Il n’a pas d’égal en Afrique en matière de mode. Tous les citoyens du monde ne jurent que par ce sexagénaire, svelte, affichant toujours un léger sourire et une disponibilité légendaire quand on l’aborde. Pathé Ouédraogo dit Pathé’O serait le NELSON MANDELA de la mode. Tout le monde rêve le rencontrer et surtout porter une de ses collections.
Je suis allé le rencontrer dans son bastion où il créé, cogite, imagine, façonne, fabrique des modèles uniques et fantastiques de tout genre. Il a bâti son empire en plein cœur du quartier Treich ville. C’est dans une immersion totale que j’ai visité de fond en comble tout son espace intime et très secret. En plus de la visite, le monument de la mode m’a confié certains témoignages qui m’ont vraiment halluciné.
«Il n’y a pas un tissu plus valeureux que le Faso Dan Fani ! C’est ce que Thomas Sankara m’a dit quand je lui ai rencontré… Si vous rencontrez deux personnes, l’un est en veste et l’autre est en Faso Dan Fani, c’est uniquement de l’apparence. Mais c’est dans la discussion qu’on percevra la différence et Sankara m’a dit encore que si on amène un produit français au Burkina et qu’on fait 6 mois de matraquage publicitaire, même si ce produit n’est pas vendable en France, il sera beaucoup consommé au Burkina. Pourtant nous possédons de l’or dans nos mains mais malheureusement on n’a pas compris. Depuis cet entretien avec Sankara, je n’ai plus jamais fais une collection sans associé le Faso Dan Fani. Vous savez que j’ai rencontré Sankara 10 jours avant sa mort ? Il m’a dis ceci : «Celui qui ne voyage pas, il est comparable à un animal » Il m’a aussi dit ceci ; « Quand je dis aux Burkinabè de porter du Faso Dan Fani, les gens pensent que je suis fou». Aujourd’hui le Faso Dan Fani est très apprécié dans le monde. C’est le tissu africain le plus cher et le meilleur de nos jours. C’est en 1988 que je suis revenu au Faso après sa mort. En principe le SIAO devait avoir lieu en 1987 mais avec la mort de Thomas Sankara, ils ont ajourné la date d’un an pour l’instaurer en 1988 et c’est le premier défilé de mode que j’ai fais à Ouagadougou à la Maison du peuple et c’était uniquement en Faso Dan Fani. J’ai aussi habillé tout le gouvernement de Blaise Compaoré à cette époque en Faso Dan Fani. C’est l’un des plus grands défilé qu’on a fait à cette période. J’estime que nous devons faire un travail de fond pour préserver cette matière première».