L’Europe en général et la France en particulier, pour les africains francophones ont toujours été considérés comme leur Eldorado. Une veine de sortir de la misère que certains vivent en Afrique et venir en aide à leur famille. Mais, une fois qu’ils arrivent en France, le constat et le séjour sont alarmants voire suicidaires.
Beaucoup parmi ces migrants clandestins désertent leur famille pour des raisons d’emploi et à la recherche du mieux être. Loin de penser qu’ils sont tous sous-scolarisés, bons nombres d’entre-deux, ont terminé leur cycle universitaire et cherchent désespérément l’emploi au pays, c’est ainsi qu’ils décident de « tenter l’aventure ». «Frère…qu’est ce que tu veux ?! J’ai aujourd’hui 40 ans, je possède un master en économie depuis 10 ans. Mais ce sont les mêmes ministres, le même président qui est au pouvoir au Cameroun. Il y a des ministres et hauts cadres qui sont toujours au perchoir depuis ma naissance. Qu’est ce que tu veux que je fasse ? » S’interroge, un camerounais que j’ai croisé dans un café à Saxe Gambeta dans le 69è.
Quand ils parviennent à arriver en France aux forceps, par le biais d’un ami d’enfance ou d’un frère consanguin, l’environnement humain et hospitalier devient vite délétère. Ils se retrouvent marginalisés, réduit à la soumission, à l’oppression, au chantage…en fin de compte, ils sont en divagation dans les rues et points chauds de la ville. Ils repèrent les coins où se trouve une forte communauté black autour d’un bistrot tenu par un/une africaine pour soit bénéficier d’un café ou d’une bière. Les échanges et discussions sur leur situation, leur pays respectifs, la politique, celle de la France, la nostalgie et bien sur, trouver les voies et moyens pour obtenir les papiers de façon la plus lugubre possible sont récurrents. Certains se font arnaquer entre eux à hauteur de 1500 euro pour l’obtention du précieux sésame. Car officiellement, la délivrance de visas et de titres de séjours en France, qui permettent l’entrée et le séjour officiel sur le territoire, est souvent problématique. Il n’est pas rare d’entendre des témoignages de personnes ayant de grosses difficultés à obtenir leurs papiers, les refus de la préfecture n’étant pas toujours très clairs. La France, comme la plupart des pays dans le monde, délivre différents types de visas et titres de séjours : économique, familial, étudiants et stagiaires, touriste, transit… La procédure légale veut que la demande de visa soit effectuée auprès des autorités françaises avant la venue sur le territoire.
Face donc à cela, l’option funeste de s’amouracher avec une sexagénaire ou une octogénaire femme blanche est souvent la plus plausible, mais pour la plus part des cas, le parfait paradigme tourne toujours au vinaigre. Pour les plus téméraires, ils réussissent à fonder une famille avec les plus jeunes minettes blanches et finissent par s’en sortir. Pour ceux qui ne parviennent pas, finissent par divorcer après l’obtention de leurs papiers et se contentent d’honorer aux allocations familiales des enfants qui sont nés lors de leur union.
Le pire chez ces migrants clandestins, c’est le contact avec leur famille laissée en Afrique est douloureux. J’en ai croisé ceux qui larmoyaient pour le fait de ne plus pouvoir les revoir. «Ça fait 35 ans que je n’ai plus de contact avec ma famille », c’est le record de longévité que j’ai entendu ! Visiblement, il serait à sa soixantaine piges. Impossible de rentrer car sans papiers, sans sous, ils ne pourront ni revenir, ni s’en sortir au Pays «On crèvera au pays ! » s’exclame un congolais. Ils apprennent parfois le décès de leurs siens dans une profonde tristesse dans l’impossibilité financière et physique de faire le moindre geste.
Malgré cela, ils restent profondément attachés à leurs racines. Ils sont au parfum de l’actualité du pays. Ils suivent au quotidien les émissions culturelles et politiques de leur pays. Ils vont même jusqu’à m’interpeller sur certaines émissions où j’ai participé et qui leurs auront marquées. Ils sont quotidiennement scotchés sur internet grâce à la fluidité de la connexion. La présence d’un des leurs de passage en France suscite souvent beaucoup d’intérêt et de convoitise. La joie de se rencontrer, de repeindre le passé et de dépeindre l’avenir. Mais le plus intéressant pour eux, c’est de les laisser quelques euro avant de rentrer. Car le frère africain qui vient en Europe et repart, on en déduit qu’il vit dans l’opulence. Certains vont même jusqu’à me faire des propositions fallacieuses et incongrues : «Frère, les femmes blanches-là aiment les blacks qui ont un gros daah ! J’en connais plusieurs qui seraient prêtes à passer à l’acte si tu acceptes… » .
Pour les plus philosophes et les intellectuels du panafricanisme, ils passeront toute une journée dans ce café à te démontrer par A+B que c’est la France qui est responsable de leur situation et c’est pour cela, qu’ils ne regrettent pas d’être venus s’installer clandestinement. «C’est grâce à l’Afrique que la France et l’Europe ont construit leurs pays ! Ils ont le devoir de nous accueillir et de nous restituer ce qu’on demande» beuglent-ils.
Certains leaders d’associations des collectifs des sans-papiers, demandent un partenariat d’égal à égal, entre les chefs d’Etat africains et la France. Ils dénoncent une coopération déséquilibrée entre les états africains et la France. «Un discours de vérités doit être tenu face aux dirigeants français » affirment-ils.
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