Dan Fani Fashion Week : Pour une véritable prise de conscience
Tapis Rouge

Dan Fani Fashion Week : Pour une véritable prise de conscience

dan fani

Nous possédons une mine d’or enfouie et presque abandonnée dans les tréfonds de notre culture. C’est le FDF entendu par Faso Dan Fani. Le pagne tissé fabriqué par les mains nues de nos tisseuses. Mais malheureusement, on n’en fait pas cas. Seuls les rares stylistes essayent tant bien que mal de promouvoir cette matière première. Pourtant, cette problématique devrait être l’apanage de tout citoyen lambda.
Relancé dans les années 83, le pagne tissé fut imposé dans l’habitude vestimentaire des Burkinabè. Depuis quelques années, les consommateurs burkinabè et même étrangers s’intéressent de plus en plus à ce produit local. Mais beaucoup d’efforts restent encore à faire, notamment, concernant l’appropriation des citoyens. Un Salon international de design textile africain de Ouagadougou (SIDTAO) baptisé Dan Fani Fashion Week, aura lieu du 29 aout au 05 septembre 2015 sur l’avenue Kwame Nkrumah.

L’une des journalistes que j’admire le plus dans le sens le plus naturel possible du terme, est l’initiatrice de cette noble idée. Marguerite Doannio/Sou puisqu’il s’agit d’elle m’a immédiatement convaincu quand elle a exposé aux médias la genèse de ce salon dédié au textile africain. Du haut de ses 1m80 environ et d’une allure imposante, c’est avec simplicité et patriotisme qu’elle a débrayé les grandes attractions du «Dan Fani Fashion Week» en plus vêtu bien sur d’un ensemble FDF
La tradition du tissage du coton est ancienne et se superpose à la progression de l’islam en Afrique de l’Ouest. Alors que le filage était dévolu aux femmes, le tissage était à l’origine une activité masculine. Les métiers à tisser traditionnels sont installés à l’extérieur et produisent une bande de tissu d’une largeur de 12-15 cm. Marginalement, dans certaines ethnies, les femmes pouvaient aussi tisser avec des métiers différents, verticaux, installés dans les cases et qui produisent des bandes de tissu plus large d’environ 50 cm. Le Burkina Faso est l’un des quatre grands producteurs de coton d’Afrique, avec le Mali, le Tchad et le Bénin. Dans la seconde moitié du XXème siècle, la conception de ce métier pour les femmes par les missionnaires catholiques et surtout, dans les années 80, la volonté de Thomas Sankara, Père de la révolution burkinabè de promouvoir l’émancipation des femmes, à travers le FDF, ont entraîné l’essor du tissage féminin.

C’est la naissance du Faso Dan Fani : littéralement le “pagne tissé de la patrie”, du dioula fani: le pagne, dan: tisser et faso: la patrie, le territoire (qu’on retrouve dans Burkina Faso, “le pays des Hommes intègres”, nom que Thomas Sankara choisi pour rebaptiser la Haute-Volta, ex-colonie française). Thomas Sankara alla jusqu’à imposer par décret à ses fonctionnaires le port du faso dan fani (FDF) et de tenues réalisées en étoffes traditionnelles lors des cérémonies officielles. Parallèlement le regroupement des femmes tisserandes en coopératives et la création d’ateliers de production permirent d’atteindre les objectifs du slogan: produire et consommer burkinabè et qui du même coup a permis d’émanciper les femmes et créer des emplois. Progressivement, par le biais de vitrines internationales telles que le SIAO, les concours nationaux ou d’autres opérations promotionnelles, l’engouement pour le faso dan fani s’est développé.

Le FDF a certes le vent en poupe actuellement, mais il a encore besoin d’un coup de fouet. Trente ans après la relance, le pagne reste encore pour la plupart des Burkinabè, une tenue de cérémonie. Il n’est pas arrivé à supplanter les tenues occidentales, mêmes si les consommateurs reconnaissent qu’il peut être utilisé pour confectionner les mêmes modèles.

Activité génératrice de revenue, pourvoyeuse d’emplois surtout pour les femmes, le pagne a besoin d’être mieux vendu. Raison pour laquelle beaucoup d’artisans regrettent la fermeture de Faso Fani. De nos jours, bon nombre de citoyens estiment que le pagne doit être utilisé à d’autres fins telles que les tenues scolaires.

C’est ainsi que ces dernières années les créateurs de la Haute Couture et surtout les artisans et les communicateurs se sont emparés du mouvement et l’ont porté à la place publique. L’une des structures les plus accrochées à cette nouvelle donne, est l’association AFRIKIKRE en partenariat avec l’Afrique Authentique. AFRIKIKRE lancera du 29 aout au 05 septembre 2015 sur l’aenue Kwame Nkrumah, le «Dan Fani Fashion Week » (Salon international de design textile africain. Pour la présidente du comité d’organisation, Marguerite Doannio/Sou «Le marché de l’habilement, de la décoration et du tissu en général reste dominé par des produits importés. Ce qui réduit considérablement le développement du marché du Faso Dan Fani sur son espace naturel. D’autre part, il faut aussi reconnaître que la plupart des couturiers de la place ne font pas preuve de beaucoup de créativité. D’où l’idée de créer le Dan Fani Fashion Week dans le but d’offrir aux créateurs innovants une véritable vitrine de promotion».

Pendant 7 jours Ouagadougou, notamment l’avenue Kwame Nkrumah sera donc le théâtre d’une série de manifestations dédiées à la problématique du FDF. Une pléthore d’activé viendra rehausser l’image de cet évènement à savoir : Conférence, Formations, Workshop, foire, expositions, showrooms, visite de sites de tissage, élection de l’Ambassadeur du pagne tissé, concours du pagne burkinabè, Grand défilé de mode et une récompense du pagne d’or. Des acteurs du textile de renom tels que Pathé’O, Georges de Baziri, François 1er, Clara Lawson, Idé Mava seront de la partie. Afin de donner une dimension hautement populaire, c’est l’avenue Kwame Nkrumah qui a été cooptée.

Ainsi donc, les hôtels, les halls des banques, les bars restaurants, les boutiques et autres magasins seront squattés pour la circonstance. «Toute l’avenue sera habillée par le bon soin des créateurs de mode » renchérit la présidente du comité d’organisation. En dépit des difficultés financières souvent rencontrés dans l’organisation des cérémonies d’envergure internationale au Faso, Margueritte Doannio/Sou et son équipe entendent faire de cette 1ère édition, un succès sans précédent. En tout je ne ménagerai aucun effort mon apporter ma contribution sur le plan médiatique.

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