Lady Ponce : «C’est Samuel Eto’O qui m’a donné le plus gros cachet de ma vie ! »
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Lady Ponce : «C’est Samuel Eto’O qui m’a donné le plus gros cachet de ma vie ! »

 «Le ventre et le bas-ventre», « Secouer-secouer » ou encore «Trop tard» sont les tubes d’anthologie que bons nombres de mélomanes ne sont pas prêts d’oublier. Adèle Ruffine N’Gono dite Lady Ponce est une véritable icône dans le sens propre du terme.

 

Surnommée également la Lionne Indomptable de la musique camerounaise, elle séjourne depuis quelques jours au Faso. Une collaboration artistique entre le Prince National Dez Altino Ouedraogo (Kunde d’Or 2013) et la diva camerounaise est en train d’engendrer un tube dénommé «Jalousie» à la suite d’une résidence de création.

 

La promotrice de la SEFEDI à Yaoundé (Semaine de la Femme en Diamant), un festival célèbre de la capitale camerounaise est au centre de tous les intérêts ici au Burkina Faso. C’est une première au Faso, de voir une vraie collaboration musicale tangible entre artiste camerounaise et Burkinabè. C’est tout le staff du Prince National qui se réjouit y compris la dizaine des danseurs qui l’entoure. La Lionne de la danse Bikutsi dispense même des modules à leur profit en prélude d’un clip lunatique qui s’annonce pour très bientôt.

Cette beauté naturelle à l’anatomie envoutante a accordé à l’équipe de Oxygenemag.info, une interview vérité en toute exclusivité. En plus, elle nous a conduits dans le laboratoire ultra intime de leur création.  Voici la teneur :

 

Comment se passe ton séjour en terre burkinabè ?

Sans vouloir vraiment être hypocrite, je me sens chez moi exactement comme quand je suis arrivée pour la première fois ici au Burkina. C’est donc la deuxième fois que je viens à Ouaga. L’accueil, l’hospitalité des journalistes et celle de Dez Altino me réjouissent énormément. La raison pour laquelle j’ai fait ce featuring avec Dez, c’est ce côté vrai qu’il dégage dans ses chansons et dans la manière dont il travaille. C’est exactement comme ça que je réalise mes œuvres. Donc je ne peux qu’être fier de travailler avec un artiste aussi talentueux comme lui.

 

Te concernant Lady Ponce, ton parcours n’aura pas été complimenteur voire élogieux comme cela semble l’être aujourd’hui…

 

Je me considère comme une fierté du ghetto. Je viens des quartiers des bidonvilles, j’ai connu la souffrance, la galère, je connais l’endurance, je connais le malheur, j’ai connu la faim et la misère. Donc j’ai connu tout ça et c’est ça qui m’a forgé un caractère me permettant d’être aussi déterminée. Parce que quand un artiste traverse toutes ces étapes, rien ne le surprend. La calomnie ou la méchanceté ne te disent plus rien parce que tu te rappelles d’où tu viens et qui tu es. C’est pour cela que beaucoup de gens me trouvent un peu trop timide. Je suis timide avec des gens qui ne sont pas dans mon monde. Mon monde c’est le ghetto ! Quand je suis avec mes frères «Nanga boko » (NDLR : les gens qui dorment dans la rue), là je me sens bien parce que c’est mon monde. Le luxe et toutes ses choses qui brillent-là, ce n’est pas mon milieu. A force de beaucoup travailler, on est obligé de fréquenter et de s’adapter avec ceux qui ont l’habitude de fréquenter ce luxe (rires). Tout simplement parce qu’on a besoin du soutien et du sponsor. Mais la vraie côte de ma musique vient du ghetto. C’est cette rage que j’ai en moi, si bien qu’au final, j’ai envie de dire ouf !

 

D’où vient cette éclosion aujourd’hui de la musique camerounaise ? Est-ce grâce à son accent très prisé de part le monde ? Ou son folklore tiré de la cadence bikutsi que tu as su mettre en exergue ?

 

(Rires aux éclats) : Je me considère comme un miracle de Dieu. J’ai eu beaucoup de chance. Je suis allée donner mon album chez monsieur Angoula-Goula. Il m’a mis sous sa coupole et pendant que j’étais dans son écurie, JPS est entré en contact avec lui et je me suis retrouvée en train d’être produite par l’une des plus grosses maisons de production en Afrique. J’ai senti la main du créateur ! Parce que moi je ne l’appelle pas avec tous les noms que les gens lui donne. Moi je l’appelle le Créateur ! Donc j’ai senti sa main qui était posée sur moi et je me retrouve dans l’une des plus grosses maisons de production en Afrique. Elle m’a produit jusqu’en 2012 car le contrat a été interrompu justement à cause de la piraterie. Après je me suis produit moi-même jusqu’à la promotion de mon dernier album «Bain de sang ». Je me retrouve aujourd’hui dans la maison de production KMG Prod qui est parmi les meilleurs producteurs de la culture camerounaise et qui réalise  aussi le Festival de Bangui. J’ai toujours eu beaucoup de chance de ce côté-là et surtout du grand soutien des grands joueurs comme Samuel Eto’o. Samuel Eto’o m’a pris comme une sœur pour lui…il a toujours été là. Chaque fois que j’ai souvent eu besoin de son soutien, il a toujours répondu présent. C’est quelqu’un qui fait énormément pour nous les artistes. Le plus gros cachet que j’ai reçu de ma vie, c’est Samuel Eto’O qui me l’a donné…

 

C’était combien? lâche le morceau…

(Rires….)… Euuh rires…C’était énorme !!! Pour moi c’était comme si je partais en vacances. Je suis allée apprendre à danser le bikutsi aux femmes à Dubai. C’est un truc de ouf !! Franchement, je profite de ton canal Hervé, pour dire Merci à Samuel ! (NDLR : Elle s’adresse à Samuel Eto’O, tout droit regardant la caméra)…Peut-être pour toi, cela a juste été un simple boulot de routine, mais pour moi ça m’a beaucoup marqué et cela a changé beaucoup de choses dans ma vie. Parce que tu pouvais prendre n’importe qui. Tu m’as choisi et  tu as toujours fait appel à moi. Tu m’as toujours dis de persévérer…tu pouvais toujours dire : voilà c’est juste pour faire ma pub, mais non ! Tu m’as payé plus qu’il n’en faillait. Je te dis merci ! Tu es un frère de cœur.

 

J’aimerai avant de terminer, avoir ton avis en tant que porte-voix de l’Afrique et surtout de ton pays. Quel est le regard que tu portes sur la situation actuelle de ton pays où les idées sécessionnistes commencent à s’enliser ?

 

Il n’y aura jamais de division au Cameroun. Ce qui est déjà impossible car vous le savez ; le Cameroun c’est l’Afrique en miniature. Aucune tribu ne pourra jamais nous diviser. Au Cameroun, nous avons plus de 275 dialectes. Si on était un pays ne possédant que deux dialectes, on allait s’attendre à de vrais coups de gueules. L’Anglais et le Français, ne sont pas nos langues. Ce sont des langues qu’on nous a imposées. Mais avant cela, nous avons des vertus, des dogmes et des cultures qui nous lient. Nous sommes tous camerounais et nous représentons ce peuple diversifié qui vit en parfaite cohésion sociale. Personne ne peut diviser 275 langues ! C’est la bénédiction que le Créateur nous a donné. Dans un pays, il peut y avoir des tensions et parfois ces tensions ne viennent même pas de l’intérieur. D’autres les apportent d’ailleurs pour semer la zizanie. C’est ce trouble-là, que j’interpelle nos frères africains. Soyons toujours vigilants ! On ne peut pas par exemple monter un français contre un français…c’est impossible. Réclamons nos droits sans que personne ne nous l’impose.

 

Jabbar !

 

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