œuvre à partir des années 2000.
Les répertoires musicaux se voient ainsi s’adaptés aux contraintes musicales (notamment les NTIC) et aux exigences des nouveaux contextes de performance (concerts, festivals, projets discographiques, etc.), et le statut du musicien se modifie : le chanteur «paysan» de la tradition laisse la place aux soient disant professionnels de la musique.
Mais le Jazz dans sa dimension globale, n’a jamais dissocié les genres. Bien au contraire, elle possède cette particularité de tous les rassembler et surtout de les conserver. Il devient en somme, un laboratoire mondial de sonorités. Il existe actuellement une grande quantité de domaines de l’ethnomusicologie classique où est en train de s’opérer, une véritable fusion des répertoires musicaux fonctionnels. Je pense par exemple à la musique mandingue.
Plusieurs des grands musiciens d’Afrique de l’Ouest sont des griots. Ils ont perpétué la tradition de leurs ancêtres jusqu’à investir les grandes scènes mondiales. Notamment de génération en génération à travers des louanges dans des cours royales et familles nobles de l’ancien empire mandingue qu’on appelait encore Empire du Mali.
Ils sont précisément originaires du Mandé. C’est une région qui se trouve entre l’est de la Guinée et le sud-ouest du Mali. C’est également là où sont issues les grandes familles de griots comme les Kouyaté ou encore les Diabaté. Au-delà de nombreux atouts que ces griots possédaient, ils jouaient aussi un rôle de porte-parole entre le peuple et les gouvernants, usant du charme de leur musique et de leur verbe pour faire savoir ce qui est difficile à dire. C’est la raison pour laquelle, la plupart d’entre eux, partagent une même tradition de chants déclamatoires et l’usage de certains instruments emblématiques tels que la Kora, le Balafon, le N’goni, ou encore le Djembé font partie de leur quotidien. Ils sont même devenus des dogmes.
Depuis les années 1970, certains musiciens ont introduit des instruments occidentaux pour populariser et actualiser cette musique en milieu urbain et ont ainsi contribué à la faire connaitre au-delà des frontières.
Le festival Jazz à Ouaga fait partie de ces festivals dans le monde qui a toujours donné la part belle à cette altruiste musique mandingue. Pas étonnant donc que cette 26è édition qui s’annonce du 27 avril au 05 mai 2018 successivement à l’Institut Français de Ouagadougou au CENASA à la Place de la Nation et au Musée National soit placée sous le thème «L’AFRO- JAZZ MANDINGUE : Source inépuisable et berceau d’une musique intemporelle ».
Parmi les artistes les plus célèbres qui ont hissé cette musique au panthéon de la musique mondiale, je peux vous en citer :
· Bembeya Jazz (Guinée)
· Rokia Traoré (Mali)
· Djanka Diabaté (Guinée)
· Bako Dagnon (Mali)
· Mory Kanté (Mali)
· Abdoulaye Dabaté (Mali)
· Kassé Mady Diabaté (Mali)
· Salif Keita (Mali)
· Fodé Kouyaté (Guinée)
· Toumani Diabaté (Mali)
· Ibro Diabaté (Guinée)
· Habib Koité (Mali)
· Sékouba Bambino (Guinée)
· Kouyaté Sory Kandia (Guinée)
· Kerfala Kanté (Guinée)
· Djelimady Tounkara (Mali)
· Mamady Keita (Guinée)
· Amy Koita (Mali)
· Kandia (ou Kandja) Kouyaté (Mali)
· Kanté Manfila (Mali)
Dommage, depuis 1992 que Jazz à Ouaga a été créé et surtout avec des centaines de milliers d’artistes de renoms qui ont foulé le sol de la capitale, nous ne sommes pas encore dotés de scènes ou de salles de spectacle d’envergure international. Tels que le festival International de Carthage ou encore celui d’Hammamet qui se déroule au Musée national de Bardo devant un impressionnant dispositif de matériel de son et lumière à vous couper le souffle.
Néanmoins, le Festival Jazz à Ouaga depuis 26 ans a atteint le pallier suprême. Le plus grand et le plus prestigieux festival de musique au Burkina Faso est également le premier festival privé toutes tendances confondus qui rassemble autant d’artistes dans notre capitale suivi des RECREATRALES. Fondé grâce à la volonté de l’ancien Directeur du CCF-Georges Méliès Guy Maurette en compagnie d’un groupe d’accroc du Jazz, qui se sont réunis plus tard en association, ce festival a toujours réunis autour d’un même plateau des artistes et groupes nationaux, européens et américains. La parfaite collaboration et le sens profond de la fusion se matérialisent dans ce festival.
C’est en quittant son milieu élitiste en 1997, pour se retrouver par exemple à l’espace Zaka, au Wakatti Arts Café, à la Place de la Nation ou encore au CENASA et au Musée National que ce festival a véritablement connu un essor. Des artistes locaux se sont majestueusement illustrés aux côtés des sommités mondiales telles que : Jazz Pistols d’Allemagne, John Arcadius et Soulaya de Belgique. Le Grand Orchestre de Rido Bayonne, Mezcal Jazz Unit, Philippe Duchemin Quartet, Trio Karuna de France. Dick d e GRAAF de la Hollande ou encore Kayou Band du Cameroun, Larry Ham Quartet, Calvin JACKSON Quartet, Larry SKOLLER “Liberty Blues Quintet”, Beverly J. SCOTT des USA et surtout Joss Stone (Angleterre),
Ali Farka Touré du Mali.
Animés uniquement par cette passion démesurée pour la musique Jazz, ces deux indissociables copains, piliers de l’association Jazz à Ouaga en l’occurrence Anselme Sawadogo et Abdoulaye Diallo, ont déjà déniché les groupes et musiciens rares, férus du Jazz dans le monde qui animeront cette 26è édition.
Jabbar !