DADA’S : Des vérités bonnes à dire
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DADA’S : Des vérités bonnes à dire

L’une des choses que je ne cesserai jamais de gratifier au bon Dieu, c’est de m’avoir donné cette volonté de dialoguer avec des gens. Toute personne qui s’approche humainement vers toi et qu’elle voudrait te parler, accorde-lui ton attention. Car vous en tirerez ensemble, un grand profit.

Tout à l’heure, j’ai rencontré un monsieur tout petit taille et très jeune. Il est né le 12 août 1983 et se fait appelé Dada’s Wassa-Wassa mais son nom est Adama Pingd-Wende Venegda. Il vit en France (Paris). Mais qu’est ce qu’il ne pas dit en matière de showbiz et de culture burkinabè à l’Hexagone !

Nous rêvons trop et on se suborne mutuellement pour des futilités. Juste pour se faire voir. Ce qui nous intéresse c’est notre égocentrisme et personne n’éprouve aucun amour ni pour son prochain, ni pour la culture qu’il prétend promouvoir. C’est dommage !

En écoutant Dada’s, j’ai compris beaucoup de chose. Je préfère simplement vous balancer l’entretien qu’il vient de m’accorder il y a 45 mn. Et surtout lisez bien entre les lignes.

J’ai beaucoup entendu parler de toi sans jamais te rencontrer. Enfant en situation difficile, comédien à l’ATB, entrepreneur de spectacle, homme d’affaire en France. Raconte-moi brièvement ton parcours.

J’ai été comédien à l’Atelier Théâtre Burkinabè (ATB) car je ne suis plus sur les planches actuellement. C’était un rêve d’enfance quand j’avais été interné au centre Gampela, de devenir comédien. C’est grâce à l’ATB que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui. Après quatre années d’expérience à l’ATB, j’ai décidé de passer de l’expérience à l’expertise en créant ma structure avec mes amis appelée l’association Zaoud’Art qui existe toujours. J’ai commencé à faire beaucoup de vas-et-viens entre la France et le Burkina. Je donnais des spectacles ça et là, mais avec 3 ou 4 spectacles, par moment, ça ne me permettait pas de vivre conséquemment. Je me suis donc lancé dans l’animation commerciale. Car, quand l’art ne nourrit pas son homme, il faut que l’homme travaille pour nourrir son art. Je faisais de l’animation dans des centres commerciaux où j’ai implanté le concept «Wassa-Wassa» qui consiste à tailler vite, bien fait et bien, les fruits et autres produits. J’ai réussit à m’implanter dans les grands centres commerciaux français. Tous ces responsables connaissent mon concept à Paris, dans les banlieues parisiennes comme Vitry- Sur-Scène, Clichy La Garenne et dans les magasins comme Leclerc, Carrefour, Hyper U…Aujourd’hui, j’ai des contrats avec toutes ces grandes structures où j’ai des stands «Wassa-Wassa» partout ! Actuellement, ils ne sont pas contents de mon absence et mes employés sont, pour la plupart en congé. Je possède une vingtaine de salariés à temps plein et il y a aussi les vacataires, ils sont une trentaine. Quand, je regarde mon parcours, on n’a pas besoin forcement d’avoir des diplômes pour travailler. Il ne faut pas seulement être fainéant. J’ai créé «Daspro Soleil» et j’emploi des gens en leur donnant cette chance de travailler…

Es-tu en situation régulière là-bas ?

Oui je suis en situation régulière, j’ai deux structures. Il y a « Daspro-Monde The Solution », j’ai une licence 2 et 3 d’entrepreneur de spectacle. J’ai « DASPRO-Animasol » qui fait l’animation commerciale dans les magasins, prestations de service. Je peux inscrire un artiste à la SACEM, car j’ai tous mes papiers, bref je peux tout faire ! C’est vrai que j’ai été un peu en situation irrégulière, mais parce qu’il fallait attendre sur le plan administratif pour avoir les papiers. Aujourd’hui, tout est en place.
Sur plan évènementiel en France, j’ai cru comprendre qu’il y a des artistes burkinabè que tu fais venir là-bas pour des spectacles. Comment tu goupilles tout cela ?

Depuis que j’ai eu ma licence, mais bien avant ça, beaucoup d’artistes me contactaient pour venir et je pouvais faire comme beaucoup de personnes. C’est-à-dire passer par des moyens frauduleux et les faire venir mais je n’ai pas voulu. Car étant moi-même artiste, il faut respecter cette profession. Même-ci parfois l’artiste ne se respecte pas, il faut que tu le respectes. Il y a des artistes qui sont pressés de venir, ils ont envie de venir, car ils pensent que c’est l’Eldorado, ils se trompent. C’est quand j’ai eu ma licence que j’ai commencé à faire venir les artistes en commençant par Imilo Lechanceux. J’avais promis de le faire venir parce qu’il avait chanté le concept «Wassa-Wassa» que je lui avait conseillé. Mais je n’ai pas voulu le faire venir comme un aventurier mais comme un artiste de sa trame. J’ai attendu de m’associer avec un ami pour monter un vrai spectacle africain. Il y avait Floby, Dez Altino, Imilo Lechanceux et des humoristes et artistes ivoiriens. Floby n’a pas pu venir parce qu’il avait des engagements au Burkina. Les autres sont venus, ils ont été bien accueillis et ils ont fait un spectacle de taille sur un bon plateau et une bonne sono.

Parle-moi des conditions de leur accueil, hébergement et leur prise en charge. Car cela a fait beaucoup de chahuts ici.

Ils sont venus dans les règles de l’art. Car avant qu’on envoie les documents en France, ils ont reçu l’autorisation provisoire de travail (APT) qui m’oblige à faire des déclarations. Qui m’oblige à alerter l’administration française attestant que je reçois les artistes. Ce qui m’oblige à respecter ces personnes-là et à répondre aux normes d’accueil de ces artistes. Ils ont été tous logés à l’hôtel avec Gohou Michel, les artistes ivoiriens et burkinabè. Ils étaient dans les mêmes conditions. Imilo est d’abord un ami pour moi. Quand les autres sont partis, j’avais loué une maison pour lui, mais il a refusé de dormir là-bas car il voulait qu’on reste ensemble chez moi. C’est vrai que ce n’est pas évident car dans certains cas, il y a des salles qui ne respectent pas les normes d’hygiène et de sécurité. Il y a des spectacles clandestins que beaucoup font ici. C’est-à-dire, vous êtes installés dans le club, vous jouez et vous avez peur que la police vous surprend. Moi je ne fais pas ce genre de truc ou de magouille ! Je les ai fait venir pour un bon spectacle et au-delà de ça, j’ai fait partir Imilo en Italie, où il a joué avec un contrat bien déterminé. Après il a joué à la sortie officielle de l’album «Enfant du Pays» de Jakassa à Lyon. Dez Altino était un peu convalescent et il a préféré revenir car il ne voulait pas rester longtemps…

Est-ce qu’on peu dire que c’est là-bas où est né le concept «Wassa-Wassa» d’Imilo ?

C’est vrai que le concept «Wassa-Wassa » est né en France dès que j’ai commencé à faire mes animations. Quand je suis rentré au Burkina en février 2015, Imilo qui me respecte beaucoup est venu vers moi. Il m’a dit qu’il était un peu en manque d’inspiration et qu’est ce que je pouvais faire pour lui ? Je lui ai dit que je n’ai pas d’argent mais ce que je peux lui suggérer comme une idée, c’était de s’approprier le concept «Wassa-Wassa». Effectivement, quand il est parti en Côte-d’Ivoire, il voulait faire une autre chanson, mais il a préféré faire «Wassa-Wassa» qu’il m’a envoyé pour amendement plus tard. Je lui ai donné mon accord et le résultat est ce que vous savez aujourd’hui. C’est quand j’ai eu ma licence que je lui ai invité à cet évènement en lui disant de faire un autre concept. C’est ainsi qu’il a fait «Talaba» pour les jouer tous ensemble en France.

Comment se fait la promotion de la musique Burkinabè en France, notamment par le clivage de notre diaspora?

On essaye mais c’est très difficile franchement ! Moi qui essaye de proposer des artistes burkinabè, je vois que c’est extrêmement compliqué. Parce que les gens veulent soit la musique burkinabè sans payer les artistes ou ils veulent des artistes à des prix dérisoires. Pour un promoteur burkinabè en France, je trouve que ce n’est pas bien ! Il y a des structures burkinabè qui m’ont contacté pour des artistes qui ne sont pas burkinabè mais ils étaient prêts à mettre le prix voir à casser leur tirelire pour les faire venir. Aujourd’hui, quand je leur propose des artistes burkinabè, ils ne sont pas prêts à mettre le prix. Il y a eu ce cas en Italie quand j’ai proposé Awa Sissao. Ils m’ont dit «Oui, il n’y a pas de soucie. On a validé une dizaine de date » à la dernière minute, ils m’ont appelé en me disant «non» et que le cachet est compliqué. J’ai pris le vol pour la Belgique à la rencontre de la communauté burkinabè afin de débloquer des dates pour l’artiste. Ils m’ont dit «oui» et la dernière minute, c’est «non». La raison qu’ils donnent c’est qu’ils ne connaissent pas l’artiste. Mais même-ci on ne connaît pas l’artiste. C’est tout de même un artiste burkinabè de chez nous, c’est à vous de donner le bon exemple en soutenant ce promoteur culturel qui fait venir un des nôtres. Comme ça quand il sera là, on pourra le conduire vers d’autres communautés pour des prestations ou encore vendre son produit. Mais tant que l’artiste ne vient pas en Europe, il ne pourra pas vendre son produit et se faire connaître. En plus, nous avons une pléthore d’associations burkinbè en Europe et rien qu’en France c’est pire ! Il y a beaucoup d’évènements mais ça n’aboutit à rien ! Parce que nous ne sommes pas nombreux et nous ne sommes pas soudés. C’est vraiment très dommage et déplorable. On fait beaucoup d’évènements mais ce ne sont pas des évènements de taille. Aujourd’hui si tu veux aller dans tous les évènements burkinabè dans l’année, tu vas dépenser beaucoup d’argent. Il faut prévoir en moyenne 50 Euro pour aller à une soirée. Il y a par exemple la soirée des ressortissants du Boulkiemdé, des ressortissants du Passoré, du Sanmantenga, de la Léraba, du Poni et ainsi de suite…Alors qu’ensemble, on peut se mettre en synergie pour concevoir des bons concepts. J’ai même dit à certaines associations, qu’il faut qu’on arrête aujourd’hui de bâcler les documents de nos artistes pour qu’on leur refuse le visa. Moi je possède une licence en France, si vous avez besoin de faire venir un artiste, venez me voir. Si vous connaissez l’artiste personnellement et que vous avez discuté le cachet, il n’y a pas de soucie. Je ne touche rien dans votre cachet, je fais juste les documents et s’il y a des charges à payer, je vous dis et vous réglez ces charges afin qu’on respecte nos artistes. Parce que quand on refuse le visa d’un artiste et quand il retourne une deuxième fois, ce n’est pas sûr que ça va marcher. Moi, jusqu’à ce jour, on ne m’a jamais refusé le visa pour un artiste ! Tout dernièrement, le visa d’Awa Sissao a été accordé, malheureusement, elle n’a pas pu faire le déplacement parce qu’on n’a pas trouvé des dates et il y avait aussi l’Etat d’Urgence qui avait été décrété en France suite aux attentats. Comme beaucoup de salles ne respectent pas les normes d’hygiène et de sécurité, ils n’ont pas osé accueillir Sissao ou un autre artiste pour faire des évènements de peur qu’on les contrôle et qu’on découvre certaines fausses manœuvres. C’est dommage ! Je lance un appel à toutes les associations burkinabè et structures qui n’ont pas de licence de se rapprocher vers moi afin qu’on travaille ensemble.

Tu dis que les artistes burkinabè ne sont pas connus. Mais comment y remédier ?

Il faut d’abord que nous soyons professionnels. Un artiste aujourd’hui, doit avoir un manager et un producteur afin que nous les promoteurs, nous approchions ces personnes-là. Que l’artiste soit connu ou pas, nous devons sortir en France et ailleurs pour aller à leur spectacle et les soutenir. Un artiste qui traverse les frontières pour arriver en France. Pour une fois qu’on vous le propose, je pense que ça doit devenir un devoir patriotique ! Nous ne devons pas rejeter notre culture, nous ne devons ne pas refouler nos artistes. Un artiste n’a jamais été mauvais et il n’a jamais été bon. L’artiste développe quelque chose et ça peut plaire à certains comme ça ne peut pas plaire à d’autres mais il reste un artiste de chez-nous. Quand on aime notre culture et quand veut la promouvoir, il faut qu’on accepte nos artistes. Pendant son séjour en France, mettons les mains dans les poches et faisons que son séjour soit honorable. S’il n’est pas bien, il peut rencontrer d’autres artistes, d’autres studios pour enregistrer des chansons dans de bonnes conditions. Il peut faire des feat avec des artistes d’autres pays notamment ceux qui sont connus sur place là-bas. En plus, nous burkinabè de l’extérieur, nous pouvons aussi prodiguer des conseils à nos artistes. Si vous êtes burkinabè et que votre artiste vient jouer en France, faites venir vos amis ivoiriens, camerounais, français, maliens, sénégalais… pour qu’ils apprécient. C’est la seule façon d’encourager nos artistes à l’extérieur.

Pour terminer, quel est l’objet de ton séjour à Ouagadougou et les perspectives ?

Je suis venu soutenir un ami et confrère, Le Panamien pour son concert de l’Amitié qui vient de s’achever. Par ailleurs, je suis là pour rencontrer certains artistes burkinabè pour des conseils. La preuve, je viens de rencontrer La Jaguar Premier, je lui ai prodigué des conseils et je vais rencontrer beaucoup d’artistes et les acteurs culturels pour des échanges. Enfin, je suis en train d’installer ma structure ici, une sorte de succursale pour le tremplin de nos artistes.

Ce n’est pas moi qui ai dit tout ça oooh ! C’est Dada’s !
Jabbar ! c’es

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