La deuxième édition des NUITS DES TRESORS DU FASO ex CRACTOUR s’est déroulée hier à Bobo-Dioulasso du côté de la Maison de la Culture. En marge de la 18è édition de la Semaine nationale de la culture (SNC), le Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme Tahirou Barry a convié ses homologues de la communication, de l’agriculture et bien d’autres pour assister à cette seconde édition. C’est le Larlé Naaba Tigré qui était le parrain attitré de cette soirée qui a connu, cette fois-ci, 11 lauréats tous issus de la région de l’ouest.
Une édition qui, il faut le constater, a continu beaucoup d’amélioration. D’abord sur le nombre de lauréat qui a considérablement diminué. De 22 récipiendaires, nous nous sommes retrouvés à 11. La cérémonie a été plus ou moins digeste par rapport à la première. Les acteurs de la culture et du tourisme ont été mis en exergue comme il se doit à travers des petits zooms PAD.
L’objectif majeur de cette manifestation, c’est d’instaurer de façon subtile la transversalité de la culture de notre pays dans toutes les couches de notre société. Et pour cette édition, je peux affirmer que la mayonnaise a pris. Quelques personnalités de notre scène politico-culturelles ont fait parler émotion. Le Larlé Naaba Tigré a promis mettre à la disposition de la culture une somme de 10 millions comme soutien aux actions de la création et de promotion d’œuvres culturelles. Le ministre de la communication, Remis Dandjinou quant à lui, a pris l’engagement de soutenir le jeune lauréat en littérature dans l’édition de son prochain bouquin. Des initiatives à la fois individuelles et collectives de nos autorités qui permettront de booster davantage nos artistes dans la préservation de nos valeurs culturelles considérées comme des trésors.
Une cérémonie qui a connu la présence d’une palette d’artistes et surtout elle nous a permis de découvrir des sites et des acteurs touristiques enfouis dans l’anonymat pourtant qui travaillent d’arrache-pied à préserver nos vestiges.
Une cérémonie que je dois également l’avouer reste lourde sur le plan organisationnel. Pour une manifestation de distinction des acteurs culturels, en 2h d’horloge, on devrait déjà la boucler, d’autant plus qu’elle se passe en direct sur la chaîne nationale. Commencée à 21h 38, c’est autour de minuit qu’elle s’est achevée. La TNB a été contrainte d’interrompre son direct. Ce qui n’a pas permis aux téléspectateurs d’apprécier les prouesses de certains artistes comme Cisby et Elgy (revenu pour la circonstance), Alif Naaba, Imilo Lechanceux… L’impresario «maison» Big Ben, était obligé dans son intervention, de speeder dans son langage pour permettre à la régie de s’activer dans la programmation. Beaucoup d’artistes invités pour une manifestation qui veut sobre et digeste. Le Directeur du cabinet du MCAT Boureima Djiga s’activait en vain dans les coulisses pour faire avancer les choses à telle enseigne que la prestation d’Alif Naaba a failli l’irriter car le prince aux pieds nus tenait mordicus à jouer son somptueux tube sur le changement climatique (C’est d’ailleurs lui seul qui a tenu à faire ces 2 prestations).
Certains artistes musiciens ont presté en live tandis d’autres ont gaillardement chanté en playback sans aucune gène. Pourtant, sur la scène, un back line complet y était disposé. Frère Malkhom, Cisby et Elgy et Imilo Lechanceux n’ont trouvé aucun inconvénient à se présenter devant plus de 800 personnes en playback. Pendant que qu’Alif Naaba est monté faire son show avec sa guitare et sa voix. Faire du live, ce n’est pas seulement se munir avec tout un orchestre, l’artiste invité pourrait faire des prestations acoustiques sous plusieurs formes (guitare/voix ou percussion-voix-piano etc.)
Les conditions sonores de cette salle laissent vraiment à désirer. Nous en avions longuement épilogué sur ces aspects acoustiques de nos nouvelles salles de spectacles au Burkina. Jean-Pierre Guingané, Palais de la culture de Bobo-Dioulasso, CENASA, Palais des Sports…Vivement que nos futures salles ne subissent plus le même sort. J’espère que les NUITS DES TRESORS DU FASO qui se veulent itinérantes permettront aussi au Ministre Tahirou, de constater ses insuffisances et d’y remédier.
Note de satisfaction majeure : c’est la découverte de l’orchestre des anciens de la ville de Bobo-Dioulasso. C’est un orchestre qui a existé au temps de feu Tidiane Coulibaly mais malheureusement aujourd’hui, on n’entend plus parler de lui. Pourtant il continu de jouer dans un cabaret de place ici dans la ville Sya. C’est grâce à un certain Hamidou Yago, fils d’un des musiciens de l’orchestre disparu, que ces anciens continuent à se frayer un chemin. Ils sont quasi absents dans nos spectacles et festivals. Selon un de leur administrateur le nommé Hamidou Yago que j’ai rencontré à la fin de leur prestation. Ils affirment être délaissés par nos grands promoteurs à Ouaga. «On ne nous appelle jamais pour des prestations. C’est grâce au Ministre Tahirou Barry que vous nous avez vus jouer ce soir. C’est lui qui a demandé qu’on vienne jouer 2 morceaux de notre répertoire». Pourtant la jeunesse devrait s’en inspiré. Où est passé la relève ? Des vestiges de ce type disparaîtront avec leur immense bagage artistique sans que la jeune génération ne puisse même pas en tirer ou subtiliser la moindre sève.
Si les NUITS DES TRESORS DU FASO me feront découvrir à chaque cérémonie de tels talents enfouis dans l’ombre, je militerai ardemment pour sa pérennisation tous azimuts !
Néanmoins je suis préoccupé par le contenu des ces NUITS DES TRESORS DU FASO. Cette cérémonie va-t-elle désormais primer les acteurs culturels et touristiques par région à chaque édition ? (Point d’interrogation)