J’ai toujours considĂ©rĂ© cet Ă©vènement comme un Ă©vènement phare de la culture burkinabè dans sa grande globalitĂ©. Je me souviens il y a 5 ans, j’avais qualifiĂ© les RECREATRALES de FESPACO du théâtre, certains m’ont pris pour un usurpateur. Mais aujourd’hui nous constatons, que l’avenir commence Ă me donner raison.
Ce que j’ai vu vendredi dernier Ă l’INAFAC Ă la faveur du lancement de cette 9ème Ă©dition, ça se passe de tout commentaire.
Hors mis la vingtaine de reprĂ©sentation qu’on nous offrira sur un plateau d’argent Ă Gounghin,
Une place importante sera donnée cette année au théâtre jeune public avec des pièces comme «Pinochio» et bien d’autres. Des ateliers et des créations seront faites par des enfants. Un espace d’animation sera également aménagé exclusivement réservé pour jeune public.
Depuis 3 ans, retenons le, les Récréâtrales ont toujours donné une place à l’écriture de Jean Pierre Guingané. On se souvient de la pièce «la danseuse de l’eau » mise en scène par Abidine Dioari et en 2014, Paul Zoungrana avait mis en scène «La malice des hommes». Tindano avec la complicité des autres, va créer un spectacle autour de l’ensemble et de l’homme Jean-Pierre Guingané. Ouagadougou et précisément la rue Bougsemtenga s’apprête à se transformer en un village planétaire de la culture.
C’est en somme, une vingtaine de spectacle avec une place importante pour le théâtre jeune-public et dans les cours familiales. Beaucoup de coproductions, des mixtures de nationalités tout en gardant cette tradition de faire émerger les artistes et auteurs burkinabè. «Dès qu’on peut attirer le maximum de travail pour les burkinabè, on le fait et c’est ça aussi une des ambitions des Récréâtrales» dixit Etienne Minoungou, directeur sortant des Récréâtrales.
Scène ironique d’une cérémonie de passage de pouvoir ou d’investiture, estampillé Récréâtrales :
«Chez-nous, nous avons décidé qu’il n’y aura pas de modification de l’article 37 ! On a essayé, Ildevert, Alain Hema de garder le pouvoir aux Récréâtrales en modifiant l’article 37 afin que je puisse rester le directeur général, global, total des Récréâtrales. Et puis au moment où on était en train de battre campagne, on a tout concocté, on a donné un peu d’argent par ci et par là . On a organisé des meetings…On a senti que les jeunes là , ont dit non…non…vous avez assez duré tout de même. Depuis 2002, vous faites les Récréâtrales, vous programmez vos amis et nous ne sommes jamais là . Ils ont commencé à vouloir contester mon pouvoir. Alors on a dit qu’on va mettre en place un SENAT pour élargir les amis en mettant comme sénateurs nos vieux briscards à l’instar des Martin Zongo, les Lasso de Napambeogo, les Issa Sinaré, bref tous nos amis qui sont avec nous depuis trop longtemps pour essayer de torpiller les jeunes là afin qu’ils ne prennent pas le pouvoir. Finalement, je crois que nous n’avons pas pu modifier l’article 37, on n’a même pas eu le temps de mettre en place le SENAT. Ils ont pris le pouvoir ! J’ai donc le plaisir et la tristesse de vous annoncer sans doute que c’est l’une de mes dernières conférence de presse (larmoyant en crocodile)…C’est beaucoup d’émotions ça…Toi tu créé quelque chose avec tes amis, tu parcoures le monde pour chercher l’argent et bâtir un truc, au moment où ça devient bien là , on te dit de laisser tomber. Donc voilà , je suis au regret de vous dire que je ne suis plus le directeur général des Récréâtrales et que c’est Aristide Tarnagda, pour l’alternance, pour la leçon, pour la dignité, pour qu’une autre personne rêve quelque chose de plus grand, de plus fort, de plus original, pour que l’évènement ne tombe pas, pour que tout ceci ne nous arrive pas, qui devient le Directeur général des Récréatrales. Mais comme nous n’avons pas résisté, il a trouvé des postes de conseillers techniques, d’ambassadeurs ou autres. Donc nous restons à ses côtés pour l’accompagner» ironise Etienne Minoungou
Le thème de cette 9è édition des Récréâtrales c’est «Sortir de l’ombre». En référence à l’ancien Président Kafando qui avait dit :
«Les forces du mal sont tapis dans l’ombre » qu’ils sortent de l’ombre et reviennent Ă la lumière parce que le peuple burkinabè veut sortir de l’ombre et rĂ©clamer la lumière et le soleil qui brille. «Ceux qui ont gagnĂ© le pouvoir grâce Ă la lutte, n’oublient la femme au bord de la rue, je jeune mĂ©canicien au trottoir, le paysan qui est dans son champ, le maraicher qui est dans son jardin et les enfants qui sont dans les cases et les salles de classe. Bref qu’ils n’oublient personne ! Qu’ils mettent tout le monde dans la lumière afin que nous puissions tous sortir de l’ombre sinon, la colère, la fureur reviendront. Ce n’est pas notre souhait mais notre espoir que enfin, tous les burkinabè vivent dignes et libres des fruits de la croissance. Le monde d’entier nous regarde ! C’est le sens donc du thème de ces RĂ©créâtrales cette annĂ©e” renchĂ©rit Etienne .
Pour pouvoir discuter de ce thème autour d’un colloque, d’éminents hommes de culture, des sociologues, des mouvements citoyens…seront présents à Ouagadougou . Amita B. Traoré du Mali, Achille Mbembé anthropologue camerounais qui enseigne à l’université aux USA. Boubacar Boris Diop du Sénégal et bien d’autres intellectuels animeront ce thème. Les activistes de la société civile, les paysans, des organisations citoyennes qui tentent d’inventer au quotidien une manière de rendre le monde meilleur apporteront leur expertise.
Une cinquantaine de scénographes participe cette année à cette 9è édition des Récréâtrales.
Pour conclure, le parrain de cette Ă©dition a Ă©tĂ© bien choisi. Il s’agit du doyen et Ă©minent cinĂ©aste burkinabè Gaston KaborĂ©. Lisez ce que ce sage a dit concernant le théâtre. Propos dignes d’intĂ©rĂŞt:
«Ça va être facile de sortir de l’ombre d’autant plus que la nuit tombe déjà . La raison pour laquelle, j’admire les gens du théâtre, c’est parce qu’ils sont inventifs. Ils savent toujours transformer le temps en une valeur incroyable. Les gens du théâtre sculptent le temps, créent la dimension et parlent au cœur et à l’âme… Le cinéma est le petit frère du théâtre et il a fini par prendre son indépendance. Merci à toutes ses personnes qui travaillent autour de cette discipline pour magnifier le théâtre burkinabè. Ils ont contribué à faire connaître notre pays tout à l’égal du cinéma»
Merci et je me suis bien régalé vendredi dernier en écoutant attentivement nos intellectuels de la culture que malheureusement, nous négligeons.
Jabbar!